ZNIEFF 730014501
Pelouses sèches du Pouillou, des Alix et de la Bouriane

(n° régional : Z1PZ0217)

Commentaires généraux

Située dans la partie septentrionale du causse de Gramat, la zone correspond à une partie du plateau calcaire qui borde au nord la vallée de l’Alzou dans la région de Rocamadour. Elle est largement dominée par des milieux de pelouses sèches dévolus au pacage extensif, ovin pour l’essentiel. Les principaux autres milieux, distribués en mosaïque avec les pelouses, sont des landes à Genévrier commun, des bois de chênes pubescents et des cultures céréalières et fourragères. La présence d’un réseau de murets de pierres sèches et de haies contribue de façon significative à la typicité paysagère et à la diversité écologique du site.

Le site présente un intérêt botanique indéniable. Les habitats de pelouses sèches sont relativement peu diversifiés, mais en bon état de conservation. Les formations largement dominantes sont les pelouses vivaces moyennement sèches du Mesobromion du Quercy (dont celles affiliables au Carduncello mitissimi-Ranuculetum graminei), suivies par les pelouses à tendance aride du Xerobromion du Quercy. Les tonsures à annuelles méridionales du Thero-Brachypodion, fortement tributaires du pacage extensif, et les pelouses pionnières à orpins sur dalles calcaires occupent des surfaces respectivement faibles et très faibles.

Les données floristiques relatives au site sont encore incomplètes. Parmi la flore de pelouse vivace recensée, sont à citer le Cardoncelle mou (Carduncellus mitissimus), la Bugrane striée (Ononis striata), l’Armoise blanche (Artemisia alba) et, surtout, la Crapaudine de Guillon (Sideritis peyrei subsp. guillonii), endémique nord-aquitaine paraissant limitée aux causses du Quercy en Midi-Pyrénées et qui possède de belles populations sur la zone. Les pelouses à annuelles hébergent la Sabline des chaumes (Arenaria controversa), franco-ibérique protégée au niveau national, et la Gastridie ventrue (Gastridium ventricosum), petite graminée méridionale peu commune au niveau régional. Petit ligneux méridional nettement xérophile, le Nerprun des rochers (Rhamnus saxatilis) est bien présent dans les formations arbustives, et croît également en pleine pelouse sèche. Les rares petites mares hébergent des herbiers immergés à Characées, qui contribuent ponctuellement à la diversité botanique locale. Le site possède un intérêt faunistique élevé, notamment ornithologique. L’avifaune nicheuse comprend un large éventail d’oiseaux des milieux ouverts ou semi-ouverts, certains encore largement répandus aux niveaux local et régional, comme l’Alouette lulu, la Huppe fasciée, la Pie-grièche écorcheur, le Torcol fourmilier et la Tourterelle des bois, d’autres nettement plus localisés et souvent en régression, tels l’Œdicnème criard, le Pipit rousseline, le Petit-Duc, le Moineau soulcie, la Pie-grièche à tête rousse ou la rare Fauvette orphée, espèce méditerranéenne en recul qui possède des populations isolées dans le Quercy. L’effectif nicheur local de l’Œdicnème criard a été évalué à 6-8 couples en 1992. La zone comprend par ailleurs un site de regroupement prémigratoire de cette espèce, où l’on pouvait encore dénombrer jusqu’à une cinquantaine d’oiseaux au début des années 1990, mais qui accueille aujourd’hui des rassemblements plus modestes. Grand lézard méridional en régression, le Lézard ocellé semble bien représenté dans les secteurs de pelouses sèches de la zone, comme il l’est encore sur une partie notable des causses du Quercy, qui abritent la plus forte population française extraméditerranéenne de l’espèce. Parmi les nombreux orthoptères qui fréquentent les pelouses sèches ou les milieux rocailleux du site, trois espèces peu communes sont à citer : l’Œdipode rouge (Oedipoda germanica germanica), le Criquet des rocailles (Omocestus petraeus) et le Sténobothre bourdonneur (Stenobothrus nigromaculatus). D’affinité eurosibérienne, ce dernier s’observe surtout en altitude dans le sud de la France. Il semble s’être raréfié sur le site et, plus largement, sur le causse de Gramat, au cours des dernières années. Des prospections spécifiques seraient à mener pour évaluer l’intérêt lépidoptérique du site qui, au vu des milieux présents, héberge probablement plusieurs papillons de jour intéressants, tels l’Azuré du serpolet (Maculinea arion) et le Nacré de la filipendule (Brenthis hecate), qui sont connus à proximité. Les petites mares locales sont des sites de reproduction et de développement larvaire pour diverses espèces de libellules, parmi lesquelles deux « demoiselles » assez peu communes : l’Agrion nain (Ishnura pumilio) et le Leste verdoyant (Lestes virens virens), ainsi que pour plusieurs batraciens. Outre l’Alyte accoucheur et le Triton marbré, largement répandus sur les causses du Quercy, le cortège batrachologique des points d’eau locaux comprenait encore, au début des années 1990, le Crapaud calamite et le Pélodyte ponctué, amphibiens nettement localisés sur le causse de Gramat. Ces deux dernières espèces ne semblent pas avoir été ré-observées récemment sur le site, d’où elles ont peut-être disparu.

Malgré la régression avérée ou probable, au cours des quinze dernières années, de plusieurs espèces remarquables, la zone possède encore un patrimoine naturel d’un grand intérêt, pour l’essentiel lié à un écosystème pastoral riche donc fortement dépendant des pratiques menées par les éleveurs du secteur.

Commentaires sur la délimitation

La délimitation s’appuie sur la répartition locale des formations de pelouses sèches, qui constituent les habitats les plus remarquables du site et qui abritent l’essentiel des espèces déterminantes recensées. Aucun habitat humain n’est intégré dans le périmètre, et les cultures en ont été exclues, à l’exception de parcelles cultivées plus ou moins enclavées dans des secteurs de pelouses sèches.