ZNIEFF 730030066
Coteau sec et vallon de Clayrac

(n° régional : Z1PZ0583)

Commentaires généraux

La ZNIEFF se situe sur la frange nord-ouest du plateau Cordais à 2 km au sud de Cordes. Cette marge de plateau s’amenuisant en pente douce vers la vallée élargie du Cérou a d’ailleurs plus l’aspect d’un paysage de collines (fortement disséqué) ; seules les plates-formes plus ou moins étendues des coteaux et collines le rappellent.

Aux alentours, l’agriculture est du type polyculture avec des prairies de fauche et quelques pâtures. Au sud, la viticulture est dominante. Les versants trop pentus sont les seuls où l’agriculture est absente.

La ZNIEFF est un vallon orienté d’amont en aval sud-est - nord-ouest, traversé par un ruisseau au réseau relativement anastomosé dont le lit majeur fait à peine 250 m de large.

Le versant rive droite, long de 4,5 km, est assez pentu et possède quelques corniches vers l’amont du vallon ; du versant rive gauche, seule a été retenue son extrémité nord-ouest correspondant à un promontoire pentu délimité par un petit ruisseau affluent.

Ces versants sont constitués de molasse avec des intercalations de bancs calcaires, ce qui leur confère une physionomie originale au niveau de la végétation. En effet, ces sols peu évolués à la fois calciques et siliceux engendrent un mélange floristique caractérisant les deux affinités, mais avec une prédominance calciphile.

Bien que le climat soit de type aquitain, les conditions édaphologiques (sols), liées à l’exposition dominante au sud et à l’influence asséchante du vent d’autan, engendrent une prédominance de plantes xérothermophiles dont certaines d’affinité méditerranéenne.

Les versants sont couverts d’une mosaïque de pelouses sèches et de fruticées avant de passer au stade de chênaie pubescente moins étendue et davantage sur les hauts de versant.

L’espèce arbustive dominante des fruticées est le Genévrier commun (Juniperus commmunis) accompagné du Genêt d’Espagne (Spartium junceum) et du Buis (Buxus sempervirens) qui est plus en limite de boisement ou paradoxalement en situation plus fraîche ; l’Alisier blanc (Sorbus aria) y est fréquemment associé, et la Fougère aigle (Pteridium aquilinum) acidiphile se rencontre çà et là.

Les pelouses sèches, Mesobromion et Xerobromion, sont fréquemment ponctuées de Genêt pileux (Genista pilosa) et de Dorycnie à cinq folioles (Dorycnium pentaphyllum).

Au-dessus des versants, sur la zone du plateau, les prairies mésophiles de fauche dominent.

Dans le fond de vallée, des prairies de fauche et pâturées mésohygrophiles au début du printemps laissent peu de place aux zones cultivées ; une chênaie-frênaie longe le ruisseau.

L’ensemble des habitats, à part les zones cultivées, possèdent de nombreuses espèces d’orchidées (minimum 16) et en abondance, dont le Limodore avorté (Limodorum abortivum) ou l’Orchis singe (Orchis simia).

Les prairies mésohygrophiles possèdent des stations de Fritillaire pintade (Fritillaria meleagris). Ce type de prairie ne se maintient plus que dans ces vallons où la pression agricole est faible, gênée par les débordements capricieux des cours d’eau et par les fluctuations du niveau piézométrique.

Les sous-bois en station sèche ou fraîche ont une remarquable abondance de Mélitte à feuilles de mélisse (Melittis melissophyllum).

Les zones cultivées abritent des plantes messicoles comme le Miroir de Vénus (Legousia speculum-veneris).

Mais surtout, ce sont les fruticées sur rendzines ou affleurements rocheux et les pelouses sèches qui concentrent des espèces appartenant souvent au domaine méditerranéen et isolées dans des poches d’aires disjointes.

Des espèces inscrites sur la liste rouge régionale en zone de plaine se trouvent sur ce site : la Fritillaire, déjà citée ; le Miroir de Vénus, qui fait partie du cortège messicole, est noté en régression ; la Phalangère à fleurs de lis (Anthericum liliago), affiliée aux zones rocailleuses, et le Liseron des Cantabriques (Convolvulus cantabricus), caractéristique des pelouses sèches et aussi des zones rocailleuses.

Le Genêt scorpion (Genista scorpius), ici fréquemment associé au Genévrier, est remarquablement isolé du reste de son aire de répartition ; à part une pénétration le long de la chaîne pyrénéenne et de la bordure orientale de la région, il est considéré comme quasi absent du reste de la région.

D’autres espèces peu fréquentes en zone de plaine sont le Pallénis épineux (Asteriscus spinosus), le Cardoncelle mou (Carduncellus mitissimus) et la Catananche bleue (Catananche caerulea), abondantes sur les pelouses sèches. Parmi les ligneux des fruticées, on observe le Chèvrefeuille de Toscane (Lonicera etrusca), l’Alaterne (Rhamnus alaternus) et, mêlé aux chênaies, le Cormier (Sorbus domestica).

Le Pic mar noté dans le petit vallon bordant le promontoire rive gauche est peut-être nicheur dans la ZNIEFF. Il est connu pour nicher entre autres dans les chênaies pubescentes. Ici utilise-t-il ce type de chênaie, ou est-il uniquement dans les boisements de fond de vallon ? La question reste posée. Une population importante se trouve à l’ouest dans le massif de Grésigne, et au nord dans la vallée de l’Aveyron puis dans le Quercy lotois. À part quelques autres petits noyaux dans la région, cette espèce est rare ailleurs.

Un cortège agrosystème incomplet comprend l’Alouette lulu, fréquente sur le plateau, et la Huppe ; ces espèces sont classées à surveiller ou, pour la seconde, en déclin en France.

Le Circaète Jean-le-Blanc, observé en action de chasse, profite des vastes étendues pour capturer les serpents. Cette espèce rare en France a apparemment une population conséquente dans la région.

Les grottes présentes dans la ZNIEFF peuvent être des abris potentiels pour les chauves-souris.

La richesse entomologique constatée mais non étudiée mérite une attention particulière.

La fermeture des milieux, vu la pente des versants et la nature du sol, n’est pas à craindre de sitôt.

Commentaires sur la délimitation

Les limites suivent les milieux les plus représentatifs de la ZNIEFF, qui sont des fruticées, des pelouses sèches et des chênaies blanches. Elles intègrent des zones agricoles pour leur intérêt floristique, en particulier les prairies très humides au début du printemps pour la Fritillaire pintade, les prairies de fauche et des cultures pour les plantes messicoles et les orchidées, avec partiellement un intérêt ornithologique (Alouette lulu). Des zones boisées s’éloignant du type chênaie blanche ont été volontairement exclues pour leur pauvreté floristique. Le périmètre général évite évidemment les zones franchement cultivées.