La ZNIEFF de l’« agrosystème de Grioudas » se situe dans le département de l’Aveyron. Le site est constitué d’un réseau de devèzes et de prairies pâturées liées les unes aux autres par des haies de vieux arbres. Les devèzes sont un système pastoral arboré extensif localisé sur des plateaux, en crête de vallon. Les arbres (chênes et/ou hêtres) y sont traditionnellement taillés (en têtard ou en émonde) mais non abattus. On retrouve ces mêmes arbres dans le réseau de haies et dans les prairies pâturées. Multicentenaires pour la plupart, ils sont porteurs d’une variété de micro-habitats (branches mortes, cavités...) remarquable, dont certains sont d’intérêt communautaire. La présence de vieux arbres à cavités constitue l’intérêt principal du site, notamment avec la présence du Pique-prune (Osmoderma eremita).
Le Pique-prune (Osmoderma eremita) est un coléoptère saproxylique protégé au niveau national et figurant en annexe II de la directive « Habitats ». Il est l’un des coléoptères les plus suivis en Europe du fait de ses fortes exigences écologiques. Il vit dans les cavités d’arbres de grand volume et fortement évidées. Des études ont montré que ce type de cavité est présent sur des arbres à partir d’environ 250 ans. Quand une cavité est habitable, une population peut cependant y vivre pendant plusieurs décennies. Le Pique-prune est caractérisé par ses faibles capacités de dispersion. Ainsi, sa présence témoigne du maintien d’un habitat favorable sur le site au cours du temps. Il traduit une forte maturité de l’habitat. Les cavités d’arbres se forment sous l’action conjuguée d’une multitude d’organismes saproxyliques (champignons, insectes, bactéries...) qui dégradent à la fois chimiquement et mécaniquement le bois. Au cours de l’évolution de la cavité, des cortèges spécifiques à un stade de décomposition du bois vont intervenir. Celui associé au Pique-prune correspond au cortège ultime de ce long processus. Ainsi, en protégeant les habitats du Pique-prune, on protège l’ensemble de son cortège mais également l’ensemble des organismes qui se sont succédé dans le temps, comme par exemple la cétoine Liocola lugubris. C’est pourquoi on qualifie le Pique-prune d’espèce parapluie. Les vieux arbres ont disparu dans la plupart des massifs forestiers français, et par la même occasion le Pique-prune. On le trouve aujourd’hui essentiellement dans les milieux agropastoraux et bocagers où de vieux arbres sont historiquement conservés depuis plusieurs générations. Cependant, ces arbres sont devenus de plus en plus rares. La conservation de ce site est donc fondamentale, et relève des enjeux de conservation communautaire. Localement, il assure la continuité de l’habitat (corridor écologique) dans un paysage fragmenté, mais aussi un lieu de reproduction pour une espèce dont les populations sont capables de se maintenir durant plusieurs décennies au sein d’une même cavité. Le cortège floristique marque nettement l’ambiance thermophile des habitats ouverts. Les pelouses sèches mésoxérophiles abritent des espèces typiques de zones écorchées et à sol squelettique comme le Cardoncelle mou (Carduncellus mitissimus), espèce relativement commune, le Gaillet à feuilles d’asperge (Galium corrudifolium), qui atteint ici sa limite ouest de répartition, l’Hélianthème blanchâtre (Helianthemum oelandicum subsp. incanum), à répartition éparse en Midi-Pyrénées, ou encore le Thym à pilosité variable (Thymus polytrichus subsp. britannicus). Les influences méditerranéennes sont marquées par la présence de la Bugrane striée (Ononis striata) et de la Leuzée conifère (Leuzea conifera).
La délimitation de la ZNIEFF suit le maillage principal de haies arborées contenant de vieux arbres à cavités favorables au Pique-prune.