ZNIEFF 730030122
Bois, landes, pelouses et zones humides des environs du lac du Laouzas

(n° régional : Z1PZ2213)

Commentaires généraux

Le site « bois, landes, pelouses et zones humides des environs du lac du Laouzas » se situe à l’est du département du Tarn, sur les communes de Nages (67 %), Murat-sur-Vèbre (23 %) et Lacaune (10 %), jusqu’aux confins du département de l’Hérault. Son altitude varie de 700 à 1 245 m, soit une altitude moyenne de 920 m environ.

Il s’agit d’un vaste ensemble de bois, landes, pelouses et zones humides situé dans un large périmètre autour du lac artificiel du Laouzas. Le substrat y est partout acide, principalement formé de micaschistes et granite.

Cet ensemble est dominé par des taillis et futaies, avec de nombreuses coupes et friches occupées par des landes. Sur les sommets se rencontrent cependant de belles pelouses d’altitude ponctuées çà et là de rochers, comme par exemple au pic de Montalet (1 245 m). Sur les flancs naissent de nombreuses sources, et localement se rencontrent quelques riches tourbières et bas-marais acides. Au cœur du site coule la rivière Vèbre sur laquelle a été établi un barrage donnant naissance au lac dit « du Laouzas ».

Les intérêts patrimoniaux de ce site sont forts. On y trouve en effet de nombreuses espèces montagnardes rares et isolées dans ce secteur de leurs principaux centres de présence ainsi que les principales caractéristiques des marais et tourbières acides.

Les hêtraies hébergent notamment l’Ail victorial (Allium victorialis), la Moscatelline (Adoxa moschatellina), la Dentaire digitée (Cardamine pentaphyllos), la Centaurée des montagnes (Centaurea montana), le Bois gentil (Daphne mezereum), le Doronic d’Autriche (Doronicum austriacum), le Chèvrefeuille noir (Lonicera nigra), le Tabouret à pétales courts (Noccaea brachypetala) et le Groseillier des rochers (Ribes petraeum), toutes ces espèces étant très rares, voire présentes uniquement ici, dans le département du Tarn.

Les sources au sein de ces hêtraies portent le Pavot du pays de Galles (Meconopsis cambrica), espèce protégée dans le département du Tarn, l’Adénostyle à feuilles d’alliaire (Adenostyles alliariae subsp. alliariae), le Cerfeuil doré (Chaerophyllum aureum) ou bien encore la Scrofulaire alpestre (Scrophularia alpestris), espèces fort localisées dans le département.

Les pelouses d’altitude offrent refuge au Pied-de-chat dioïque (Antennaria dioica), espèce rarissime dans le Tarn, au Botryche lunaire (Botrychium lunaria, station unique pour le département), au Pâturin de Chaix (Poa chaixii), à la Carline artichaut (Carlina acanthifolia subsp. cynara), à la Gentiane jaune (Gentiana lutea) ainsi qu’à une violette longtemps considérée comme étant la Pensée des monts Sudètes (Viola lutea subsp. sudetica) qui serait en fait la Pensée de Bubani (Viola bubanii), espèce principalement pyrénéenne.

Les rochers du Montalet portent également une des seules stations tarnaises d’Alchémille des rochers (Alchemilla saxatilis) et d’Œillet en delta (Dianthus deltoides) alors qu’à leurs pieds se développent dans des éboulis les Dryoptéris des montagnes (Dryopteris oreades) et Fétuque d’Auvergne (Festuca arvernensis). Ces milieux sont favorables à la Coronelle lisse (Coronella austriaca).

Localement, les faciès de fermeture de ces pelouses aboutissent à une lande à Genêt purgatif (Cytisus oromediterraneus), espèce rare dans le département du Tarn où se rencontre le rare Myosotis de Balbis (Myosotis balbisiana), espèce protégée en Midi-Pyrénées. Ces landes sont propices à la conservation du Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus) et du Busard Saint-Martin (Circus cyaneus).

Les grandes landes à éricacées du site sont favorables à deux insectes patrimoniaux, le Cuivré mauvin (Lycaena alciphron) et la Decticelle des Brandes (Gampsocleis glabra). Ce site abrite les seules populations tarnaises actuellement connues de cette dernière espèce.

Les tourbières et bas-marais acides du versant sud du Montalet sont également très riches.

On y trouve encore la Laîche à deux nervures (Carex binervis) et la Prêle des bois (Equisetum sylvaticum), espèces protégées en Midi-Pyrénées, le Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia), espèce protégée en France, ainsi que les Laîche puce (Carex pulicaris) et Gentiane pneumonanthe (Gentiana pneumonanthe), espèces devenues rares dans le Tarn. De nombreuses espèces de sphaignes (Sphagnum spp.) s’y rencontrent également.

Les bords du lac de Laouzas offrent des milieux nouveaux de sables temporairement exondés sur lesquels se développent notamment d’intéressants groupements : gazons des bordures d’étangs acides en eaux peu profondes, groupements à Bidens tripartitus et groupements euro-sibériens annuels des vases fluviatiles.

Notons enfin que ce site est particulièrement riche en lichens, notamment en espèces montagnardes et subalpines, saxicoles, corticoles, terricoles et muscicoles, avec notamment la présence des champignons lichénicoles Cecidonia umbonella et Chaenothecopsis subparoica.

Les landes à Myrtille du Montalet pourraient abriter une population relictuelle d’un criquet typique des étages subalpins à alpins, la Miramelle fontinale (Miramella alpina subalpina). La population du Puech d’Escournadouyre est la seule actuellement connue de cette espèce entre les Pyrénées et le Puy-de-Dôme.

Enfin, les éboulis granitiques très bien exposés donc thermophiles constituent l’habitat spécifique d’une araignée orbitèle qui tisse une grande toile solide entre les blocs. Cette espèce, Araneus circe est très rarement observée, car complètement liée à cet habitat et typiquement montagnarde. Elle est d’intérêt patrimonial.

Des populations d’Écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes) subsistent dans les ruisseaux du site.

Commentaires sur la délimitation

Le site « bois, landes, pelouses et zones humides des environs du lac du Laouzas » correspond à un ensemble de milieux riches en espèces déterminantes situé autour du lac artificiel du Laouzas. Ses limites correspondent au sud au changement de région (Languedoc-Roussillon), et au nord, à l’ouest et à l’est à des passages à des milieux plus banals dans lesquels aucune espèce déterminante n’a été notée.