ZNIEFF 730030123
Ruisseaux de l'Herm et de la Masse

(n° régional : Z1PZ2102)

Commentaires généraux

Le ruisseau de la Masse est un affluent du Lot, qui prend sa source en amont de Marminiac et parcourt selon un axe nord-sud la région naturelle de la Bouriane. Ce cours d’eau, rejoint par le ruisseau de l’Herm en aval du village du même nom, est plus ou moins encaissé au sein d’un massif calcaire. Toutefois, quelques secteurs acides bordent le cours de la Masse. Cette particularité géologique permet notamment le développement d’une végétation de pelouses acidophiles (Thero-Brachypodion) où s’expriment des plantes telles que l’Ornithope comprimé (Ornithopus compressus) ou le Jonc capité (Juncus capitatus), inscrit en liste rouge régionale sur les secteurs temporairement humides. En outre, différents types de milieux tourbeux se développent dans la plaine alluviale de la Masse comme des cariçaies à Laîche paniculée (Carex paniculata) ou des saussaies marécageuses à Saule cendré (Salix cinerea). Ils concentrent un grand nombre d’espèces patrimoniales comme le Mouron délicat (Anagallis tenella), l’Écuelle d’eau (Hydrocotyle vulgaris) ou le Trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata). La tourbière de Leyrissou, située en rive droite de la Masse en aval des Arques, est particulièrement remarquable. En effet, c’est l’une des rares tourbières neutrobasiques (Schoenetum nigricantis) de Midi-Pyrénées à Choin noirâtre (Schoenus nigricans) qui, de plus, abrite plusieurs espèces à statut de protection que ce soit à l’échelle départementale avec l’Épipactis des marais (Epipactis palustris) et la Linaigrette à larges feuilles (Eriophorum latifolium), ou régionale avec le Marisque (Cladium mariscus), voire nationale avec la Grande douve (Ranunculus lingua) dont c’est l’une des très rares stations régionales. En outre, les boisements alluviaux à Frêne élevé (Fraxinus excelsior) et Aulne glutineux (Alnus glutinosa) qui bordent les cours d’eau sont également d’intérêt pour la flore, comme en témoigne la présence de la Prêle fluviatile (Equisetum fluviatile) et de la Fougère des marais (Thelypteris palustris), cette dernière étant protégée en région Midi-Pyrénées. Ces boisements permettent la présence sur le site de quelques coléoptères saproxyliques patrimoniaux. On soulignera la présence d’Agrilus guerini, espèce très rare en France. Sa larve se développe dans les rameaux supérieurs des saules. Les fonds de vallons sont occupés notamment par des prairies de fauche mésophiles (Brachypodio-Centaureion nemoralis) et des prairies humides (Bromion racemosi) abritant l’Orchis des Charentes (Dactylorhiza elata subsp. sesquipedalis) et l’Œnanthe de Lachenal (Oenanthe lachenalii), inscrite en liste rouge régionale. Ces milieux abritent également trois espèces de papillons liées aux prairies humides, dont deux espèces protégées : le Cuivré des marais (Lycaena dispar) et le Damier de la succise (Euphydryas aurinia). Le Grillon des marais (Pteronemobius heydenii), espèce hygrophile, est également signalé. Les milieux aquatiques des cours d’eau présentent des habitats remarquables comme des herbiers à Renouée amphibie (Polygonum amphibium). Ils sont extrêmement favorables à la faune piscicole (4 espèces recensées), dont la Lamproie fluviatile constitue certainement l’espèce la plus remarquable. La Loutre d’Europe, espèce piscivore par excellence, est également présente. Une grande richesse de libellules a été observée (10 espèces). On note des espèces de cours d’eau bien oxygénés, ainsi que des espèces d’eau stagnante végétalisée, temporaire ou acide. Parmi ces libellules, on remarque des espèces à fort statut de protection et/ou conservation. On note par exemple la présence du Leste dryade (Lestes dryas), espèce peu commune en plaine dans la région qui fréquente les zones stagnantes et les tourbières, mais aussi celle de la Cordulie à taches jaunes (Somatochlora flavomaculata), espèce très rare dans la région également inféodée aux zones stagnantes. On peut aussi citer l’existence de la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii), protégée au niveau national, qui est liée principalement à des rivières calmes et de bonne qualité. Il faut également souligner une observation sur la zone de la Cistude d’Europe (dont l’indigénat sur le site reste à préciser), tortue d’eau douce en forte régression en France, mais aussi de diverses espèces d’amphibiens comme la Grenouille agile et le Triton marbré. Enfin, des pelouses sèches calcicoles relevant du Xerobromion du Quercy ont également été identifiées, avec la présence notamment de la Lavande à larges feuilles (Lavandula latifolia).

Commentaires sur la délimitation

La zone est orientée nord-sud, et s’étend de Cazals à Castelfranc. Elle concerne les vallées au sein desquelles serpentent les cours de l’Herm et de la Masse. Elle rassemble les cours d’eau ainsi que les milieux humides riverains tels que des boisements alluviaux, des prairies humides, des aulnaies marécageuses, des cariçaies, des tourbières... La proportion de milieux humides est remarquable et d’une importance majeure pour la région en plaine.