ZNIEFF 730030125
Vallée du Vert

(n° régional : Z1PZ2104)

Commentaires généraux

Le Vert parcourt plus de 28 km, du nord-est vers le sud-ouest, depuis sa source jusqu’à sa confluence avec le Lot à Castelfranc. La vallée de cette rivière entaille les petits causses de la Bouriane calcaire. L’érosion du sous-sol, essentiellement marno-calcaire, dessine des reliefs beaucoup plus doux que sur les causses au calcaire dur de Gramat, Martel ou Limogne-en-Quercy. Certains secteurs présentent un sous-sol très différent composé de sables et de galets provenant du Massif central, qui sont des dépôts alluvionnaires tertiaires de la formation alluviale de Saint-Denis-Catus (oligocène). La vallée est relativement cultivée et anthropisée, avec la présence de six villages et gros hameaux de vallée. Les coteaux, essentiellement boisés, témoignent d’une importante déprise agropastorale, avec encore quelques pelouses relictuelles et landes calcicoles.

L’intérêt essentiel de la rivière réside dans les milieux naturels qu’elle renferme : de nombreuses barres tufeuses la jalonnent en y créant autant de micro-cascades favorables à la faune aquatique exigeante en oxygène. Les petits affluents, et le Vert lui-même près de sa source, hébergent une microfaune aquatique remarquable et assez rare dans le Lot. Deux espèces de libellules y sont présentes : l’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale) et l’Agrion nain (Ischnura pumilio). Dans sa partie aval, le Vert héberge une population de Gomphe à crochets (Onycogomphus uncatus), libellule préférant les secteurs à plus fort courant. Les herbiers aquatiques sont peu répandus sur le Vert (excepté certaines années dans le lac Vert, notamment après le curage des vases), mais dans les eaux les plus oligotrophes se développent ponctuellement des herbiers à characées, habitat rare en cours d’eau. Les prairies amphibies des Eleocharitetalia sont aussi très ponctuelles. A contrario, la zone compte un nombre assez important de prairies mésohygrophiles à mésophiles : Bromion racemosi, Brachypodio rupestris-Centaureion nemoralis et probablement aussi Mesobromion prairial. Les surfaces couvertes par ces habitats prairiaux sont cependant en régression suite à la pression agricole que subissent les terres de vallée pour la culture ou l’implantation de prairies temporaires. Les prairies et micro-zones humides hébergent une riche microfaune : Cuivré des marais (Lycaena dispar), Azuré du serpolet (Maculinea arion) et Damier de la succise (Euphydryas aurinia), tous trois protégés, mais aussi Barbitiste des Pyrénées (Isophya pyrenea), Decticelle des friches (Pholidoptera femorata) ou encore Courtilière commune (Gryllotalpa gryllotalpa). La flore n’est pas en reste avec pas moins de 9 espèces de milieux humides et d’intérêt patrimonial : Brome en grappe (Bromus racemosus), Mouron délicat (Anagallis tenella), Laîche paniculée (Carex paniculata), Orchis des Charentes (Dactylorhiza elata subsp. sesquipedalis), Narcisse des poètes (Narcissus poeticus). Parmi elles, certaines espèces sont protégées au niveau régional ou départemental : Scirpe à une écaille (Eleocharis uniglumis), Lobélie brûlante (Lobelia urens), espèce localisée aux terrains bourians siliceux, et Fougère des marais (Thelypteris palustris), également connue du Limargue. La zone compte aussi une des rares stations hors Ségala lotois de l’Ossifrage (Narthecium ossifragum). Plusieurs types de boisements intéressants occupent les bas de versants et les fonds de vallons : charmaie calcicole du Carpinion, bois riverains de l’Alno-Padion et bois marécageux de l’Alnion glutinosae (des trois, le plus rare habitat forestier lotois). Plusieurs espèces fréquentent préférentiellement ces formations : le Pic mar, mais aussi la rare Orchésie à palpes jaunes (Orchesia luteipalpis), un coléoptère appréciant les champignons lignivores qui se développent sur le bois mort. L’Euphorbe anguleuse (Euphorbia angulata), espèce forestière acidicline, a été observée ponctuellement sur la zone, dans un taillis de Châtaignier (Castanea sativa). La flore des pelouses sèches (Xerobromion et Mesobromion du Quercy, Thero-Brachypodion) est riche de 9 espèces remarquables. Outre les espèces assez répandues sur les zones calcaires du Lot – Cardoncelle mou (Carduncellus mitissimus), Leuzée conifère (Leuzea conifera), Armoise blanche (Artemisia alba) et Ophrys sillonné (Ophrys sulcata) –, la zone présente des stations d’espèces nettement plus rares et inféodées aux pelouses de vires rocheuses et autres lieux arides : Mercuriale de Huet (Mercurialis annua subsp. huetii), Mélilot de Naples (Melilotus neapolitanus), Lunetière à feuilles de chicorée (Biscutella cichoriifolia), toutes trois en limite d’aire nord-ouest, ainsi que la très rare Potentille dressée (Potentilla recta) et l’Hélianthème fausse bruyère (Fumana ericoides). Le Chêne vert (Quercus ilex) et le Pistachier térébinthe (Pistacia terebinthus) contribuent eux aussi à donner une tonalité méridionale à cette zone contrastée. Le Criquet des garrigues (Omocestus raymondi) occupe les pelouses d’adret et les pierriers sur les travers. Deux carrières distantes de moins de 2 km, l’une en activité et hors de la zone décrite, l’autre à l’abandon depuis plus de dix ans et incluse dans le périmètre, sont occupées à la belle saison par une colonie de Guêpier d’Europe. Cet oiseau insectivore et migrateur n’est connu comme nicheur que dans deux secteurs lotois : sur cette zone, en Bouriane, et dans le Quercy blanc, à Castelnau-Montratier.

La vallée du Vert est représentative de la mosaïque de milieux naturels rencontrés en Bouriane. Des formations végétales humides acidiphiles voisinent avec des pelouses sèches du Xerobromion... La richesse du patrimoine naturel de cette petite vallée ferait presque oublier que la plupart du temps, ce ne sont que des éléments relictuels en sursis. La vallée est, en effet, soumise à l’intensification des pratiques culturales, tandis que les coteaux attenants sont presque tous laissés à l’abandon et voient leurs pelouses sèches se réduire d’année en année.

Commentaires sur la délimitation

La zone s’étend sur la quasi-totalité de la vallée du Vert : depuis sa source, aux abords d’Ussel, jusqu’à sa confluence avec la Masse, juste en amont de Castelfranc. Elle inclut les vallons de la plupart des affluents du Vert : ruisseaux de la Jonquière, du Boundou, de la Belle, de Gigouzac, du Pic, du Rieutor... Elle est le plus souvent réduite au lit mineur de la rivière et à sa ceinture d’arbres. Elle englobe néanmoins les zones de prairies naturelles remarquables de fonds de vallée ainsi que certains coteaux attenants lorsque des éléments naturels patrimoniaux y ont été signalés.