ZNIEFF 730030179
Bois de Lissirou

(n° régional : Z1PZ0825)

Commentaires généraux

Le bois de Lissirou est situé à la limite entre la vallée de l’Aveyron et la bordure septentrionale du Lévézou, qui s'insère dans un paysage agropastoral composé de prairies, cultures, haies et  bosquets. Sa surface est donc essentiellement occupée par des boisements, essentiellement de feuillus mais aussi avec des plantations de résineux et quelques boisements mixtes, minoritaires. Ce massif forestier est régulièrement entrecoupé de prairies exploitées pour l’élevage, occupant malgré tout une part significative du périmètre de la ZNIEFF.

La grande majorité du bois se développe sur des roches métamorphiques acides, la moitié ouest étant plus ou moins acide (micaschistes, gneiss, éclogites rétromorphosées, métagranitoïdes anatectiques…), certaines plus riches en bases (paragneiss), tandis que la frange nord est au contact avec des roches calcaires (dolomies, calcaires oolithiques, calcaires bioclastiques, marnes, grès…). Ponctuellement, on trouve aussi un peu de roches ultrabasiques serpentinisées et des roches volcaniques (dacites, andésites, basaltes, trachytes).

Depuis la création de la ZNIEFF jusqu’en 2023, les paysages ont peu évolué, la surface de plantations de résineux n’ayant que peu ou pas progressé au détriment des forêts de feuillus. On notera quelques faibles surfaces de plantations de résineux ayant été défrichées afin d’être exploitées en prairies.

Une espèce déterminante est présente sur le site, il s’agit d’un rapace : l’Aigle botté (Hieraaetus pennatus). Il niche au sein de forêts (de feuillus comme de résineux), et chasse aussi bien sur les versants boisés qu’en milieu ouvert, mais s’éloignant rarement des arbres. C’est un estivant nicheur peu commun en Aveyron, qui hiverne sur le continent Africain. Il est considéré comme comme "vulnérable" dans la liste rouge des oiseaux nicheurs d’ex-Midi-Pyrénées.

Le Milan royal (Milvus milvus) a aussi été observé au bois de Lissirou, mais uniquement au mois d’octobre et donc probablement en migration post-nuptiale, il ne peut donc en l’état être considéré comme nicheur sur le site. Des données de nidification (et d’hivernage) de l’espèce sont connues sur le Lévézou donc cela reste possible et à confirmer. Cette espèce a une écologie similaire à la précédente, nichant dans des arbres, de préférence en milieu forestier, et chassant dans des espaces très ouverts pour la chasse à vue avec capture au sol. Il est considéré comme "en danger" dans la liste rouge des oiseaux nicheurs d’ex-Midi-Pyrénées.

Toujours à propos des rapaces, notons que le Busard Saint-Martin (Circus cyaneus) a été observé en saison de reproduction dans un habitat favorable et est considéré comme nicheur possible dans le secteur, à quelques centaines de mètres du bois. Celui-ci vit dans les milieux ouverts ou semi-ouverts, typiquement avec une strate herbacée fournie et une strate buissonnante peu couvrante. Il niche à même le sol et a besoin d’un accès facile au nid, mais sans que ce dernier soit facilement accessible aux prédateurs. Il est considéré comme "en danger" dans la liste rouge des oiseaux nicheurs d’ex-Midi-Pyrénées. Un individu a été observé dans un champ en-dehors de la ZNIEFF, mais l’espèce pourrait être reproductrice au niveau des landes et friches contiguës au bois de Lissirou.

La flore du bois de Lissirou est relativement mal connue. Deux espèces peuvent être considérées comme remarquables bien que non déterminantes. Il s’agit de l’Epiaire annuel (Stachys annua), rare en Aveyron, et de l’Actée en épi (Actaea spicata), une espèce typiquement montagnarde et essentiellement cantonnée, en Occitanie, aux Pyrénées, à l’Aubrac et à une partie des Grands Causses et Cévennes. Une seule autre station est historiquement connue du Lévézou.

Une des particularités du bois de Lissirou, qui lui a valu sa désignation en ZNIEFF, est qu’il abrite de vieilles châtaigneraies matures. Ces châtaigneraies présentent des dendromicrohabitats remarquables, hébergeant entre autres Le Pique-prune (Osmoderma eremita), un coléoptère saproxylique protégé aux niveaux national et international, bien que n’étant plus déterminant ZNIEFF. Il est l'un des coléoptères les plus suivis en Europe du fait de ses fortes exigences écologiques. Il vit dans les cavités d'arbres de grand volume et fortement évidées. Des études ont montré que ce type de cavité est présent sur des arbres à partir d'environ 250 ans. Quand une cavité est habitable, une population peut cependant y vivre pendant plusieurs décennies. Le Pique-prune est caractérisé par ses faibles capacités de dispersion. Ainsi, sa présence témoigne du maintien d'un habitat favorable sur le site au cours du temps. Il traduit une forte maturité de l'habitat. Les cavités d'arbres se forment sous l'action conjuguée d'une multitude d'organismes saproxyliques (champignons, insectes, bactéries...) qui dégradent à la fois chimiquement et mécaniquement le bois. Au cours de l'évolution de la cavité, des cortèges spécifiques de certains stades de décomposition du bois vont intervenir. Le cortège associé au Pique-prune correspond au cortège ultime de ce long processus. Ainsi, en protégeant les habitats du Pique-prune, on protège l'ensemble de son cortège, mais également l'ensemble des organismes qui se sont succédé dans le temps. C'est pourquoi on qualifie le Pique-prune d'espèce parapluie. L'espèce a disparu de la plupart des massifs forestiers français. On le trouve aujourd'hui essentiellement dans les milieux agropastoraux et bocagers où de vieux arbres sont historiquement gardés depuis plusieurs générations. Cependant, ces arbres sont devenus de plus en plus rares.

Commentaires sur la délimitation

La délimitation du site s’est faite en suivant les contours principaux du massif forestier, où des données de Pique-prune ont été recensées.