ZNIEFF 730030210
Vieux chênes de la Pannonie

(n° régional : Z1PZ0247)

Commentaires généraux

Le site des « vieux chênes de la Pannonie » est essentiellement constitué de chênaie pubescente, avec la présence ponctuelle de pelouses sèches du Mesobromion dont certaines sont encore pâturées de nos jours. Le site est boisé à 90 %. Une partie du site est constituée par le parc arboré du château de la Pannonie. Les plus vieux arbres sont pluriséculaires (probablement plus de 300 ans pour certains). Certains d’entre eux sont mourants, voire morts, et ils sont nombreux, vivants ou morts, à présenter des cavités basses ou hautes, tout à fait propices au développement d’une diversité d’insectes décomposeurs du bois très exceptionnelle. En effet, au moins 49 espèces intéressantes de coléoptères liés au bois mort ont été observées ici au cours des dernières décennies. La présence très remarquable du rarissime Taupin violacé (Limoniscus violaceus) a permis d’intégrer cette zone au réseau des sites Natura 2000. Lorsque cette espèce est présente sur un site, il y a de très fortes chances pour que la diversité des espèces saproxyliques soit grande. Sa larve est, en effet, très exigeante sur la nature de la cavité dans laquelle elle se développe (cavité basse, ni inondée ni trop sèche, pouvant accueillir des micro-mammifères et des larves d’autres insectes saproxyliques). Voici quelques-unes des 41 espèces les plus remarquables (avec quelques exemples de régimes alimentaires ou d’exigences particulières des larves) : l’Allécule morio (Allecula morio), dont la larve préfère les cavités hautes des chênes ; l’Aulonie à trois sillons (Aulonium trisulcum) ; le Colydide marginé (Colobicus marginatus) ; la Mélandrie méridionale (Dircaea australis) ; l’Ischnode à collier rouge (Ischnodes sanguinicollis) ; l’Œdemère bleue (Ischnomera caerulea) ; le Mycétophage noir de poix (Mycetophagus piceus), qui se nourrit de champignons corticaux comme les polypores ; l’Opile pâle (Opilo pallidus) ; la Lepture revêtue (Pedostrangalia revestita), dont la larve vit dans les bois cariés ; le Gnorime à huit points (Gnorimus variabilis), une cétoine dont la larve se développe dans le terreau des cavités ; le Ropalope à antennes épineuses (Ropalopus varini) ; le Taupin à deux pustules (Calambus bipustulatus) ; le Droméole de Barnabé (Dromaeolus barnabita) ; le Taupin ferrugineux (Elater ferrugineus), chez qui la larve est prédatrice d’autres larves de coléoptères saproxyliques ; l’Enedreyte des haies (Enedreytes sepicola) ; le Taupin de Bouyon (Reitterelater bouyoni). La Lébie pubescente (Lamprias pubipennis), carabique prédateur de France méridionale, fait aussi partie des coléoptères remarquables du site. Sa présence est liée à celle des pelouses sèches et des pré-bois de la zone. Citons également la présence de quelques oiseaux intéressants qui fréquentent la zone : l’Alouette lulu, la Tourterelle des bois et le Pic mar, la présence de celui-ci étant certainement liée à l’abondance des vieux arbres.

Cette zone présente une biodiversité de coléoptères saproxyliques exceptionnellement riche pour le Quercy. Le reste du bois de Pannonie, dont cette ZNIEFF n’est qu’une petite portion, présente un potentiel équivalent pour les coléoptères saproxyliques. Malheureusement, les nombreuses chasses privées qui morcellent ce massif rendent très difficile tout inventaire naturaliste. Le maintien de l’intégrité des arbres pluriséculaires permettra au site de conserver cette diversité entomologique remarquable. Dans le Lot, la chênaie pubescente a nettement tendance à gagner du terrain sur les espaces ouverts. Mais ce type de boisement est rarement mené en futaie : le mode de gestion forestier dominant est le taillis, qui s’accompagne très souvent de coupes à blanc. Garder sur pied des arbres âgés et de belle venue au moment des coupes permettrait sûrement de multiplier les sites favorables à une grande biodiversité, tout en favorisant un renouvellement plus rapide des boisements, de même que les arbres isolés gardés au sein des pelouses sèches sont à la fois des gages d’ombrage (donc de meilleure protection de la ressource fourragère en cas de sècheresse) et une réserve de diversité entomologique.

Commentaires sur la délimitation

Cette zone est essentiellement centrée sur la présence de Chênes pubescents (Quercus pubescens) pluriséculaires. Ces derniers abritent une diversité de coléoptères saproxyliques exceptionnelle. Des secteurs boisés plus jeunes (taillis de 20 à 80 ans) sont également intégrés aux limites de la zone : d’une part, ils peuvent servir de « zones tampons » autour des boisements très âgés de la Pannonie ; d’autre part, ils incluent également plusieurs beaux arbres. En fait, le reste du bois de la Pannonie, qui est beaucoup plus étendu que la zone décrite ici, présente un potentiel équivalent pour les coléoptères saproxyliques. Malheureusement, les nombreuses chasses privées qui morcellent ce massif rendent très difficile tout inventaire naturaliste.