ZNIEFF 730030214
Prairies et bois humides du Ruisseau du Pic

(n° régional : Z1PZ0239)

Commentaires généraux

Le ruisseau du Pic est un affluent du Vert. Le vallon de ce petit cours d’eau est creusé dans la couche alluviale de Saint-Denis-Catus, qui date de l’oligocène et qui est riche en galets et sables, d’ailleurs exploités localement (carrières attenantes). Le lit mineur dévoile cependant la couche calcaire sous-jacente qui est bien plus ancienne et date du jurassique supérieur.

Le vallon est essentiellement occupé par des prairies naturelles qui hébergent une population de Cuivré des marais (Lycaena dispar). La chenille de ce papillon protégé, typique des prairies humides, se nourrit de feuilles de diverses oseilles (surtout Rumex crispus). Incluse dans un bois acidiphile localement dominé par le Châtaignier (Castanea sativa), une petite aulnaie marécageuse de l’Alnion glutinosae se développe sur un secteur suintant, directement alimenté en eau par la couche de sables et de galets actuellement en cours d’extraction dans la carrière toute proche. Si cette exploitation porte sur un trop grand volume de matériaux, elle risque fort de modifier, voire d’assécher, cette formation arborée humide. Ces mêmes suintements, humidifiant le talus, alimentent aussi le petit fossé qui court le long de la route. Cette micro-zone humide recèle une richesse patrimoniale exceptionnelle. On y trouve, en effet, les rares et protégées Fougère des marais (Thelypteris palustris) et Lobélie brûlante (Lobelia urens). Ces deux plantes sont très localisées dans le Lot : on trouve la première en Bouriane et en Limargue, la seconde n’étant connue que de quelques stations, exclusivement en Bouriane. D’autres éléments floristiques remarquables sont présents sur le talus ou dans le fossé : Ossifrage (Narthecium ossifragum), Mouron délicat (Anagallis tenella), Laîche paniculée (Carex paniculata), ou encore Orchis élevé (Dactylorhiza elata subsp. sesquipedalis). Le fossé humide, toujours en eau, accueille aussi une population de libellule protégée, l’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), dont la larve affectionne les ruisselets ensoleillés à végétation aquatique et amphibie abondante. Dans le bois acidiphile du versant orienté à l’ouest, on observe également une plante de sous-bois remarquable : l’Euphorbe anguleuse (Euphorbia angulata).

Si le ruisseau et les prairies de cette petite zone naturelle ne semblent pas spécialement vulnérables (sauf bien sûr, si des travaux y étaient pratiqués), il en va différemment du talus et du fossé visibles en bord de route. Les travaux d’entretien routier, comme l’exploitation d’extraction attenante, constituent une menace certaine de disparition des éléments exceptionnels du patrimoine naturel qui y sont présents. La zone doit donc bénéficier d’une attention toute particulière de la part des différents acteurs locaux.

Commentaires sur la délimitation

La zone comprend une petite série de prairies dans le vallon du ruisseau du Pic, ainsi que quelques boisements frais ou humides, toujours en fond de vallon. Mais un élément majeur, tout à fait déterminant dans la délimitation de cette zone, est constitué par la présence d’un petit fossé et du talus boisé humide attenant, qui recèlent, sur une surface très restreinte, plusieurs espèces d’intérêt patrimonial très remarquable. Cette zone permet aussi d’inclure des portions de ruisseau riches d’une biodiversité aquatique rare.