ZNIEFF 730030215
Vallon du ruisseau du Rieutord

(n° régional : Z1PZ0238)

Commentaires généraux

Située dans l’ouest du Lot, la zone correspond au fond et à la partie inférieure des versants d’un vallon d’orientation nord-sud tributaire de la vallée du Vert, creusé dans des alluvions fluviatiles sablo-graveleuses de l’oligocène, qui font l’objet d’une exploitation en bordure du site (carrière de Sannegal). Le ruisseau associé, le Rieutord, est un cours d’eau de première catégorie piscicole. Permanent sur la plus grande partie de son cours, il est sujet à des assèchements ponctuels dans sa partie aval, où les terrains affleurants, calcaires, favorisent les écoulements souterrains.

Le site présente un intérêt botanique élevé, lié à un nombre important de communautés et d’espèces végétales remarquables. Il héberge notamment 3 espèces végétales bénéficiant d’une protection réglementaire : la Lobélie brûlante (Lobelia urens), plante très localisée et protégée dans le Lot, qui possède dans la partie amont du site d’importantes populations liées à des jonchaies et à des moliniaies acides (Juncion acutiflori) ; le Millepertuis des marais (Hypericum elodes), protégé au niveau régional, qui croît ici essentiellement en bordure de l’étang des Bories, au sein d’une végétation amphibie vivace typique des bords de plans d’eau acide soumis à exondation estivale (Hydrocotylo-Baldellion) ; le Scirpe à nombreuses tiges (Eleocharis multicaulis), également protégé en Midi-Pyrénées, présent de façon localisée en milieu prairial pacagé de versant, à la faveur de stations engorgées à tendance tourbeuse. D’autres plantes remarquables s’observent dans les milieux herbacés tourbeux ou paratourbeux à caractère acide du site, tels le Mouron délicat (Anagallis tenella), la Petite Scutellaire (Scutellaria minor), la Laîche puce (Carex pulicaris), la Bruyère à balais (Erica scoparia), le Carum verticillé (Carum verticillatum) et la Véronique à écusson (Veronica scutellata). Cette dernière se retrouve en abondance au niveau d’une petite mare prairiale temporaire située en bordure nord-ouest du site, où elle constitue l’espèce dominante d’une végétation vivace longuement inondable relevant de l’ordre des Eleocharetalia palustris et correspondant à un type d’habitat peu commun aux niveaux régional et départemental. Les bois frais à humides de fond de vallon qui bordent le ruisseau du Rieutord présentent un intérêt notable. De composition variable selon la topographie, le pH et le degré de drainage du substrat, ils se rattachent à trois types d’habitats forestiers localisés ou en régression. La formation de plus faible étendue est une aulnaie-frênaie étroite et fragmentaire à Laîche pendante (Carex pendula), qui appartient à la catégorie des forêts à aulnes et frênes du bord des ruisselets et des sources (sous-alliance de l’Alnenion glutinoso-incanae). Les deux autres formations occupent des surfaces notables. Il s’agit, d’une part d’une charmaie fraîche à Géranium noueux (Geranium nodosum) rattachable à l’alliance du Fraxino excelsioris-Quercion roboris et à la catégorie des chênaies-frênaies de fond de vallon aquitaniennes, d’autre part d’aulnaies suintantes à caractère plus ou moins acide, à Fougère femelle (Athyrium filix-femina), Dryoptéris des chartreux (Dryopteris carthusiana) et, plus rarement, Laîche paniculée (Carex paniculata), qui semblent appartenir, non pas à la catégorie des aulnaies riveraines, mais à celle des aulnaies marécageuses méso-eutrophes (alliance de l’Alnion glutinosae). Ces aulnaies sur substrat engorgé contribuent de façon essentielle au caractère pérenne de la partie moyenne du ruisseau. Est enfin à citer la présence ponctuelle de pelouses sèches silicicoles, nettement moins répandues au niveau départemental que les pelouses calcaires. Elles sont représentées par des communautés vivaces à Fétuque rouge et Agrostis commun (pelouses à Agrostis-Festuca, de l’alliance du Violion caninae), qui hébergent ponctuellement une cistacée annuelle nettement localisée dans le Lot, l’Hélianthème à gouttes (Xolantha guttata), ainsi que par des formations à annuelles relevant du Thero-Airion, qui comprennent des espèces végétales peu communes à rares au niveau départemental, tels le Silène de France (Silene gallica), la Cotonnière de France (Logfia gallica) et le Tolpis à deux ombelles, ou Œil-du-Christ (Tolpis barbata subsp. biumbellata). Le site possède également un fort intérêt faunistique. La pérennité des écoulements sur les trois quarts amont du ruisseau, une oxygénation et une température de l’eau favorables, alliées à la présence d’une abondante macrofaune d’invertébrés aquatiques, permettent le développement de plusieurs espèces piscicoles autochtones remarquables, dont une particulièrement sensible à toute activité humaine industrielle et agricole et possédant un fort statut patrimonial. L’entomofaune, encore insuffisamment connue, comprend au moins 3 espèces d’insectes d’intérêt élevé ou notable : la rare Orchésie à palpes jaunes (Orchesia luteipalpis), coléoptère inféodé à des champignons lignivores se développant sur le bois mort (notamment Inonotus radiatus sur l’Aulne glutineux) ; la Bacchante (Lopinga achine), papillon diurne protégé et menacé en France, fortement localisé en Midi-Pyrénées et paraissant rare dans le Lot ; la Cordulie métallique (Somatochlora metallica), libellule peu commune dans la région, observée ici sur l’étang des Bories. Bien plus répandu tant au niveau départemental que régional, le Grillon des marais (Pteronemobius heydenii) semble présent dans toutes les stations humides non boisées du site. Enfin le Pic mar, oiseau relativement localisé en Midi-Pyrénées, est bien présent dans les futaies de chênes et les charmaies du vallon, comme il l’est dans ce type d’habitat sur la majeure partie du département du Lot.

Les principales menaces avérées ou potentielles qui pèsent sur le patrimoine naturel remarquable du site sont l’enrésinement des landes et des pelouses acides, le risque de conversion en cultures des prés naturels et l’extension des activités d’extraction limitrophes qui sont notamment susceptibles de porter atteinte au cours d’eau (ensablement, baisse du débit d’étiage, pollutions).

Commentaires sur la délimitation

À l’extrémité nord du site, qui comprend la zone des sources du ruisseau du Rieutord, la limite s’appuie essentiellement sur la répartition des habitats et des espèces remarquables recensés. En aval de cette zone, la délimitation retenue englobe les milieux riverains ou proches du ruisseau sur une largeur de quelques dizaines de mètres de part et d’autre de ce dernier : elle correspond à un périmètre sensible, où la nature des activités humaines est susceptible d’avoir un impact direct fort ou significatif sur le cours d’eau.