Le secteur de la Viguerie présente une variété de milieux remarquables présentant des enjeux dans la conservation d’espèces, dont certaines protégées et rares. Les habitats se succèdent du plus humide au plus sec et du plus ouvert au plus fermé, sur une surface très réduite d’une vingtaine d’hectares, dans un contexte périurbain fort : pression des voies de communication et des zones industrielles.
La présence d’un lac (étang) est favorable à la halte de certains oiseaux, même si la pêche est assez développée.
Le lac alimente une jonçaie peu diversifiée, mais avec des zones ouvertes de mares à Utriculaire citrine (Utricularia australis), espèce d’intérêt majeur), Renoncule aquatique (Ranunculus aquatilis), Véronique à écussons (Veronica scutellata) et Renoncule scélérate (Ranunculus sceleratus), espèces relativement rares. Ces zones abritent aussi une dizaine d’espèces d’odonates.
Les fluctuations du niveau de la nappe entraînent l’alimentation en période hivernale et printanière d’une prairie acide qui présente des faciès humides à joncs et à laîches et qui, en période estivale, présente un profil très sec. Ce contraste hydrique entraîne un développement très précoce de la flore et une utilisation adaptée de la faune. Cette prairie aujourd’hui fauchée pourrait évoluer, selon la gestion, vers une pelouse acide avec un cortège de plantes à expression printanière, d’un intérêt local remarquable. Elle accueille quelques orchidées dont les 3 espèces de Serapias, comprenant le Sérapias en cœur (Serapias cordigera) qui est protégé au niveau régional.
D’autres espèces remarquables peuvent être citées, comme l’Achillée ptarmique (Achillea ptarmica) ou l’Eufragie visqueuse (Parentucellia viscosa).
En s’éloignant de la zone d’eau, on trouve des pelouses acides méditerranéennes en lien avec des landes sèches à Callune. Ces milieux sont le résultat de l’abandon d’une vigne. Spontanément, ces habitats peu communs localement se sont développés, mais ne sont pas encore stabilisés. La présence des pelouses acides reste menacée par la fermeture, car les espèces annuelles qui la composent peuvent être très vite remplacées par une flore banale et monospécifique. Parmi les espèces actuelles, on peut citer la Linaire de Pélissier (Linaria pelisseriana), l’Hélianthème tacheté (Tuberaria guttata) ou encore la Jasione des montagnes (Jasione montana). Les lichens sont ici très présents et mériteraient des études spécifiques. C’est aussi sur ces milieux que l’on trouve les plus grandes populations de Serapias cordigera déjà évoqué plus haut.
La lande à Callune est peu typique et peu diversifiée, mais contribue à la diversité des habitats présents sur la zone.
Sur cet ensemble de milieux en transition et interconnectés, la diversité entomologique est relativement faible. En effet, les papillons de jour sont représentés par une faune classique de type prairial (23 espèces). Une centaine d’espèces de papillons de nuit ont été inventoriées, dont quelques-unes à forte tendance hygrophile et peu communes localement. Aucune liste d’hétérocère n’a été établie, ce qui n’empêche pas l’intérêt notable de ce groupe.
Enfin, la diversité en arachnides est assez surprenante et complètement liée au développement précoce de l’habitat décrit plus haut. 83 espèces sont actuellement connues, dont certaines très rares au niveau national (dans l’état actuel des connaissances) et d’autres nouvelles pour le département, voire pour la région. On peut citer Lasiargus hirsutus, Callilepis schuszteri, Evarcha michailovi ou encore Pocadicnemis juncea. Là encore, la liste des espèces déterminantes d’arachnides est cantonnée aux taxons cavernicoles. Le manque de connaissances et de références au niveau régional entraîne pour l’heure un constat de rareté pour certaines espèces très rares au niveau national. Une liste nationale pourrait voir le jour dans quelques années, par le biais du travail collectif des rares arachnologues français.
Les contours de la zone ont été tracés en tenant compte des habitats limitrophes d’une zone centrale gérée de manière conservatoire. L’acquisition de nouvelles données dans la périphérie proche a permis de mettre en avant des enjeux liés à des habitats variés et remarquables par leur cortège d’espèces.
Enfin, la réflexion a été menée au niveau des interactions entre ces habitats, tous liés à l’alimentation en eau assurée par un étang. Enfin, seuls les milieux naturels ou présentant une potentialité écologique ont été pris en compte.