ZNIEFF 730030252
Causse de Gaussou

(n° régional : Z1PZ0062)

Commentaires généraux

Avec les pechs de Célarié et de Racanières, situés vers le nord-est, le causse de Gaussou fait partie des rares formations karstiques annonçant le début du Quercy blanc. Ces pechs présentent des « ravines » très xériques avec une végétation éparse mais très caractéristique des sols argilo-marneux. On observe encore de belles formations de pelouses calcaires entrecoupées de vallons plus humides, le tout compartimenté dans des zones de chênaie blanche. Cette diversité de sol, d’exposition et de pente engendre une belle diversité d’habitats, qui entraîne à son tour une assez grande biodiversité. La composition floristique montre une très forte influence méditerranéenne. L’abandon progressif du pâturage entraîne cependant une fermeture du site par les prunelliers et les genévriers.

Le pech de Gaussou accueille de grandes étendues de pelouses mésophiles, certaines entretenues par pâturage. Ces milieux subissent plus sévèrement la colonisation des prunelliers et autres fourrés. Les autres types de pelouses sont très xérophiles et se rapportent donc aux pelouses sèches du Xerobromion du Quercy, avec une particularité ici, car il se développe sur marne. Ces sols sont assez imperméables et ne retiennent pas l’eau qui ravine les pentes. Cette érosion exerce une pression de sélection sur la végétation qui s’y installe.

Les formations plus humides se rencontrent dans le fond des vallons où circulent les écoulements. Ces derniers, dans les endroits plans du vallon, alimentent des prairies humides à joncs, relevant du Bromion racemosi.

Les formations plus forestières sont quant à elles cantonnées aux endroits peu faciles d’accès et escarpés, où le pâturage n’était pas installé. Les haies, pouvant se rattacher à l’habitat de chênes en mélange avec les fourrés thermophiles, évoquent une sorte de bocage, toujours présent en périphérie des parcelles « cultivées » et des zones de pâtures mésophiles plus riches.

C’est un des sites de pelouses qui accueille la plus grande diversité d’orchidées, d’intérêt départemental, avec un minimum de 35 espèces. On note entre autres parmi les espèces déterminantes : la Céphalanthère rouge (Cephalenthera rubra), le Limodore sans feuilles (Limodorum abortivum) et l’Épipactis à petites feuilles (Epipactis microphylla) dans les endroits les plus ombragés (sous-bois clairs de chênes), mais aussi l’Orchis singe (Orchis simia) en zone mésophile ouverte. Le Raiponce orbiculaire (Phyteuma orbiculare), en mélange avec la Sauge des prés (Salvia pratensis), fait partie des espèces caractérisant le cortège du Mesobromion du Quercy, qui s’exprime très bien localement.

Le caractère méditerranéen est renforcé par la présence entre autres de la Catananche bleue (Catanancha caerulea) et de la Leuzée conifère (Leuzea conifera). Les faciès xérophiles sont marqués par les espèces suivantes : la Stéhéline douteuse (Staehelina dubia), la Phalangère à fleurs de lys (Anthericum liliago) et le Stipe penné (Stipa pennata).

La particularité du sol marneux voit se développer en zone sèche le Plantain serpentin (Plantago maritima serpentina) et en zone de bas-fond l’Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum). On peut citer une messicole sûrement trouvée en bordure de culture, la Gesse de Nissole (Lathyrus nissolia).

Enfin, ponctuellement sur les zones très érodées décrites plus haut, on peut trouver certaines espèces annuelles qui profitent de ces « vides » pour s’installer. On rencontre entre autres la Germandrée botryde (Teucrium botrys) pouvant, dans certaines mesures, caractériser aussi les pelouses sèches à annuelles.

L’ambiance très xérique avec des alternances de zones ouvertes et forestières (ou au moins arbustives) contingente une faune d’affinités similaires. Les reptiles, et les lézards en particulier, y ont trouvé refuge, ainsi que certains serpents comme la Coronelle girondine.

L’inventaire des orthoptéroïdes n’a pas été fouillé, mais 2 espèces ont été notées : si la mante Empusa pennata reste bien répartie dans la région, le Criquet des garrigues (Omocestus raymondi raymondi) est une rareté en Midi-Pyrénées ; il vit spécialement sur zones xériques.

L’inventaire des rhopalocères a été initié avec une diversité à ce jour d’environ 30 espèces. Dans ce cortège, il faut noter la présence du Grand Nègre des bois (Minois dryas), qui affectionne les endroits herbeux embroussaillés et ombragés, ainsi qu’une population de Damier de la Succise (Euphydryas aurinia). Cette dernière espèce est protégée au niveau national. Elle peut se développer sur des prairies humides à Succise des prés (Succisa pratensis) (écotype de zone humide) ou sur les pelouses sèches à Céphalaire blanche (Cephalaria leucantha) ou autres scabieuses apparentées (écotype de zone sèche). Il faudrait cibler les recherches pour savoir quel écotype est présent localement, étant donné que les deux milieux sont présents.

Enfin, nous avons vu que des zones de mares existaient dans ces zones très sèches. Celles-ci abritent des populations de Triton marbré, triton à répartition large, mais qui reste localisé. L’inventaire des odonates reste à faire.

Commentaires sur la délimitation

La zone initiale intégrée dans le réseau Natura 2000 a été mieux adaptée aux réalités du terrain et à la répartition des habitats à forts enjeux. La ZNIEFF a été pensée de la même manière, mais l’exclusion totale des zones artificielles (cultures, habitations) n’a pas été possible étant donné le mélange de celles-ci.

La plus grande surface possible de ce causse a été intégrée, en prenant comme limites les premières maisons et les bas de versants. Les vallons accueillant encore des enjeux naturalistes ont été ajoutés.