ZNIEFF 730030292
Serres de Lalbenque

(n° régional : Z1PZ0371)

Commentaires généraux

Cette zone située dans le nord-est du Quercy blanc offre un paysage de "serres" typique de ce secteur biogéographique lotois : les crêtes allongées et leurs versants, aux reliefs doux, sont occupés par des pelouses sèches, des landes basses et des boisements thermophiles. Elles sont entrecoupées par des vallées cultivées. Au niveau géologique, ces serres sont constituées sur des calcaires lacustres de l'oligocène (Tertiaire), qui en se dégradant, forme des sols squelettiques, très minces et filtrants.

La zone, caractérisée par la présence de formations herbacées xérophiles originales, ouvertes à Anthyllis montana qui se rapprochent de formations méditerranéennes de l'Ononidion striatae. Une association y a été décrite : le Thésio divaricati-Anthyllidetum montanae (Julve, 2000). Lorsque les graminées Festuca auquieri et Koeleria vallesia referment le couvert, les pelouses relèvent du Xerobromion du Quercy. Les pelouses de l'Ononidion possèdent ici quelques espèces typiques, dont la plupart transgressent, parfois largement, dans le Xerobromion : Globulaire commune (Globularia vulgaris), Leuzée conifère (Leuzea conifera), Marguerite à feuilles de graminée (Leucanthemum graminifolium), Narcisse à feuilles de jonc (Narcissus assoanus), Bugrane striée (Ononis striata), et Anthyllide des montagnes (Anthyllis montana), rare et localisé dans le Lot.
En mosaique avec ces pelouses xériques, les formations à annuelles du Thero-Brachypodion, ainsi que des pelouses de dalles rocheuses de l'Alysso-Sedion albi sont également bien diversifiées. Des fourrés héliophiles à Juniperus communis aux formations forestières, on retrouve également les stades dynamiques postérieurs, qui se forment sur des sols plus épais. Les landes à Genévrier commun (Juniperus communis) voisinent souvent avec des landes nettement plus méridionales dominées par le Genêt cendré (Genista ausetana).

Au sein des pelouses et tonsures, on notera la présence de la Sabline des chaumes (Arenaria controversa), espèce franco-ibérique protégée, du Lin de Léon (Linum leonii), inscrite espèce quasi-menacée sur la liste rouge française ou de la Crapaudine de Guillon (Sideritis peyrei subsp. guillonii) qui possède ici une population bien distincte (et distante) de celle de la partie nord du causse de Gramat.

Les ourlets du secteur renferment également la Spirée à feuilles de millepertuis (Spiraea hypericifolia subsp. obovata).


La zone présente un intérêt fort pour les espèces messicoles calcicoles thermophiles, certains taxons étant très rares en Quercy : Nigelle de France (Nigella hispanica var. hispanica), très rare, localisée et protégée, Caucalis à fruits plats (Caucalis platycarpos), Adonis rouge feu (Adonis flammea), vulnérable sur la liste rouge Midi-Pyrénées, Pied-d'alouette de Bresse (Delphinium verdunense), également fort rare et protégée, Orlaya de Koch (Orlaya platycarpos), Passerine annuelle (Thymelaea passerina), Vesce voyageuse (Vicia peregrina), Neslie paniculée (Neslia paniculata), rare et en régression, et Linaire à feuilles rougeâtres (Chaenorhinum rubrifolium). Les cultures de la zone hébergent aussi une station de la très rare Saponaire des vaches (Vaccaria hispanica).

Sont également bien présents : Nielle des blés (Agrostemma githago), Bifora rayonnante (Bifora radians), Linaire simple (Linaria simplex) et Doucette couronnée (Valerianella coronata).
Par ailleurs, la très rare Saponaire des vaches (Vaccaria hispanica) a été observée au sein des cultures de  la zone au début des années 1990.

Plusieurs espèces de papillons diurnes remarquables, liées aux différents faciès de pelouses sèches, sont connues sur la zone. L'Aurore de Provence (Anthocharis euphenoides), très localisé dans le Lot et dont la chenille vit sur la Lunetière lisse (Biscutella laevigata), possède ici un foyer populationnel en limite d'aire septentrionale de répartition. Quant à l'Hermite (Chazara briseis), qui affectionne les pelouses rases et les zones de sol nu, et au Damier de la succise (Euphydryas aurinia), qui est lié ici, pour son développement larvaire, à une plante de pelouse sèche, la Scabieuse colombaire (Scabiosa columbaria), tous deux sont des espèces à fort intérêt patrimonial en Quercy. Les populations de ces deux espèces accusent d'ailleurs un recul (pour le Damier de la succise, il s'agit des populations liées aux pelouses sèches), mais probablement pour des raisons différentes (sècheresse anormale, diminution des surfaces de pelouses sèches...). Elles n’ont pas été revues sur la zone depuis de nombreuses années et leur présence y serait à actualiser. Parmi les autres espèces de rhopalocères remarquables, soulignons également la présence de la Grande Coronide (Satyrus ferula) et du Faune (Hipparchia statilinus), deux espèces de satyrinae nettement inféodées aux pelouses sèches et rocailleuses, de l’Azuré du serpolet (Phengaris arion), espèce de lyceanidae protégée au niveau national occupant les ourlets à Origan (Origanum vulgare), et d’une des rares stations connues dans le Lot de l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii). Les zones écorchées accueillent également des populations de Criquet des rocailles (Omocestus petraeus), criquet menacé de disparition à l’échelle régionale.

Au sein de ces zones ouvertes vit une population de Lézard ocellé, une espèce subméditerranéenne qui possède dans le Quercy le plus gros foyer extra-méditerranéen. Au niveau des amphibiens, deux espèces déterminantes étaient mentionnées, l’Alyte accoucheur (Alytes obstetricans) et le Triton marbré (Triturus marmoratus) mais dont les données sont aujourd’hui anciennes. Par ailleurs, plusieurs oiseaux des milieux ouverts ou agro-pastoraux vivent et se reproduisent sur la zone parmi lesquels le Bruant ortolan (Emberiza hortulana), dont les populations quercynoises sont globalement en déclin très prononcé et le Pipit rousseline (Anthus campestris). Par ailleurs, d’autres espèces déterminantes d’oiseaux étaient mentionnées en nidification mais n’ont pas fait l’objet d’observations récentes ; elles seront donc à rechercher prioritairement. C’est le cas de la Pie-grièche à tête rousse (Lanius senator), de la Fauvette orphée (Sylvia hortensis), qui s'est elle aussi considérablement raréfiée dans la partie sud de son aire quercynoise, de d'Oedicnème criard (Burhinus oedicnemus) et Busard Saint-Martin (Circus cyaneus).

Cette zone, qui bénéficie d'un classement au sein du réseau des zones Natura 2000, possède un intérêt indéniable et très élevé, en particulier par rapport aux habitats et espèces de milieux secs et steppiques. Tout devra être mis en oeuvre pour éviter une fermeture des paysages et une mise en culture des sols aujourd'hui occupés par des végétations naturelles de plus en plus rares dans le Quercy blanc et au sein du Parc naturel régional des causses du Quercy.

Commentaires sur la délimitation

Le zonage se base essentiellement sur la distribution des secteurs de landes et de pelouses sèches d’étendue et/ou d’intérêt floristique ou faunistique significatif. Les limites évitent, autant que possible, des zones d’habitat humain, des secteurs à large dominante de culture, ainsi que des secteurs nettement plus boisés. La délimitation fine coïncide fréquemment avec des limites topographiques (ruptures de pentes sommitales, bas de versants) qui correspondent le plus souvent à des limites cultures/milieux naturels ou semi-naturels.