Le site du « massif forestier de Lacapelle-Marival » est situé dans le nord-est du département du Lot (Ségala), principalement sur la commune de Lacapelle-Marival. Il s’agit d’un ensemble forestier dominé par des chênes et des châtaigniers, composé d’arbres matures et montrant des signes de pratiques traditionnelles de taille en têtard et d’émondage. Au sein de ce site boisé qui s’étend sur plus de 420 ha, on note la présence d’une vieille hêtraie à Houx en fond de vallon. Cet habitat est en très nette régression à la limite du Limargue à la suite des nombreuses exploitations. La hêtraie du Rouget héberge 2 espèces végétales très localisées dans le département du Lot. L’Euphorbe d’Irlande (Euphorbia hyberna) est une espèce atlantique nettement montagnarde à la limite orientale de son aire de répartition, dans laquelle peut s’inclure le Ségala lotois. La Luzule blanc de neige (Luzula nivea) est une orophyte européenne qui, ici au contraire, est en limite occidentale de répartition. La survie de ces deux espèces, qui sont de plus en limite altitudinale inférieure sur ce site (460 m), est entièrement liée à l’ombre et à la fraîcheur apportées par la hêtraie. Elles seraient donc très menacées par une exploitation forestière du site. À noter enfin la présence de sources acides à cardamines (habitat déterminant) accueillant la Balsamine des bois (Impatiens noli-tangere), et un fort potentiel mycologique.
Pour la faune, on note la présence de 2 espèces d’oiseaux : le Pic mar potentiellement nicheur sur les secteurs boisés plutôt matures, et le Faucon pèlerin qui occupe les affleurements rocheux plutôt tranquilles pour l’élevage de ses jeunes. Un cortège remarquable de 9 espèces de coléoptères saproxyliques inféodés aux cavités d’arbres matures est présent sur le site. Il est composé de cétoines dont le Pique-prune (Osmoderma eremita), inscrit en annexe II de la directive « Habitats ». Cette espèce se développe dans les cavités évoluées contenant un grand volume de terreau, le plus souvent en hauteur et en situation ensoleillée sur le tronc des vieux arbres. Sur le site, sa présence est avérée dans les cavités de vieux châtaigniers têtards. Ces cavités hébergent également la cétoine Gnorimus variabilis et le ténébrion Tenebrio opacus. Ces vieux châtaigniers matures sont porteurs d’une multitude de micro-habitats favorables à des faunes spécialisées variées. Le prostomideProstomis mandibularis y trouve les caries rouges sèches nécessaires à son développement, le bupreste Eurythyrea quercus se développe dans les bois morts récemment. Enfin, deux espèces de taupins (Ampedus rufipennis et Ampedus praestus) prédatent la faune des caries à l’état larvaire. Un vieux chêne foudroyé sur le site héberge une faune cavicole composée de deux espèces remarquables : le taupin Elater ferrugineus et la cétoine Liocola lugubris. Ces deux espèces sont également souvent associées au Pique-prune.
Les espèces présentes sur le site sont caractérisées pour certaines d’entre elles par leur faible capacité de dispersion. Leur présence traduit le bon état de conservation des habitats liés au bois mort, et notamment des cavités sur la zone. Cependant, aucune espèce remarquable associé au Hêtre n’a été recensée. Des prospections complémentaires seraient donc à envisager afin d’évaluer l’état de conservation des micro-habitats liés à la hêtraie. Concernant les chênes et châtaigniers, les pratiques de taille en têtard ou en émonde ont été favorables à l’apparition de cavités et au maintien de vieux arbres dans le temps sur le site. Le maintien de ces pratiques est donc un enjeu primordial pour la conservation du cortège saproxylique identifié. L’intérêt patrimonial floristique et faunistique de ce site justifie pleinement sa mise en ZNIEFF.
Les contours du site reprennent le massif boisé essentiellement sur la commune de Lacapelle-Marival. La limite ouest correspond à des pâturages. Au sein de cet ensemble forestier se trouve une vieille hêtraie relictuelle de fond de vallon.