ZNIEFF 730030316
Prairies du Mas de Cousis

(n° régional : Z1PZ0269)

Commentaires généraux

Cette zone bocagère est située sur le secteur du Terrefort rattaché à la zone biogéographique, plus vaste, du Limargue. Limargue et Terrefort sont caractérisés par des paysages au relief assez doux, et sont beaucoup plus bocagers et humides que les causses avoisinants. Ils forment une zone de transition entre les causses et le Ségala. Plus spécifiquement, cette petite zone naturelle se situe dans un isolat géologique (formations calcaires marneuses du jurassique inférieur-lias) aux confins du causse de Limogne. La zone est quasi entièrement couverte de prairies entourées de haies arborées. Ces prairies présentent différents niveaux trophiques et hydriques, à l’origine d’une biodiversité prairiale remarquable. Cette diversité est permise notamment grâce à une pratique régulière d’ennoiement du vallon entre le début du mois de novembre et celui d’avril, et ce depuis le XVIIe siècle. Une petite digue a été créée à cette époque par les moines qui occupaient le prieuré attenant de façon à créer une retenue d’eau juste en amont de la perte du ruisseau traversant la zone décrite (au point de contact entre les terrains marno-calcaires du Terrefort et ceux calcaires et karstifiés du causse de Limogne). Cette immersion des terrains avait une double finalité : permettre l’alimentation hydraulique du moulin à eau du prieuré de Laramière (qui fonctionnait jusqu’en 1930), et obtenir une meilleure production fourragère des prairies ennoyées (source : communication orale de Christian Oulès, membre des « Amis du prieuré » et ancien maire de Laramière).

Les habitats naturels d’intérêt patrimonial présents sont tous herbacés : prairies humides atlantiques et subatlantiques du Bromion racemosi, prairies de fauche atlantiques du Lino-Gaudinion, prairies hygrophiles des Eleocharietalia et végétation à Baldingère faux roseau (Phalaris arundinacea). Si les prairies de fauche atlantiques sont globalement assez bien représentées dans les vallées du parc, les autres types de végétation sont globalement bien moins courants, car ils sont tous liés à un niveau hydrique plus élevé. Ils sont aussi globalement assez rares dans le département du Lot. De plus, les prairies hygrophiles qui relèvent des Eleocharietalia occupent rarement des surfaces aussi importantes que sur ce site : c’est même un des éléments majeurs qui en fait toute l’originalité et qui trouve certainement son origine dans la perpétuation très longévive de la gestion hydraulique particulière expliquée plus haut.

Les plantes inféodées aux zones humides (mésohygrophiles à hygrophiles) sont particulièrement bien représentées. On note surtout la présence d’espèces rares, localisées et protégées au niveau régional comme le Scirpe à une écaille (Eleocharis uniglumis), le Trèfle écailleux (Trifolium maritimum) ou encore le Vulpin bulbeux (Alopecurus bulbosus). D’autres espèces plus ou moins rares dans le Lot ont également été observées sur le site. C’est le cas de la Germandrée d’eau (Teucrium scordium), de l’Œnanthe fistuleuse (Oenanthe fistulosa), de l’Œnanthe à feuilles de peucédan (Oenanthe peucedanifolia) et du Brome en grappe (Bromus racemosus). Concernant la faune prairiale ou inféodée aux zones humides, on note la présence de certaines espèces d’orthoptères : la Courtilière commune (Gryllotalpa gryllotalpa), le Grillon des marais (Pteronemobius heydenii) et une sauterelle, la Decticelle des friches (Pholidoptera femorata). Ces 3 orthoptères sont assez bien représentés sur les zones humides du département, même si la Courtilière commune demeure nettement plus rare que le Grillon des marais. La zone bocagère est également favorable à la présence de quelques espèces d’oiseaux remarquables dont la Pie-grièche à tête rousse qui, après un net déclin dans le Quercy blanc, occupe préférentiellement le Limargue lotois et ses différentes radiations (dont le Terrefort). Le Pic mar est également présent sur le site et fréquente aussi bien les bosquets de Chêne pédonculé (Quercus robur) du site que les nombreuses haies arborées. Enfin, et même si le plan d’eau n’est pas permanent, il faut souligner l’intérêt du site pour l’accueil hivernal des oiseaux d’eau. Ces derniers font souvent la navette entre ce site et celui tout proche du lac de Bannac. Certaines espèces, comme la Foulque macroule, ont d’ailleurs tenté de nidifier sur le site, mais ont été vite freinées par l’assèchement du site à partir de début avril.

Commentaires sur la délimitation

La zone comprend les prairies humides et inondables ainsi que plusieurs prairies mésophiles attenantes. Le secteur est donc globalement limité aux zones les plus humides qui bordent le ruisseau juste en amont de la perte de Laramière.