ZNIEFF 730030335
Zones humides de Mourèze

(n° regional: Z1PZ0310)

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Le site des "zones humides de Mourèze" se situe dans la partie nord-est du département du Lot, dans les montagnes du Ségala à une altitude moyenne de 510 m. Il s'agit d'une succession de prairies marécageuses à tourbeuses situées à la source d'un affluent rive droite du ruisseau du Mamoul, à proximité du hameau de Mourèze. Ce site abrite un ensemble intéressant d'habitats et d'espèces déterminants caractéristiques de ces milieux humides situés sur la bordure occidentale du Massif central, sur substrat acide soumis à une nette influence atlantique. Les habitats (para-)tourbeux déterminants sont particulièrement bien représentés : tourbières tremblantes à Laîche à bec (Carex rostrata), bas-marais à petites laîches, tourbières hautes  à sphaignes (Sphagnum capillifolium, S. papillosum, S. rubellum), prairies paratourbeuses à Molinie (Molinia caerulea) et à Joncs (Juncus spp.), ainsi que divers habitats marécageux tels que des saussaies à Saule cendré (Salix cinerea). Avec les hauts-marais se développent également des landes humides à Bruyère à quatre angles (Erica tetralix), végétations particulièrement rares dans la région. Ces habitats sont localisés et souvent fort dégradés dans le département du Lot. En périphérie se développent d'intéressantes landes humides.

Les espèces végétales patrimoniales inféodées à ces milieux y sont largement représentées. Parmi les plus intéressantes, certaines bénéficient d'un statut de protection. C'est le cas des Rossolis intermédiaire et à feuilles rondes (Drosera intermedia et D. rotundifolia), protégés nationaux, du Scirpe à nombreuses tiges (Eleocharis multicaulis) et du Millepertuis des marais  (Hypericum elodes), protégé en Midi-Pyrénées, ou encore de la Bruyère à quatre angles (Erica tetralix), espèce protégée dans le département du Lot, en limite méridionale de répartition dans le Massif Central et présentant de forts effectifs sur le site. Citons aussi la Laîche jaunâtre (Carex flava), rare dans le Lot . On notera également la présence d’espèces patrimoniales comme la Campanille à feuilles de lierre (Wahlenbergia hederacea), ou plutôt montagnarde telles que le Comaret (Comarum palustre), le Trèfle d'eau (Menyanthes trifoliata), la Linaigrette à feuilles étroites (Eriophorum angustifolium), la Violette des marais (Viola palustris) et l’Écuelle d’eau (Hydrocotyle vulgaris), cette dernière présentant une population très importante sur le site et l'Arnica des montagnes (Arnica montana subsp. montana). Le site est riche en bryophytes, plus d’une quarantaine ont y été recensées, dont 11 considérées déterminantes . Parmi elles, il faut remarquer la présence de 7 sphaignes, toutes inscrites à l’annexe V de la Directive Habitats, et 4 dans la catégorie Quasi Menacés dans la liste rouge des bryophytes de l’ex-région Midi-Pyrénées (Sphagnum fallax, S. flexuosum, S. palustre, S. rubellum).
Les parties de la saussaie plus anciennes abritent deux espèces déterminantes d’influence atlantique, Metzgeria violacea et Microlejeunea ulicina, cette dernière aussi dans la catégorie Quasi Menacés dans la liste rouge régionale.

La zone abrite également une entomofaune caractéristique de ces habitats humides et tourbeux et particulièrement remarquable à l’échelle du département du Lot puisqu’une partie de ces espèces n’est présente que dans la frange nord-est du département correspondante au Ségala. Chez les lépidoptères diurnes, plus d’une soixantaine d’espèces est connue sur la ZNIEFF. Le cortège le plus intéressant est celui des prairies humides et des tourbières avec des espèces comme le Petit Collier argenté (Boloria selene), le Miroir (Heteropterus morpheus), la Mélitée noirâtre (Melitaea diaminia) ou encore le Damier de la succise (Euphydryas aurinia), protégé au niveau national. Le site montre également une influence montagnarde avec des espèces telles que la Zygène des bois (Zygaena lonicerae). L’un des enjeux majeurs de la ZNIEFF concerne les odonates avec la présence de l’unique population lotoise de Cordulie arctique (Somatochlora arctica), relique glaciaire boréo-montagnarde menacée de disparition en Occitanie et se reproduisant dans les gouilles des tourbières. Toujours concernant les odonates, l’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), demoiselle protégée à l’échelle nationale, s’observe sur le long du ruisseau alors que les zones d’eau libre temporaires accueillent les Lestes sauvage (Lestes barbarus) et verdoyant (Lestes virens). Enfin, signalons sur la tourbière l’observation du Cordulégastre bidenté (Cordulegaster bidentata), espèce connue de seulement quelques localités dans le Lot et qui se reproduit probablement le long des suintements forestiers situés dans la partie nord de la zone. Un cortège remarquable d’orthoptéroïdes est également présent sur la ZNIEFF. Là-encore, on retrouve un mélange d’espèces liées aux habitats hygrophiles et à affinité montagnarde. Certaines espèces comme le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis), la Decticelle des bruyères (Metrioptera brachyptera), deux espèces menacées de disparition dans la région, ou le Sténobothre nain (Stenobothrus stigmaticus), ne sont connues que de quelques localités dans le Lot, alors que d’autres, telles que les Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), le Criquet des roseaux (Mecostethus parapleurus) ou le Criquet des clairières (Chrysochraon dispar), y sont plus communes, notamment dans le Ségala. Enfin, citons la présence de la Blatte jaune (Ectobius lapponicus), peu commune dans la région.

Le peuplement arachnologique connu comprend plus de 150 taxons avec un cortège hygrophiles très original, avec des espèces cantonnées en Occitanie au Massif central, comme Gnaphosa nigerrima en limite d’aire de répartition vers le sud. D’autres taxons remarquables sont à mentionner : Aphileta misera, Attulus caricis et A. floricola, Heliophanus dubius, ou encore Pelecopsis radicola et Taranuncus setosus. Ces dernières espèces ne sont mentionnées qu’au sein de tourbières en bon état de conservation et sont toujours rares.

Une partie de la ZNIEFF est propriété du Conservatoire d’espaces naturels d’Occitanie qui y mène des actions de connaissance, de gestion et de sensibilisation en faveur de la biodiversité.

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Le site des « zones humides de Mourèze » correspond à une succession de prairies marécageuses à tourbeuses situées à la source d’un affluent rive droite du ruisseau du Mamoul, à proximité du hameau de Mourèze. Il est délimité de toutes parts par des ensembles plus banals de bois ou de prairies améliorées et drainées.