ZNIEFF 730030356
La tourbière des Naudes et Graves du Bernet

(n° régional : Z2PZ0077)

Commentaires généraux

La tourbière des Naudes et Graves du Bernet est située sur la Save, en amont de Pinas. Elle est disposée entre 580 et 613 m d’altitude, dans la partie sud-est du plateau de Lannemezan, en position sommitale. Elle occupe une gouttière allongée et ayant peu de relief, formée par la Save qui est ici proche de sa source. Le climat est humide et chaud en été, froid en hiver, du fait de la position du site qui se trouve soumis aux précipitations, aux vents et à l’ensoleillement.

Les sols sont des cailloutis du plateau de Lannemezan (Pliocène supérieur), galets disposés dans une masse argileuse. Ils sont très imperméables et conservent en surface les eaux des précipitations.

La Save est ici réalimentée par le système Neste, ce qui induit un entretien des arrivées et de la circulation de l’eau, et un régime hydrologique perturbé.

Les habitats naturels à valeur patrimoniale sont répartis en chapelets de part et d’autre de la rivière. Ils comprennent des boisements de tourbière dégradée et de bord de rivière, avec des formations à Saule cendré (Salix cinerea) et Bourdaine (Frangula alnus) longeant le cours de la rivière et certains fossés. L’Aulnaie-frênaie riveraine l’accompagne. Elles incluent toutes deux une frange de mégaphorbiaie avec des hautes herbes des milieux humides et de fougères, avec l’Eupatoire chanvrine (Eupatorium canabinum), la Reine des prés (Filipendula ulmaria), l’Angélique des bois (Angelica sylvestris) et l’Osmonde royale (Osmunda regalis), déterminante.

On trouve également des formations pionnières à Bouleau (Betula pendula) développées au détriment des landes humides.

Les plantations de conifères incluses dans le site ont été substituées à la lande humide. Elles comprennent encore dans leurs marges des fragments pouvant accueillir certaines espèces patrimoniales, notamment l’Ajonc nain (Ulex minor), déterminant ici en zone Pyrénées, la Bruyère à quatre angles (Erica tetralix) et l’Osmonde royale.

On note surtout un complexe de tourbière acide ayant subi des dégradations physiques mais rarement des atteintes fonctionnelles. Il comprend des espèces des bas-marais acides et des landes humides : Gentiane pneumonanthe (Gentiana pneumonanthe, déterminante) et Bruyère à quatre angles, avec des coussins de sphaignes souvent isolés (Sphagnum papillosum, Sphagnum denticulatum). Il comprend en outre plus ponctuellement des éléments de tourbière active dégradée dominée par la Molinie bleue (Molinia caerulea) avec pour les parties encore en état des habitats du Rhynchosporion à Rossolis intermédiaire (Drosera intermedia) et Rhynchospore blanc (Rhynchospora alba). On rencontre également encore de la tourbière active avec le Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia), la Parnassie des marais (Parnassia palustris) et l’Ossifrage (Narthecium ossifragum). Les parties les plus humides tendent enfin à former des radeaux avec le Millepertuis des marais (Hypericum elodes) et un Potamot (Potamogeton sp.)

Une grande partie de la lande sèche a été remplacée par des boisements de conifères. Elle subsiste cependant surtout au niveau de bordures, notamment avec l’Ajonc nain, la Lobélie brûlante (Lobelia urens) et la Callune (Calluna vulgaris).

Ces habitats de tourbière sont intéressants, mais, ayant subi des atteintes multiples et un abandon ancien, ils gagneraient à être restaurés, surtout du point de vue de la réouverture du milieu et probablement sur le plan hydrique.

La tourbière des Naudes et des Graves de Bernet est surtout intéressante par la présence d’un cortège complet d’espèces végétales liées aux milieux tourbeux.

Certaines sont reconnues pour leur rareté ou leur valeur patrimoniale : les Rossolis à feuilles rondes et intermédiaire sont sur la liste nationale des espèces protégées ; le Millepertuis des marais bénéficie d’une protection régionale ; la Petite scutellaire (Scutellaria minor) est sur le Livre rouge régional des espèces menacées ; l’Osmonde royale, la Gentiane pneumonanthe, le Rhynchospore blanc, le Scirpe des marais (Eleocharis palustris) et le Petit mouron (Anagallis minima) sont des espèces déterminantes.

On note en outre plusieurs espèces d’intérêt patrimonial ou bio-indicatrices comme la Lobélie brûlante, l’Ossifrage, la Bruyère à quatre angles...

Assez peu de données ont été communiquées concernant la faune de ce site. On note cependant plusieurs observations de Putois (Mustela putorius), qui indiquent la bonne qualité du complexe humide et de la chaîne alimentaire concernée.

Le site est par ailleurs situé sur une voie migratoire d'oiseaux d’eau.

On doit enfin y signaler la régularité des haltes de cigognes noires (Ciconia nigra), restant toujours en petit nombre, mais apparaissant chaque année.

Commentaires sur la délimitation

La délimitation du site a été réalisée sur la base de l’agencement des zones humides, notamment des contours de la tourbière et des bois marécageux intéressants qui l’entourent.

Les plantations de conifères qui ont été incluses ont été substituées à la lande humide. Elles comprennent encore dans leurs marges des fragments pouvant accueillir certaines espèces patrimoniales.