Ce site correspond au cours de la Neste et à ses affluents en amont d’Arreau, à une altitude comprise entre 720 et 2 140 m. Le climat est collinéen en partie basse avec quelques points de végétation méditerranéenne, montagnard puis subalpin lorsqu’on s’élève dans les vallées. Le bassin de Saint-Lary/Vielle-Aure/Ancizan ainsi qu’une partie des cours en amont bénéficient d’entrées climatiques méditerranéennes et d’un assèchement de l’air sur les versants dû aux fortes convections qui s’y manifestent.
En ce qui concerne les habitats naturels, le milieu aquatique comprend quelques petits herbiers de renoncules (Ranunculus trichophyllus) et de characées (Chara sp.) liés aux annexes aquatiques, ruisselets et plans d’eau d’anciennes gravières (Agos). Les formations rivulaires comprennent des végétations herbacées de plantes alpines ou d’éboulis colonisant les bancs de graviers, des massifs de saules arbustifs (Saule drapé [Salix eleagnos], Saule pourpre [Salix purpurea]), parfois mélangés avec quelques pieds de Tamarin d’Allemagne (Myricaria germanica). La persistance de ce complexe de trois habitats rivulaires lié à une forte dynamique fluviale est le point le plus intéressant du site au moins du point de vue des habitats présents.
Les parties de graviers trop enrichis en éléments nutritifs présentent des cortèges appauvris d’annuelles des vases (Bidention ou Chenopodion rubri).
Les boisements riverains sont constitués de saulaies blanches et d’aulnaies-frênaies.
Les prairies riveraines comprennent des prairies de fauche montagnardes, avec une flore riche et caractéristique, notamment le Narcisse des poètes (Narcissus poeticus), déterminant, la Sanguisorbe officinale (Pimpinella major), l’Avoine dorée (Trisetum flavescens), la Renouée bistorte (Polygonum bistorta) et la Berce des Pyrénées (Heracleum pyrenaicum). Elles constituent l’un des principaux attraits du site du fait de leur bon entretien notamment sur les zones les plus plates (bassins) où la fauche s’est maintenue. Des prairies maigres de fauche existent également, mais sont en général plus banales et moins caractéristiques de ce site.
Certaines pelouses sèches sur terrain calcaire s’apparentent au Mesobromion avec la présence de quelques plantes (non déterminantes) de milieux plus chauds comme la Bugrane fétide (Ononis natrix), voire le Réséda de Jacquin (Reseda jacquini) habituellement plus oriental dans les Pyrénées. Ces pelouses semblent plus rares.
Les zones rocheuses sont représentées notamment sur le défilé de la Neste entre Saint-Lary-Soulan et Tramezaigues, occupées localement par une végétation de parois calcaires très typique comprenant notamment la Ramonde (Ramonda myconi) et la Saxifrage des Pyrénées (Saxifraga longifolia), la Doradille des fontaines (Asplenium fontanum) ou le Millepertuis à sous (Hypericum nummularium).
Plus haut en altitude apparaissent des pelouses et localement des landes subalpines à Rhododendron et Myrtille.
Les forêts jouxtant la rivière se partagent entre forêts sempervirentes de Pin sylvestre (Pinus sylvestris) ou de Sapin (Abies pectinata) et boisements feuillus : forêts de ravins à tilleuls (Tilia cordata) ou érables (Acer pseudoplatanus et Acer platanoides) sur les terrains instables, hêtraies sur les terrains plus fermes.
Les zones marécageuses sont constituées de rares marais alcalins (Eget, Vielle-Aure) où apparaissent la Prêle panachée (Equisetum variegatum) et l’Épipactis des marais (Epipactis palustris).
Les franges riveraines sont fréquemment occupées par des mégaphorbiaies, rideaux de hautes herbes à larges feuilles comme la Valériane des Pyrénées (Valeriana pyrenaïca) ou le Cirse de Montpellier (Cirsium monspessulanum), non déterminant, vivant dans des conditions très hygrophiles. Il s’agit encore d’un habitat montagnard à subalpin très typique des bords de rivières.
On notera que la plupart des habitats cités sont déterminants et appartiennent à l’annexe I de la directive « Habitats ».
La haute vallée de la Neste présente un cortège important d’espèces végétales à forte valeur patrimoniale. On compte parmi elles une protégée nationale : le Lycopode des Alpes (Diphasiastrum alpinum) que l’on trouve dans des landes subalpines proches des sources de certains torrents du site (Piau-Engaly).
Sont également présentes des espèces inscrites sur la liste rouge régionale telles que la Ramonde des Pyrénées (Ramonda myconi), le Tamarin d’Allemagne (Myricaria germanica) ou l’Iris des Pyrénées (Iris latifolia), mais aussi des espèces déterminantes régionales : l’Épipactis des marais (Epipactis palustris), le Liondent de Dubois (Leontodon duboisii), la Prêle panachée (Equisetum variegatum), le Réséda glauque (Reseda glauca), la Saxifrage des Pyrénées (Saxifraga longifolia) et la Valériane des Pyrénées (Valeriana pyrenaica).
La présence d’une faune riche et caractéristique est établie, avec 3 espèces de l’annexe II de la directive « Habitats », protégées au niveau national : la Loutre d’Europe (Lutra lutra), qui a recolonisé le site dans la première moitié des années 2000 ; le Desman des Pyrénées (Galemys pyrenaicus), en régression, au moins dans la partie aval du site ; l’Écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes), surtout liée aux ruisselets, observée pour la dernière fois en 2002 ? ces trois espèces sont ici inféodées à l’eau fraîche de la rivière ou des torrents.
On y observe également l’Euprocte des Pyrénées (Euproctus asper), protection nationale et annexe IV de la directive « Habitats », et le Chevalier guignette (Actitis hypoleucos), lié aux rives et bancs de graviers, annexe I de la directive « Oiseaux ».
Enfin, ce site plutôt linéaire présente de place en place un attrait paysager certain.
La délimitation du site a été réalisée sur la base du tracé du cours de la Neste en amont d’Arreau, depuis Piau-Engaly, en retenant en général une bande de 10 m de part et d’autre du lit mineur. Cette bande est élargie aux stations signalées d’espèces de plantes déterminantes liées aux zones humides, aux parois formant des gorges ou aux prairies riveraines attenantes au cours, ainsi qu’aux aires de vigilance associées à la présence d’espèces faunistiques patrimoniales. Cette partie de la ZNIEFF est cohérente avec les contours du site Natura 2000 : « Garonne amont ». À ce cours s’ajoutent en outre les parties de torrents affluents de la Neste qui ne sont pas repris dans les ZNIEFF consacrées aux massifs voisins. Le site correspond donc au chevelu hydrographique de la Neste situé en amont, amputé des parties supérieures d’affluents intégrés à d’autres ZNIEFF.