Ce site correspond aux zones inondables de la vallée du Jô, qui se trouve dans le piémont commingeois. Il englobe aussi certains boisements riverains appartenant au bassin versant de cette vallée. Le ruisseau du Jô prend sa source à la Serre-de-Cazeaux, au nord de Saint-Gaudens. Il s’écoule, d’ouest en est sur une quinzaine de kilomètres, en traversant des coteaux et des zones agricoles de culture et d’élevage, avant de rejoindre la Garonne, en aval de Lestelle-de-Saint-Martory. Dans ce territoire collinéen où les cultures dominent, un remembrement agricole a été réalisé ces dernières décennies. Par ailleurs, l’itinéraire de l’autoroute A64 emprunte cette vallée sur 5,5 km, entre Lestelle-de-Saint-Martory et Saint-Médard. Cependant, des prairies naturelles pâturées ou fauchées situées en fond de versant, et des boisements localisés sur les principaux versants, subsistent encore, çà et là.
La richesse en plantes déterminantes des prairies semi-naturelles constitue l’enjeu majeur de cette ZNIEFF. Leur composition floristique dépend de plusieurs facteurs : l’hygrométrie, le niveau de fertilisation, l’acidité du sol, une pratique agricole privilégiant le pâturage ou la fauche... On trouve deux types remarquables de prairies de fauche. La prairie de fauche de l’alliance phytosociologique du Bromion racemosi (37.21) est présente sur des sols régulièrement engorgés au printemps, puis secs en été et en automne. Dans les niveaux topographiques légèrement supérieurs, on rencontre la prairie de fauche atlantique (38.21), qui est un habitat déterminant et d’intérêt communautaire (relevant de la directive européenne 92/43/CEE « Habitats-Faune-Flore »). Certains de ces groupements prairiaux peuvent être rattachés à l’association phytosociologique du Lino biennis-Cynosuretum cristati. Ces types de prairies sont en régression suite à l’intensification des pratiques agricoles et, dans certains cas, à l’abandon de la fauche traditionnelle. Les prairies naturelles sont donc le plus souvent pâturées. Il existe deux types de prairies permanentes pâturées, en fonction de l’hygrométrie des sols. Les prés pâturés hygrophiles (Mentho suaveolentis-Festucetum arundinaceae 37.24) sont liés à des sols neutrophiles à acidoclines. Quand le Jonc arqué (Juncus inflexus) domine, il leur confère une couleur glauque caractéristique. En contexte plus sec, le pré commun du Cynosurion cristati (38.1) est moins intéressant du point de vue naturaliste. En outre, un pourcentage important des parcelles agricoles correspond à des prairies artificielles ou à des cultures. Les boisements riverains sont dominés par les chênes. Cependant, de petits peuplements de frênes et d’aulnes apparaissent au bord du cours d’eau (44.31), principalement en amont et toujours sur des surfaces réduites.
Les prairies fauchées et peu fertilisées sont riches en plantes déterminantes : le Colchique d’automne (Colchicum autumnale), l’Orchis incarnat (Dactylorhiza incarnata subsp. incarnata), l’Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum), l’Œnanthe faux boucage (Oenanthe pimpinelloides), l’Orchis grenouille (Coeloglossum viride), l’Achillée ptarmique (Achillea ptarmica subsp. ptarmica) et, surtout, la Fritillaire pintade (Fritillaria meleagris), espèce protégée en Haute-Garonne. Avec 61 stations de Fritillaire pintade recensées sur l’ensemble du linéaire, cette plante est en quelque sorte l’emblème de cette ZNIEFF. Plusieurs centaines à plusieurs milliers de fleurs s’épanouissent au printemps dans quatre à cinq prairies remarquables. La Fritillaire pintade est typiquement une plante caractéristique des prairies de fauche inondées au printemps. Pourtant, elle se retrouve ici, le plus souvent dans des situations de refuge : coins des parcelles, bords des berges et boisements riverains. Quelques pieds isolés se développent même aux abords de l’autoroute A64. Ils ont été vus sur les talus régulièrement fauchés des rambardes de sécurité, ainsi que sous de jeunes plantations situées de part et d’autre des voies de circulation. Ainsi, quand on regarde en détail le profil de l’ensemble des stations recensées, on en déduit que la Fritillaire pintade est en voie de raréfaction dans la vallée du Jô, comme d’ailleurs dans le reste de la France. Elle est défavorisée par l’intensification de l’agriculture. Signalons aussi une station d’environ 500 pieds du Narcisse trompette (Narcissus bulbocodium). Elle a été observée dans une prairie pâturée légèrement en pente, située à proximité du ruisseau du Jô. Ce petit narcisse à floraison vernale n’est pas déterminant en zone de montagne. Pourtant, cette donnée présente un intérêt biogéographique certain. En effet, ce taxon répertorié uniquement dans le Sud-Ouest de la France arrive ici dans une de ses stations les plus orientales connues. Quelques populations isolées du Narcisse trompette se développent aussi en bordure du ruisseau du Soumès, non loin de là. En outre, ce territoire comporte à faible altitude (370 m en moyenne) des espèces montagnardes en limite d’aire de répartition. Le Lis martagon (Lilium martagon), la Scille lis-jacinthe (Scilla lilio-hyacinthus) et l’Isopyre faux pygamon (Thalictrella thalictroides) fleurissent en sous-bois et sur les berges, à proximité du ruisseau. La richesse faunistique est également remarquable. Une réserve d’eau artificielle appartenant aux Autoroutes du Sud de la France et située à 500 m du lit mineur du Jô accueille de nombreuses espèces d’oiseaux dont deux sont déterminantes : le Râle d’eau (Rallus aquaticus) et la Rousserolle turdoïde (Acrocephalus arundinaceus). Leur nidification reste cependant à confirmer. 3 papillons patrimoniaux vivent dans cette vallée. Le Damier de la succise, protégé en France et relevant de l’annexe II de la directive européenne 92/43/CEE, se développe sur la Succise des prés. Il est présent dans les prairies mésohygrophiles fauchées. Le Nacré de la filipendule (Brenthis hecate), la Filipendule étant sa plante hôte, a été recensé dans une prairie de fauche. Le Grand Nègre des bois (Minois dryas), rare en Comminges, a été observé dans une prairie humide en déprise agricole. L’Aeshne affine (Aeshna affinis), l’Agrion mignon (Coenagrion scitulum) et le Leste dryade (Lestes dryas), trois libellules déterminantes, se reproduisent sur ce site. Toutefois, les zones de reproduction potentielles semblent peu fréquentes en vallée du Jô. La réserve d’eau artificielle citée précédemment constitue un site notoire de reproduction pour les odonates. En 2008, 19 espèces différentes de libellules y ont été recensées. Enfin, dans les secteurs les plus humides des prairies, il est fréquent d’entendre chanter le Grillon des marais (Pteronemobius heydenii, non déterminant).
Les zones inondables et les boisements riverains ont des fonctions de régulation hydraulique. De plus, ces surfaces recouvertes de prairies et de bois ont un rôle naturel de protection contre l’érosion des sols. Ces milieux constituent également un corridor écologique pour la faune.
Ce site correspond aux zones inondables de la vallée du Jô, depuis sa source jusqu’à sa confluence avec la Garonne. Il englobe en outre quelques versants forestiers riverains. Une enclave comprenant une réserve d’eau, située à 500 m du lit mineur du Jô, a été prise en compte dans la ZNIEFF. Bien qu’artificielle, cette zone humide présente un intérêt faunistique marqué. Les milieux humides et les milieux forestiers renferment des espèces déterminantes. Les prairies naturelles et les boisements ont des fonctions de régulation hydraulique et un rôle naturel de protection contre l’érosion des sols. Ces milieux constituent également un corridor écologique pour la faune. La ZNIEFF est constituée de plusieurs périmètres séparés par des axes de communication.