ZNIEFF 730030517
Petites Pyrénées en rive gauche de la Garonne

(n° régional : Z2PZ2058)

Commentaires généraux

Cette ZNIEFF de type 2 rassemble plusieurs grands massifs forestiers faisant partie des chaînons sous-pyrénéens des Petites Pyrénées, en rive gauche de la Garonne. Au sein de cet ensemble, deux ZNIEFF de type 1 ont été retenues : « Versants sud des massifs du Mont Grand et de Cassagnau » et « Bois de la Hage et massifs de Laffite-Toupière à la Garonne ». Ces reliefs, qui ne dépassent pas 500 m d’altitude, à l’exception du sommet de Cassagnau (532 m) et de celui du Mont-Grand (519 m) situés au nord-est, sont caractérisés par des affleurements calcaréo-marneux. La végétation est contrastée entre les versants nord et sud des principaux sommets. En soulane, des pelouses basophiles ou des landes se ferment progressivement suite à l’abandon des pratiques agricoles sur les versants pentus. Des surfaces importantes constituées par des fourrés et par la chênaie recouvrent les pentes. Sur des calcaires durs, la dynamique de la végétation est ralentie. On y trouve des pelouses rocailleuses, des dalles à orpins, des fruticées thermophiles, ainsi que des bois de chênes pubescents clairsemés. En ombrée, des hêtraies s’étendent localement sur des surfaces importantes, induisant une ambiance montagnarde à ces basses altitudes. Ailleurs, c’est la chênaie-charmaie qui domine. On note toutefois la présence de plusieurs plantations de résineux dans certains massifs forestiers. Au sein de ces massifs, des ruisselets serpentent le long de certains talwegs frais. Des concrétions calcaires remarquables se sont formées sur l’un d’entre eux. Les grandes zones forestières sont reliées les unes aux autres par des éléments du bocage tels que des bosquets, un réseau de haies partiellement conservé, des prairies, ainsi que des cultures dont certaines sont encore gérées de façon extensive. La rivière de la Noue traverse ce territoire calcaire dans sa partie méridionale, avant de rejoindre la Garonne plus à l’est. Des prairies mésophiles pâturées ou fauchées ainsi que des cultures apparaissent le long de cette vallée, sur les versants de faible pente et à proximité des hameaux. Quant aux prairies humides ou mésohygrophiles, elles représentent de petites surfaces situées à proximité des rares cours d’eau.

La flore est remarquable et diversifiée pour ce territoire de collines. La présence de nombreuses plantes calcicoles et thermophiles, d’affinités méditerranéennes, constitue un grand intérêt phytogéographique. L’Aphyllanthe de Montpellier (Aphyllanthes monspeliensis), protégée en Haute-Garonne, atteint ici la limite occidentale de son aire de répartition ; il en est de même pour l’Odontite visqueux (Odontites viscosus), une plante euryméditerranéenne qui est rare en région Midi-Pyrénées mais non déterminante en plaine. Le Romarin (Rosmarinus officinalis), dont quelques pieds ont été recensés dans le secteur de la carrière de Cassagnau, pourrait constituer un cas de figure similaire, bien que l’on puisse émettre quelques doutes sur la spontanéité de cette station. Enfin, signalons une mention du Chêne vert (Quercus ilex). Si la présence de ce peuplement d’yeuses (Chêne vert en occitan) et son caractère indigène sont confirmés, cette station serait déconnectée de celles de la Barousse et du Luchonnais, les deux stations les plus occidentales connues dans le versant nord-pyrénéen. Par ailleurs, cette influence méditerranéenne s’exprime particulièrement sur les affleurements de calcaires durs exposés au sud. On y trouve l’Osyris blanc (Osyris alba) et le Jasmin buissonnant (Jasminum fruticans), deux espèces rares en Comminges, qui se développent en sous-bois. Ces peuplements sont composés par deux arbustes au feuillage persistant : l’Alaterne (Rhamnus alaternus), déterminant, et la Filaire intermédiaire (Phillyrea media), non déterminante bien que rare dans le sud de la Haute-Garonne, ainsi que par l’Érable de Montpellier (Acer monspeliensis) et le Buis (Buxus sempervirens), également non déterminants. Dans d’autres versants secs, des bois occidentaux de chênes pubescents accueillent l’Iris graminée (Iris graminea), protégé en Midi-Pyrénées, le Limodore à feuilles avortées (Limodorum abortivum) et l’Asperge à feuilles aiguës (Asparagus acutifolius). Quant au Fraisier vert (Fragaria viridis) et à la Corroyère (Coriaria myrtifolia), respectivement déterminants en plaine et dans les Pyrénées, ils fleurissent dans les lisières thermophiles de ces bois et groupements pré-forestiers. Sur ces coteaux, d’autres taxons remarquables ont été recensés dans les pelouses basophiles et dans des landes dominées par le Genévrier (Juniperus communis), le Faux genêt d’Espagne (Spartium junceum) et, plus rarement, par le Genêt scorpion (Genista scorpius), qui est déterminant en plaine. On peut citer en outre : la Leuzée conifère (Leuzea conifera), protégée en Haute-Garonne, l’Anthéric (Anthericum liliago), le Brachypode à deux épis (Brachypodium distachyon), la Lavande à larges feuilles (Lavandula latifolia), la Stéhéline douteuse (Staehelina dubia), ainsi que de nombreuses orchidées dont l’Épipactis brun rouge (Epipactis atrorubens). Contrastant avec cette flore thermophile, on rencontre sur les versants en ombrée et le long des cours d’eau une flore d’influence montagnarde. Plusieurs plantes sont ici en limite inférieure altitudinale de leur aire de répartition : le Lis martagon (Lilium martagon), l’Euphorbe d’hiver (Euphorbia hyberna), l’Épipactis helléborine (Epipactis helleborine subsp. helleborine), le Gaillet glabre (Cruciata glabra), l’Isopyre faux pigamon (Thalictrella thalictroides) et la Scille lis-jacinthe (Scilla lilio-hyacinthus). Notons également la présence remarquable de petites populations de Muguet (Convallaria majalis) sur ce site collinéen. Dans les secteurs les mieux préservés de l’ancien bocage, d’autres intérêts floristiques perdurent dans un contexte global d’abandon des pratiques agricoles traditionnelles. Certaines prairies naturelles de fauche mésophiles à mésohygrophiles, faiblement amendées, sont constituées de riches cortèges de plantes avec le Colchique d’automne (Colchicum autumnale) et l’Ophioglosse (Ophioglossum vulgatum). Dans la zone cultivée, on dénombre plusieurs messicoles ou plantes remarquables des moissons dans des parcelles peu fertilisées et faiblement traitées en pesticides. 13 plantes déterminantes, inféodées aux cultures extensives, ont été recensées dont le Pavot argémone (Papaver argemone), un petit coquelicot rare en Haute-Garonne, l’Adonis d’automne (Adonis annua), le Myagre perfolié (Myagrum perfoliatum), ainsi que le Silène de France (Silene gallica). Ces messicoles sont en voie de disparition en France suite à l’intensification de l’agriculture. La faune est à l’image de la flore, tout aussi remarquable et diversifiée. L’Aigle botté (Hieraaetus pennatus) et le Pic noir (Dryocopus martius) nichent sur ce territoire boisé. Le Seps strié (Chalcides striatus) vit dans des pelouses rocailleuses. Il s’agit d’une des rares populations relictuelles isolées en région Midi-Pyrénées. En dehors de la zone méditerranéenne de l’Olivier, ce reptile d’Europe occidentale méditerranéenne se rencontre uniquement dans des habitats xériques. Parmi les amphibiens, les observations les plus remarquables concernent le Crapaud calamite (Bufo calamita) et le Triton marbré (Triturus marmoratus), dont plusieurs individus se reproduisaient en mai 2006, dans une mare située entre des prairies et des bois. La richesse en insectes est également de premier plan. 7 orthoptères déterminants ont été inventoriés dans différents types de milieux. Le Criquet des friches (Omocestus petraeus) vit dans des milieux secs, tout comme l’Œdipode germanique (Oedipoda germanica germanica), un criquet très rare à moins de 600 m d’altitude en Haute-Garonne. Les observations de la Decticelle des roselières (Pholidoptera femorata) sont également remarquables bien que non déterminantes ici, puisque cette sauterelle, rare dans les Pyrénées, arrive ici dans sa limite occidentale de répartition. Avec une grande diversité d’habitats calcicoles et thermophiles, ce territoire est riche en papillons avec la Bacchante (Lopinga achine), le Damier de la succise (Euphydryas aurinia) et l’Azuré du serpolet (Maculinea arion), trois espèces protégées au niveau national, ainsi que le Nacré de la filipendule (Brenthis hecate) et le Miroir (Heteropterus morpheus). Le Chiffre (Argynnis niobe), le Moyen Nacré (Argynnis adippe), le Thécla du prunellier (Satyrium spini) et le Thécla de l’yeuse (Nordmannia ilicis), qui appartiennent au cortège des rhopalocères déterminant « bocages, lisières », ont été recensés. En ce qui concerne les autres invertébrés, peu de données sont disponibles. Ces milieux calcaires sont potentiellement favorables aux mollusques terrestres. Toutefois, seulement 2 espèces déterminantes, Cochlostoma crassilabrum subsp. nov. et Cochlostoma nouleti, ont été inventoriées. En outre, une petite population d’Écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes) est encore présente dans un petit ruisseau intraforestier ayant conservé une eau de bonne qualité. Cette espèce, qui était relativement commune il y a quelques décennies en Comminges, est désormais en voie de raréfaction, suite aux évolutions des pratiques agricoles qui altèrent son habitat et aux pollutions récurrentes de l’eau des ruisseaux et des rivières. Un troisième type de menace se rajoute désormais, à la suite des introductions illégales d’écrevisses américaines. Ces dernières, observées dans des ruisseaux du piémont, constituent des vecteurs de maladies, et sont susceptibles de rentrer en compétition avec l’écrevisse autochtone.

La conservation d’habitats secs et thermophiles, de milieux forestiers naturels, ainsi que des milieux agropastoraux traditionnels a permis à des plantes et à des animaux rares en Haute-Garonne et situés, pour plusieurs d’entre eux, en limite de leur aire de répartition, de se reproduire et de s’alimenter. En ce sens, ces milieux forestiers, calcaires et agropastoraux jouent un rôle important de réservoir biologique. Ces richesses sont liées non seulement à ce contexte géomorphologique favorable, mais aussi aux activités humaines limitées sur les principaux reliefs et à des pratiques agropastorales extensives ayant façonné un paysage de bocage sur les terres les plus accessibles. Aujourd’hui, malgré une déprise agricole sur les principaux versants, le développement d’une agriculture intensive fait de cette biodiversité un patrimoine fragile.

Commentaires sur la délimitation

Ce territoire rassemble plusieurs massifs forestiers faisant partie des chaînons sous-pyrénéens des Petites Pyrénées, en rive gauche de la Garonne. Une série de roches calcaréo-marneuses affleure sur ce site, qui est homogène du point de vue de la géomorphologie et de la géologie. Le contour a été choisi en fonction de cette géomorphologie et de la présence d’habitats ou d’espèces remarquables. Ces éléments déterminants ont été recensés sur l’ensemble des formations végétales (pelouses en soulane, landes et boisements montagnards en ombrée). En périphérie des zones boisées et des milieux thermophiles, des zones bocagères, des prairies et des secteurs de cultures extensives ont été retenus. Ces milieux agricoles présentent d’autres enjeux (messicoles, orthopthères...). Au nord-est du site, l’ancienne carrière qui abrite plusieurs espèces déterminantes (Romarin et Iris à feuilles de graminée entre autres) a été incluse dans la ZNIEFF. Les bois et les portions de landes et pelouses sèches du secteur de Bouzin, qui forment une continuité de l’habitat du Seps strié et de la Bacchante, ont également été intégrés, et ce, malgré la présence de plantations d’arbres.