ZNIEFF 730030542
Rivière de la Pique, entre Luchon et la Garonne.

(n° régional : Z2PZ0303)

Commentaires généraux

Le site concerne la Pique entre Luchon et sa confluence avec la Garonne. Elle est, sur cette partie de son cours, une rivière de moyenne montagne longeant des sommets culminant à moins de 2 000 m d’altitude. Elle est alimentée par des torrents venant de la haute montagne (plusieurs sommets de plus de 3 000 m), dont une partie des eaux proviennent de la fonte des neiges et des glaciers. Ceci lui confère, au moins en théorie, un débit estival élevé, mais la présence de barrages, de centrales électriques et la régression des glaciers en atténuent les effets. Cette ZNIEFF de la Pique comprend trois parties. Tout d’abord, en amont, se situe un bassin alluvial de faible relief, entre Saint-Mamet et Cier-de-Luchon, où la rivière est enserrée entre deux digues très anciennes de pierres sèches et de terre et dont les prairies environnantes sont parcourues par des ruisseaux, canaux et fossés entourés de haies bocagères. Plus en aval, entre Cazaux-Layrisse et Signac, le lit de la rivière se resserre, formant localement des gorges. Enfin, c’est une plaine alluviale qui rejoint celle de la Garonne, entre Cierp-Gaud et Marignac. Ce site a un climat globalement montagnard, mais la rivière longe, de Cierp à Cazarilh, des stations chaudes au climat oro-méditerranéen. La rivière présente de nombreux faciès d’écoulement (pools, courants, courants profonds...) favorables à la reproduction et au développement des saumons (Salmo salar). On y relève en outre, à partir d’Antignac, la présence d’herbiers de Renoncule aquatique (Ranunculus aquaticus). Les milieux annexes offrent une gamme plus diversifiée d’habitats naturels avec notamment l’existence d’eaux oligotrophes où se développent des « herbiers » de characées, sur une gravière située tout en aval ainsi que, au niveau de Layrisse, plusieurs sources pétrifiantes présentes sur les deux rives et quelques parois rocheuses calcaires avec une végétation spécifique. On notera également la présence de mégaphorbiaies sur les berges ombragées tandis que le bassin amont comprend des prairies de fauche montagnardes marquées, au printemps, par d’abondants parterres de Narcisse des poètes (Narcissus poeticus) et des prairies maigres de fauche. La rivière comprend également quelques formations de bois alluviaux d’Aulne glutineux (Alnus glutinosa), de saules (Salix alba et Salix fragilis) et de Frêne (Fraxinus excelsior) bien développés, surtout entre Antignac et Cier-de-Luchon et en général au niveau des confluences d’affluents. Les parties moyennes et aval de la Pique constituent une zone importante pour la restauration des populations de Saumon atlantique. C’est le principal point de relâcher de saumons adultes sur le réseau amont de la Garonne (procédure « migration transport »), avec des reproductions en nature. La rivière contient également des chabots (Cottus sp.), espèce de poisson nocturne recensée dans la directive « Habitats », très sensible aux dépôts de sédiments fins. La Loutre d’Europe (Lutra lutra) fréquente ici l’ensemble du réseau hydrographique et des zones humides associées, avec des points de présence constants et des zones de tranquillité favorables à sa reproduction et à l’élevage des jeunes. Le Desman des Pyrénées (Galemys pyrenaicus) fréquente encore cette zone avec des indices trouvés sur sa partie amont en 2007, mais la question de son maintien sur l’ensemble du site devrait être mieux étudiée. Le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros) fréquente l’amont de la rivière et chasse notamment dans le bocage riverain. La flore comprend les espèces typiques des prairies de montagne avec la Grande astrance (Astrantia major), la Sanguisorbe officinale (Sanguisorba officinalis) et la Renouée bistorte (Polygonum bistorta). Ces prairies sont, en général, en bon état de conservation du fait du maintien de la fauche dans ces secteurs facilement mécanisables. On note également, au bord des berges, la Valériane des Pyrénées (Valeriana pyrenaica) et la Lunaire vivace (Lunaria rediviva), espèces déterminantes localement bien représentées.

Le bassin alluvial de la Pique constitue un ensemble bocager assez préservé du fait d’une évolution agricole encore distincte de celle que l’on voit en plaine (le stockage de réserves de foin favorisant le maintien des prairies). On note cependant qu’au voisinage de Bagnères-de-Luchon, l’urbanisation s’est fortement développée ces dernières années, avec des effets en retour sur les nécessités d’épuration des eaux qui vont se trouver augmentées. La rivière et la partie basse de ses affluents jouent un rôle de lien entre les espèces et les habitats naturels de la haute montagne et ceux que l’on trouve dans le piémont ou plus en plaine. Certaines populations de l’aval (Loutre, Saumon atlantique, Desman) et les mégaphorbiaies nécessitent impérativement que ce relais se maintienne dans de bonnes conditions.

Commentaires sur la délimitation

Les contours de ce site correspondent à la rivière Pique de Luchon à sa confluence avec la Garonne à Cierp. L’amont de la rivière est intégrée dans la ZNIEFF « Massifs du Luchonnais et du Larboust ». Elle est centrée sur le lit mineur, augmenté de milieux riverains (sources et parois surplombantes, ancienne gravière riche en characées et boisements alluviaux, systèmes prairiaux mésophiles, montagnards ou humides) lorsque ceux-ci ont fait l’objet d’observations déterminantes. Sur la moitié amont de la ZNIEFF, le bassin de la Pique est plus large. Les ruisselets alluviaux et le cours aval des affluents sont intérgés lorsqu’ils ne sont pas inclus dans d’autres ZNIEFF. Les autres milieux riverains bien préservés mais sans données déterminantes font l’objet de la ZNIEFF de type 2 « Garonne amont, Pique et Neste ».