ZNIEFF 730030547
Côtes de Bieil et Montoussé et queue du barrage de la Gimone

(n° régional : Z2PZ0318)

Commentaires généraux

Le site, s’étendant de 260 à 337 m d’altitude, est constitué d’un coteau entaillé d’une succession de petits vallons secondaires descendant vers le nord-ouest. Le relief qu’ils créent et le morcellement foncier ont favorisé leur conservation dans un état naturel assez intéressant pour la faune et la flore. Les bas de versants coïncident avec l’arrivée de la Gimone dans le plan d’eau du même nom (ou de Lunax). Le paysage est celui d’un système bocager de pente avec émergence, aux bonnes expositions, de pelouses et de landes sèches, alors que les pentes plus rudes exposées au nord-ouest sont boisées, et les fonds de vallons sont en prairies. À l’occasion de la création du plan d’eau ont été réalisés quelques « boisements compensateurs », plantations de pins, de cèdres ou de peupliers réalisés en queue de retenue et sur certaines parties des versants. Ces boisements altèrent le paysage originel du site, mais restent encore assez modestes et occasionnent pour le moment une sylviculture peu intensifiée. La pluviométrie annuelle est comprise entre 800 et 900 mm, et la moyenne des températures annuelles est aux alentours de 11°C. Le climat est atlantique doux avec quelques tendances subméditerranéennes qui peuvent parfois se manifester par des moments de sècheresse estivale, renforcés sur les terrains pierreux et bien exposés.

Les habitats naturels déterminants du site sont d’abord les pelouses riches en orchidées dont la richesse a amené la désignation du site dans le réseau Natura 2000. Elles se composent de pelouses mésophiles (ou Mesobromion) dominantes et de pelouses très sèches (Xerobromion) limitées aux parties escarpées des pentes marneuses. La nature des sols et la faible pression de pâturage ou de fauche ont favorisé l’apparition ou le maintien de landes sèches à Spartier (Spartium junceum) ou à Genévrier commun (Juniperus communis), qui peuvent constituer, avec les pelouses, des mosaïques plus ou moins denses également intéressantes pour les orchidées et pour les papillons. Les terrains au relief moins accusé des fonds de vallons ou des pentes sont le plus souvent occupés par des prairies maigres de fauche dont la richesse en espèces herbacées est importante. Dans certains vallons, l’existence de sources diffuses crée des mouillères ou prairies humides, qui se ressuient en fin de printemps et sont le plus souvent fauchées. Leur flore a une tonalité beaucoup plus hygrophile, notamment par les orchidées ou certaines fougères qu’on y observe. La queue du plan d’eau présente une végétation amphibie qui subit de longues périodes d’assèchement, ce qui en limite l’intérêt. Cependant, les hautes herbes et les éléments touffus de saulaie et d’aulnaie favorisent la présence du Râle d’eau.

La flore est donc marquée par la variété des orchidées observées (26 espèces). L’Orchis parfumé (Orchis coriophora subsp. fragrans), qui est protégé en France, est présent sur les pelouses et versants s’asséchant à partir de la fin du printemps, mais pouvant être très humides au printemps. Les prairies humides des vallons contiennent l’Orchis grenouille (Coeloglossum viride), souvent accompagné par l’Orchis à fleurs lâches (Orchis laxiflora), une espèce non déterminante, et plus rarement par l’Orchis incarnat (Dactylorhiza incarnata). On y voit également une fougère discrète et assez rare en plaine, qui disparaît avec les chaleurs de l’été : l’Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum). Ces dernières espèces sont devenues rares dans les zones soumises à l’intensification agricole. Elles persistent dans ces coteaux du fait de l’agriculture extensive qui y est pratiquée. Les insectes viennent au premier rang des espèces faunistiques déterminantes présentes avec des papillons de jour, des insectes du bois et un orthoptère. Trois espèces d’azurés sont à signaler. L’Azuré du serpolet (Maculinea arion) est présent sur les pelouses sèches et mésophiles du site. Cette espèce protégée au niveau national et appartenant à l’annexe IV de la directive « Habitats » y a été observée à plusieurs reprises. L’Azuré des orpins (Scolitantides orion) a également été observé dans les parties sèches du site. Cette espèce qui connaît une forte régression en France est l’une des plus intéressantes observées sur ce site. L’Azuré de la jarosse (Polyommatus amandus) est également présent dans ces pelouses. Ces deux dernières espèces méridionales sont ici en limite de leur aire de répartition. Les grandes zones herbeuses peu modifiées contiennent le Miroir (Heteropterus morpheus) et la Mélitée des linaires (Melitaea dejone). Enfin, les versants, qui connaissent une forte humidité de fin d’hiver et s’assèchent ensuite, sont colonisés par la Molinie faux roseau (Molinia arundinacea). Elle correspond ici à l’hôte principal du Grand Nègre des bois (Minois dryas), papillon très bien représentée dans ces secteurs. Le cortège des coléoptères saproxyliques est intéressant et localisé dans plusieurs gros chênes âgés, caractéristiques du bocage de ces coteaux (haies, bordures, arbres isolés). Ont été noté un ensemble de 6 espèces déterminantes dont la Grande Cétoine (Cetonischema aeruginosa), auxquelles s’ajoutent 2 espèces non déterminantes : le Grand Capricorne velu (Cerambyx velutinus) et le Lucane cerf-volant (Lucanus cervus), très présent sur ce site et appartenant à l’annexe II de la directive « Habitats ». Le Grillon des marais (Pteronemobius heydenii, non déterminant), espèce liée aux marges des espaces lacustres et aux cours d’eau, est signalé en bordure du lac de la Gimone, ainsi que le Râle d’eau (Rallus aquaticus) qui y est reproducteur.

Les côtes de Bieil et de Montoussé ainsi que la queue du plan d’eau de la Gimone constituent, au sein d’un paysage peu altéré, un ensemble naturel riche du point de vue des habitats naturels et des espèces de faune (insectes, oiseaux) et de flore présents.

Commentaires sur la délimitation

Cette zone est délimitée au sud et à l’est par le haut de versant de plusieurs coteaux descendant vers la Gimone, par la présence d’une zone agricole plus intensifiée formant un rétrécissement au nord-est, par la RD9 à l’ouest et par le lac de la Gimone au nord-ouest. La zone de marnage de ce plan d’eau et les boisements palustres de queue de retenue sont inclus ainsi que la plaine avoisinante, limitée par la RD91. La continuité de ces coteaux, moins riche de données déterminantes, est intégrée à la ZNIEFF de type 2 « Cours de la Gimone et de la Marcaoue ».