Également nommé Escaumels, le ruisseau d’Escalmels prend sa source dans le Cantal, au sud de Saint-Saury. Après avoir traversé le plateau du Ségala, il s’enfonce dans les gorges granitiques au niveau de Peyratel (commune de Calviac), pour se jeter ensuite en rive gauche de la Cère, un peu en aval de la gare de Lamativie.
La zone présente une très grande diversité de milieux naturels, qu’ils soient ouverts ou fermés. Parmi les plus remarquables recensés s’observent des forêts de ravins, différents boisements rivulaires et humides, voire tourbeux (bois de frênes et d’aulnes des rivières à débit rapide, saulaies marécageuses à Saule cendré [Salix cinerea], Saulaies à sphaignes et bois de Bouleau pubescent [Betula pubescens] à sphaignes), ainsi que des habitats tourbeux plus ouverts comme les tourbières à Ossifrage (Narthecium ossifragum) et les tourbières bombées à Bruyère à quatre angles (Erica tetralix) et sphaignes. Autres milieux présents : eaux douces stagnantes, taillis, landes à fougères, pelouses acidiphiles à Nard raide (Nardus stricta), mégaphorbiaies, prairies humides oligotrophes à eutrophes, prairies mésophiles pâturées, hêtraies atlantiques acidiphiles, chênaies acidiphiles, végétation des eaux courantes à Glycérie flottante (Glyceria fluitans), haies, ainsi que des milieux plus artificialisés comme les prairies améliorées, les cultures, les boisements de conifères (plantations) et quelques maisons.
Cette grande diversité en termes d’habitats s’observe aussi au niveau de la flore. En effet, 28 plantes d’intérêt patrimonial ont été recensées sur ce site, notamment un certain nombre d’espèces d’affinités montagnardes rares à extrêmement rares, exclusivement localisées dans le Ségala pour le département du Lot : Maïanthème à deux feuilles (Maianthemum bifolium), Luzule blanche (Luzula nivea), Renoncule à feuilles d’aconit (Ranunculus aconitifolius), Arnica des montagnes (Arnica montana), Ail victorial (Allium victorialis), Œillet des bois (Dianthus sylvaticus, seule station lotoise actuellement connue), Œillet en delta (Dianthus deltoides, espèce nouvelle pour le Lot, à confirmer) et Saxifrage à feuilles rondes (Saxifraga rotundifolia). Le Cerfeuil doré (Chaerophyllum aureum) et le Géranium brun (Geranium phaeum) sont des espèces d’affinités montagnardes qui se retrouvent également au sein de la vallée de la Dordogne quercynoise. Dans les gorges du ruisseau d’Escalmels est localisée la Doradille du Forez (Asplenium foreziense), fougère rarissime dans le Lot qui apprécie ici les fentes des rochers siliceux. Les milieux humides, notamment tourbeux, sont riches en espèces végétales patrimoniales : Mouron délicat (Anagallis tenella), Laîche jaune (Carex flava), Laîche paniculée (Carex paniculata), Laîche à bec (Carex rostrata), Écuelle d’eau (Hydrocotyle vulgaris), Carvi verticillé (Carum verticillatum), Linaigrette à feuilles étroites (Eriophorum polystachion), Renoncule de Lenormand (Ranunculus omiophyllus), Balsamine des bois (Impatiens noli-tangere), Trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata), Ossifrage (Narthecium ossifragum), Violette des marais (Viola palustris), Petite Scutellaire (Scutellaria minor), Valériane dioïque (Valeriana dioica), Campanille à feuilles de lierre (Wahlenbergia hederacea). 4 espèces floristiques du site sont protégées, toutes présentes dans les zones humides. Deux sont protégées au niveau national : les Rossolis intermédiaire (Drosera intermedia) et à feuilles rondes (Drosera rotundifolia). Ce sont des plantes carnivores des tourbières sur sols dénudés pour la première, et sur coussins de sphaignes pour la seconde. Le Millepertuis des marais (Hypericum elodes) est une plante protégée en région Midi-Pyrénées qui se localise souvent dans les pelouses amphibies vivaces oligotrophes ou les fossés. Présence aussi de la Bruyère à quatre angles (Erica tetralix), espèce protégée pour le département du Lot. Pour ce qui est de la faune, présence remarquable du Grimpereau des bois (Certhia familiaris), espèce affectionnant les vieilles futaies (hêtraies), noté nicheur probable ici. Le Pic noir (Dryocopus martius) a également été inventorié sur le site. Ce secteur du Ségala est réputé par les coléoptéristes lotois (Burles F., Delpy D.) ; ils y ont recensé beaucoup d’espèces, notamment saproxyliques. C’est ainsi qu’ont été dénombrées une trentaine d’espèces d’intérêt patrimonial : Platyrhinus resinosus, Plegaderus caesus, Mycetophagus piceus, Platycerus caraboides, Opilo mollis, Thymalus limbatus, Triphyllus bicolor, Xylophilus corticalis, Stenagostus rhombeus, Bolitophagus reticulatus, Denticollis rubens, Aredolpona scutellata, Ampedus nigerrimus, Ampedus pomorum, Anthribus albinus, Brachygonus megerlei, Gnorimus variabilis, Lamia textor, Dircaea australis, Dirhagus lepidus, Dirhagus pygmaeus, Dissoleucas niveirostris, Ampedus cardinalis, Ampedus praeustus, Hypoganus inunctus, Hypulus quercinus, Orchesia luteipalpis, Ostoma ferruginea, Prostomis mandibularis, Tetratoma ancora. Autre insecte présent, le Grillon des marais (Pteronemobius heydenii), orthoptère encore bien représenté dans le Ségala lotois, mais souffrant du drainage des zones humides, de plus en plus pratiqué sur cette partie du territoire. Au niveau de la faune piscicole, présence de la Truite fario (Salmo trutta), du Vairon (Phoxinus phoxinus), du Goujon (Gobio gobio) et de la Loche franche (Barbatula barbatula). Ces trois dernières espèces font partie du cortège des poissons déterminants des ruisseaux et rivières de piémont, mais leur nombre est inférieur à 200 au total pour 100 m² de cours d’eau, ce qui ne permet pas de mettre en évidence une mosaïque d’habitats aquatiques intéressante (résultats d’une étude effectuée en aval du barrage). Pourtant, les faciès du cours d’eau dans les gorges présentent beaucoup de successions de cascades et de cuvettes, ainsi que des plats courants et des chenaux lotiques, ce qui est favorable aux espèces salmonicoles.
Outre ses fonctions d’habitats pour les populations animales et/ou végétales, ce site possède de nombreuses fonctions de régulation hydraulique, notamment au niveau des zones humides (expansion naturelle des crues, soutien naturel d’étiage, auto-épuration des eaux). De par la bonne qualité du cours d’eau, la présence de nombreux milieux naturels et d’espèces patrimoniales, et de par les fonctions de régulation hydraulique, ce site mérite amplement sa désignation en ZNIEFF, car il joue un rôle majeur dans la préservation de divers espèces/habitats rares à extrêmement rares dans le Lot.
Le zonage de la ZNIEFF comprend pratiquement l’ensemble du ruisseau d’Escalmels (région hydrographique de la Dordogne), délimité en amont avec les lieux-dits « Escalmels » (Saint-Saury, Cantal) et « Pisselièvre » (Calviac, Lot), et en aval à 900 m au sud de l’embouchure avec la rivière Cère. La délimitation prend aussi en compte une grande partie du ruisseau du Theil, une partie du ruisseau du Foy, ainsi que le ruisseau de la Ressègue, entre les lieux-dits « la Ressègue » (Saint-Saury, Cantal) et « le Pont de Rhodes » (Siran, Cantal). Ces trois derniers ruisseaux se jettent dans l’Escalmels. Sont principalement inclus dans la ZNIEFF les cours d’eau préalablement cités ainsi que leurs ripisylves. Le zonage s’élargit néanmoins à certaines zones humides et certains boisements comportant des espèces d’intérêt patrimonial. C’est le cas entre les lieux-dits « Pont de Rhodes », « Lacaze » et « Vayrac » (Calviac, Lot) ainsi qu’en amont du site, vers Pisselièvre.