ZNIEFF 740002791
ETANG DE CIEUX

(n° régional : 87000033)

Commentaires généraux

L'Etang de Cieux est un vaste étang (environ 44 hectares) dont l'origine est ancienne (Moyen-âge) situé au sud du massif des Monts de Blond.

Le site, connu des naturalistes depuis 1975, a été retenu à l'inventaire pour son intérerêt pour la migration des oiseaux et pour la présence d'espèces végétales aquatiques rares. Cependant ce site subit une érosion de sa biodiversité qui se traduit par la perte d'espèces de végétaux mais aussi d'oiseaux qui ne trouvent plus les conditions favorables sur le site.

Les causes de cette érosion sont multiples mais on peut citer, l'eutrophisation du milieu, la présence croissante de ragondin et la gestion piscicole de l'étang orientée vers la pêche de loisirs. Cette pratique induit des lachers de carpes en grande quantité dans le plan d'eau. Ces poissons fousisseurs "labourent" littéralement le substrat empêchant l'implantation des végétaux et le developpement de la vie benthique en général. De plus la turbidité de l'eau est egalement augmentée, limitant l'expression de la flore aquatique. S'ajoute a celà le dérangement lié à la présence des pêcheurs, de jour comme de nuit.

Pour la flore, le déclin est identique. Certaines végétations ont disparu comme l'herbier immergé à Isoete à spores spinuleuses (Isoetes echinospora), signalée au début du XXe siècle, l'herbier flottant à Châtaigne d'eau (Trapa natans), signalé dans les années 50 ou les herbiers aquatiques à Flûteau nageant (Luronium natans) présents jusque dans les années 1920. Les gazons amphibies à Canche faux-agrostis (Antinoria agrostidea) ont fortement régressé et n'occupent plus que quelques mètres carrés tandis que la surface occupée par la roselière jusque dans les années 1990 dans les trois queues de cet étang n'existe plus aujourd'hui de façon fragmentaire.

Les zones tourbeuses qui existaient en périphérie immédiate de l'étang ont subi une forte dégradation et les éléments les plus patrimoniaux ont aujourd'hui disparu concomitamment à leur habitat : Laîche à deux nervures (Carex binervis), Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia), Narthécie des marais (Narthecium ossifragum), Pédiculaire des marais (Pedicularis palustris), Spiranthe d'été (Spiranthes aestivalis).

Pour les oiseaux, on observe une banalisation du cortège des oiseaux d'eau, liée notamment à la perte de la roselière. En effet, l'avifaune paludicole fréquente beaucoup moins le site. Le dérangement et l'appauvrissement de l'étang du fait de la présence de carpes, se traduit également par la baisse des effectifs d'oiseaux d'eau de passage ou hivernants (anatidés par exemple).

Le site a acceuilli encore recement des espèces d'oiseaux remarquables pour la Haute-Vienne parmi lesquelles on peut citer :  Balbuzard pécheur, Héron pourpré, Tadorne de Belon, Grande Aigrette, Grèbe à cou noir, Butor étoilé, Bihoreau gris, Oie cendrée, Fuligule milouin, Fuligule morillon, Canard pilet, Canard souchet, Sarcelle d'été, Guiffette noire, Guiffette moustac, Sterne pierregarin, Garrot à oeil d'or, Harle huppé... mais là encore ces espèces se montrent moins régulièrement ces dernières années.

Cette situation n'est à priori pas irréversible puisque des retours d'experiences montrent qu'avec la mise en place d'une gestion (piscicole notamment) adaptée, on peut retrouver une diversité interessante en quelques années.

Parmi les espèces nicheuses remarquables, signalons la Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus) et le Râle d'eau (Rallus aquaticus).

 

Commentaires sur la délimitation

Seuls les zones d'eau libre, de prairies humides et de bois hygrophiles présentent un réel intérêt pour la faune et la flore et ont donc prévalus à la délimitation de la ZNIEFF.