ZNIEFF 740006113
MARAIS DU CHANCELIER

(n° régional : 23000084)

Commentaires généraux

La ZNIEFF couvre la majeure partie du marais du Chancelier qui se trouve sur la commune de Saint-Fiel, en Creuse, au nord de Guéret. Il constitue une originalité puisque c’est un marais mésotrophe au cœur d’un département sur socle cristallin (acide). Le marais est traversé par le cours d’eau la Naute et son affluent le ruisseau de la Barde qui s'écoulent sur des formations superficielles d’alluvions. La roche du sous-sol du site est un monzogranite appartenant à l’unité de Saint-Fiel qui se rapproche des granodiorites et se compose de biotite et de cordiérite.
Ce site était partiellement couvert par une ZNIEFF de type I mais l’amélioration des connaissances due à des prospections botaniques du CBNMC-Antenne Limousin en 2011 et surtout à une étude menée par le CEN NA en 2018 (en vue de l'élaboration d'un plan de gestion) permet aujourd’hui d’en proposer une réactualisation (périmètre et contenu). Cette zone présente une très forte valeur patrimoniale justifiant pleinement son classement en ZNIEFF de type I.
Les habitats sont majoritairement des milieux humides répartis le long des cours d’eau. Ils sont bordés par des prairies mésophiles et de boisements dominés par le Chêne (Quercus robur). Les milieux humides ouverts se composent de mégaphorbiaies et de cariçaies laissant place à des formations riveraines de saules et d’aulnes. L’ancien étang du Chancelier ne présente que très peu d’eau libre, en grande partie colonisée par des peuplements de nénuphars (Nuphar lutea).

Très difficile d'accès, le site est une zone particulièrement bien préservée. Cependant son état de conservation est préoccupant du fait d’une part de la colonisation progressive par la Baldingère (Phalaris arundinacea) et les saules suite à l’abandon pastoral et d’autre part par certaines pratiques agricoles (surpâturage, piétinement…).

Un ensemble de végétations humides intriquées présente un fort intérêt écologique ; les bas-niveaux offrent des cortèges amphibies ; dans les niveaux supérieurs on observe de vastes étendues de mégaphorbiaies et de roselières assorties de saulaies arbustives en progression, d'aulnaies marécageuses et enfin de la chênaie-charmaie fraîche sur les niveaux non inondables.

Au niveau floristique

Les enjeux sont très forts avec 7 espèces à forte valeur patrimoniale. En premier lieu la Stellaire des marais (Stellaria palustris) redécouverte en 2011 (revue en plusieurs stations en 2018) qui trouve, ici, sa seule station limousine encore connue (population estimée à plus de 500 individus). La redécouverte de la Grande douve (Ranunculus lingua) conforte la présence de cette espèce en Creuse où elle n'était plus connue que du Bassin de Gouzon. On peut également citer la Laîche des rives (Carex riparia), la Laîche élevée (Carex elata), l'Ache inondée (Helosciadium inundatum), le Flûteau nageant (Luronium natans) et l'Oenanthe fistuleuse (Oenanthe fistulosa).

Au niveau faunistique

La ZNIEFF offre des habitats à tout un cortège d’invertébrés aujourd‘hui bien mieux connus que par le passé. Les eaux courantes de surface sont l’habitat de la très rare Libellule fauve (Libellula fulva) dont on ne connait que deux stations en territoire limousin. Ces cours d’eau souffrent du piétinement des bovins sur plusieurs secteurs du site.
Les communautés de prêles d’eau, les cariçaies à laîches, les prairies humides atlantiques et les zones marécageuses dominées par Juncus effusus abritent le Vertigo de Des Moulins (Vertigo moulinsiana), l’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), le Leste dryas (Lestes dryas), le Cuivré des marais (Lycaena dispar), le Grillon des marais (Pteronemobius heydenii) et la très rare Dolomedes plantarius, araignée qui n’est connue que de quelques rares stations en France. On notera enfin un riche cortège de Sphaeriidae (mollusques bivalves).

La tranquillité du site bénéficie aussi aux vertébrés qui trouvent ici les conditions nécessaires l’accomplissement de leur cycle biologique. Ainsi le marais permet la reproduction du Ralle d'eau (Rallus aquaticus), de la Cisticole des joncs (Cisticola juncidis) et du Campagnol amphibie (Arvicola sapidus).

D’autres espèces s’y reposent en halte migratoire ou lors de leurs déplacements (corridor). C’est le cas du Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus), de la  Locustelle tachetée (Locustella naevia) ou de la Loutre d'Europe (Lutra lutra).
La bordure de la zone humide du marais est occupée par des fourrés et des haies, offrent gite et couvert à la pie-Grièche écorcheur (Lanius collurio).
Au total, 26 espèces déterminantes de ZNIEFF ont été recensées sur le site.

Commentaires sur la délimitation

Périmètre englobant l'ensemble du fond humide situé au nord de la route D63.