L’originalité du pays de Chambaran, au sein du Bas-Dauphiné réside dans son substrat géologique, qui n’a pas d’équivalent dans les régions alpines françaises : la glaise à quartzite. Celle-ci donne des sols très pauvres, plus ou moins acides, recouverts à l’état naturel par une chênaie mixte à Molinie bleue, parcourue par des vallons frais tourbeux à sphaignes. Cette particularité géologique liée à la position biogéographique du Chambaran, en limite d’influence atlantique, explique la présence de nombreuses plantes rares, en limite orientale de leur aire de répartition géographique. Les espèces atlantiques trouvent refuge ici dans les prairies et landes humides issues du défrichement de la forêt et dans les vallons frais, tout comme certaines espèces montagnardes trouvent ici refuge à basse altitude. Les vallons des quatre ruisseaux concernés par ce site, de par la forte humidité, ont développé des sols tourbeux dont le principal intérêt naturaliste réside dans la présence de l'Osmonde royale, parvenant ici en limite orientale de son aire de répartition géographique. C’est une fougère très ancienne, inféodée aux zones humides, qui peut vivre plusieurs centaines d’années ; elle compte parmi les plus grandes et les belles de notre flore et a subi une forte régression due aux atteintes portées aux zones humides. Son nom, usité dès les Moyen Age, proviendrait du saxon "osmunder" (un autre nom de Thor, dieu scandinave de la guerre) ; quelques autres origines possibles ont été proposées, en particulier à partir du latin "os" (bouche) et "mundare" (purifier), faisant allusion à des propriétés médicales. On rencontre aussi ici la Petite Scutellaire. Enfin, parmi les rapaces, le majestueux Circaète Jean-le-Blanc survole et surveille d’un œil vigilant son territoire de chasse.