L'ensemble naturel des "Ramières" du Val de Drôme, qui comprend la réserve naturelle du même nom, s'étend sur dix kilomètres dans le lit majeur de la Drôme en aval de Crest. Les deux tiers de la réserve, parties du lit majeur de la Drôme, sont propriété de l'Etat (Domaine Public Fluvial), les rives appartiennent aux communes et à des particuliers. Le terme "Ramières" désigne, localement, les bois riverains des cours d'eau (en latin, ramus signifie branche). La Drôme est l'une des rares rivières européennes qui n'ait pas de barrage sur son bassin versant (cours principal et affluents). Deux secteurs élargis, où la rivière peut divaguer spontanément, reliés par une zone endiguée au dix-neuvième siècle, écrêtent naturellement les crues dévastatrices. La vaste forêt riveraine ou ripisylve (200 ha) constitue la majeure partie de la réserve, abritant une flore et une faune très diversifiées. Plus de 650 espèces de plantes vasculaires (végétaux supérieurs) ont été recensées ici. Les îlots, régulièrement balayés par des crues, sont colonisés annuellement par des espèces comme la renouée, le Chanvre d'eau ou l'Ambroisie. A l'abri d'embâcles (amas de bois) ou à l'écart des débordements les plus fréquents, les plantes vivaces sont dominées par neuf espèces de saules. La ripisylve est un boisement spontané et naturel où les Saules blancs et les Peupliers noirs dominent. Sous ces espèces pionnières, se développent les frênes (trois espèces), les érables (six espèces) et les ormes (trois espèces) dont le très rare Orme lisse. L'inventaire actuel des arbres, arbustes et arbrisseaux ligneux des Ramières est riche de plus de cent espèces. La réserve constitue ainsi un véritable "arboretum" naturel. L'action de la rivière est déterminante dans la dynamique forestière des Ramières (transport de graines, apport de fertilisants, régénération du peuplement). Lorsque la nappe est inaccessible aux racines, le terrain très caillouteux ne permet plus que le développement d'une lande arborée à Chêne pubescent. Ces landes sont "entretenues" par les lapins, ce qui permet le maintien de nombreuses orchidées et d'une petite fougère, la "Langue-de-serpent". Les bordures de cultures qui entourent la réserve sont intéressantes en ce qui concerne les plantes messicoles (plantes sauvages des moissons), comme la rarissime Nigelle de France. Parmi les insectes, seules les libellules (trente six espèces) et les papillons diurnes (cinquante espèces) ont été correctement inventoriés. Les populations de poissons sont intéressantes, notamment du fait de la présence de l'Apron, espèce endémique, exclusivement localisée au bassin du Rhône. Le Castor d'Europe trouve dans les Ramières des conditions optimales pour son alimentation. On estime la population à une douzaine de familles. Il se nourrit d'écorces de saules et de peupliers qu'il coupe lui-même. Les Ramières offrent une halte appréciée par de nombreux oiseaux migrateurs transcontinentaux : hirondelles, petits échassiers, rapaces. Les plus spectaculaires sont le Balbuzard pêcheur et la Cigogne noire. Plus de soixante dix espèces d'oiseaux se reproduisent dans la réserve. Le Milan noir est le rapace le plus fréquent. L'autre rapace caractéristique des Ramières est le Faucon hobereau. Le Guêpier, oiseau multicolore, abondant autour de la réserve se nourrit d'insectes qu'il vient chasser au-dessus de la Drôme. Le Petit Gravelot niche sur les bancs de graviers nus du lit de la rivière. L'Aigrette garzette et le Héron cendré sont omniprésents sur la réserve à la belle saison. Leur cousin, le Bihoreau gris est plus discret car il est nocturne. En hiver, les oiseaux sont moins abondants dans les Ramières, néanmoins quelques hivernants, comme la Mouette rieuse et le Grand Cormoran peuvent être observés. Les Ramières ont failli disparaître dans les années 1980 pour devenir une gigantesque zone d'extraction de graviers. Depuis 1987, elles sont classées en Réserve Naturelle. Le statut de "Réserve Naturelle" vise à concilier les activités traditionnelles et la conservation d'un patrimoine dont l'intérêt est maintenant reconnu par l'Union Européenne. L'accès à la réserve est ouvert au public toute l'année. Elle encourage à la découverte de la nature, tout en respectant ses richesses. Les activités humaines y sont réduites. Le site des Ramières est en lien avec les sites naturels fluviaux de la Vallée de la Drôme, notamment le confluent de la Drôme et du Rhône.