ZNIEFF 820030239
Montagne de Lure : le Larran

(n° régional : 26000060)

Commentaires généraux

La montagne de Lure demeure un vaste territoire sauvage aux confins de la Provence et du Dauphiné. Elle fait partie avec le Ventoux (dont elle est le prolongement naturel), le Lubéron et les massifs de Basse-Provence, des grands chaînons pyrénéo-provençaux tous orientés Est-Ouest, qui s'érigèrent antérieurement aux Alpes.

La crête de Lure s'étend sur une cinquantaine de kilomètres de long ; la montagne s'étage en coteaux et en combes d'où elle surplombe abruptement le Jabron au nord et la Durance à l'est, cependant que son adret s’incline doucement vers le bassin de Forcalquier. La chaîne est exclusivement formée de terrains sédimentaires à dominante calcaire, datés du Jurassique et du Crétacé, avec quelques affleurements de molasse tertiaire en vallée du Jabron.

Cet ensemble naturel n’intéresse cependant que marginalement la région Rhône-Alpes, la quasi-totalité appartenant au département des Alpes de Haute-Provence en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (il convient de se référer également au descriptif de la vaste ZNIEFF de type I mitoyenne délimitée sur cette région : n° 04100155).

Offrant une succession de champs de lavande ou d'amandiers, et de hêtraies et sapinières denses en ubac, la montagne de Lure offre une flore et une faune de très grand intérêt ; elle joue un rôle de carrefour biogéographique et de conservatoire d'espèces reliques, qu’il s’agisse de plantes comme d’animaux.

L’ensemble présente ainsi un très grand intérêt faunistique, qu'il s'agisse d'invertébrés (avec une entomofaune caractéristique des montagnes provençales), de reptiles (avec par exemple la principale population française actuellement connue de Vipère d'Orsini), ou de son avifaune riche et très diversifiée (Merle de roche, Crave à bec rouge, Traquet motteux, Pipit spioncelle, présence d’une population de Gélinotte des Bois et de Tétras lyre et de nombreux rapaces). La vallée du Jabron abrite notamment certaines espèces remarquables (Petit Gravelot, Oedicnème criard, Faucon hobereau, Pic noir, Torcol...).

La hêtraie-sapinière accueille une avifaune montagnarde caractéristique et une population de Chamois.

Enfin, le secteur abrite un karst caractéristique des Préalpes du sud. Ce type de karst est caractérisé par sa discontinuité, du fait des mouvements tectoniques, des variations de faciès et de l’érosion intervenue durant la période miocène.

En matière botanique, la Montagne de Lure compte parmi les massifs les plus réputés des Préalpes occidentales. L'intérêt réside dans la diversité des formations végétales.

En versant sud règne la série subméditerranéenne du Chêne pubescent (bois et taillis, landes à Buis, landes à Genêt cendré) et la série mésophile du Hêtre, aux diverses formations imbriquées en mosaïques (lavandaie à Lavande vraie, lande à Genévrier nain, hêtraie..).

A l'ubac se développent la hêtraie mésohygrophile de 1200 m à 1600 m environ, puis la hêtraie-sapinière ou la sapinière pure, avec son cortège d’espèces montagnardes. En sommet d'adret, entre 1600 m et 1800 m, se maintien une prairie pseudo-alpine caractéristique.

Une des particularités réside également dans la présence d'un fond floristique original (avec des espèces endémiques provençales ou sud-alpines). Il convient également de mentionner la flore typique des éboulis.

La partie rhônalpine du massif (sous le Sommet de Larran), marginale et incomplètement connue, justifierait de plus amples prospections, notamment en matière de faune. S'agissant de la flore, des observations effectuées en phase finale de collecte des données de l'inventaire y ont néanmoins confirmé la présence de plusieurs espèces remarquables.

Il s’agit tout d’abord de la Pivoine officinale, belle espèce protégée au niveau national et qui conserve quelques bastions dans le Diois et les Baronnies.

Méritent également d’être citées plusieurs espèces rares, notamment parmi les messicoles (plantes associées aux cultures traditionnelles de céréales) inféodées aux moissons sur sol calcaire, souvent en grand danger de disparition au niveau national compte-tenu de l’intensification des pratiques agricoles, ou au contraire de la déprise : Aspérule des champs, Neslie en panicules.

On observe également un riche cortège d'espèces associées aux dalles et sables calcaires, ou aux garrigues méditerranéennes (Passerage champêtre, Micropus dressé, Croisette du Piémont, Crupine, Jasmin ligneux, Gesse de Nissole, Bugrane striée, Plantain argenté, Renoncule de Montpellier).

Outre la fougère Asplenium des fontaines ou la Gagée des prés, on observe en outre également au Larran le Crocus bigarré et l'Ancolie de Bertoloni, deux remarquables plantes endémiques (c'est à dire dont la répartition est circonscrite aux confins du Dauphiné et de la Provence).

Commentaires sur la délimitation
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