Le Bugey, situé sur la partie est du département de l'Ain, constitue la partie méridionale du massif du Jura. Les précipitations sont particulièrement abondantes dans cette région puisqu'on relève souvent plus de 1500 mm sur l'année. Le substrat calcaire date du secondaire et a été soulevé au tertiaire, préfigurant les reliefs actuels. La combe de Léchaud, entre la cluse de Nantua et le plateau d'Hauteville, est un synclinal résultant de ces soulèvements géologiques. L'abondance des précipitations a favorisé l'installation, sur les replats, de plusieurs tourbières. Celles-ci occupent au total près de 10 % de la surface de la combe. Parmi cet ensemble de tourbières, celle de la Béroude a la particularité d'être couverte, sur une grande partie de sa superficie, par un haut-marais à sphaignes. Ce "haut-marais" présente des groupements de sphaignes ombrotrophes (uniquement alimentés par les eaux de pluie) bien développés car la pluie est ici la principale source d'alimentation en eau. Les écoulements venant de Colliard, qui forment déjà un ruisseau à ce niveau, sont en effet détournées naturellement juste avant d'atteindre la tourbière : des pertes karstiques profondes captent cet écoulement et diminuent fortement la surface du bassin versant de la tourbière. Bien que vieillissant, le "haut-marais" comporte encore plusieurs espèces protégées. Le Rhynchospore blanc et le Rossolis à feuilles rondes sont présents en petit nombre dans les "gouilles" entre les buttes de sphaignes. Mieux implantée ici, la Sphaigne brune est une bryophyte rare qui couvre les sommets des buttes de sphaignes. Autres espèces intéressantes, la Potentille des marais et le Saule rampant se sont installés dans les zones d'écoulements à l'intérieur de la tourbière, milieux les plus humides hérités d'anciennes rigoles. Ils cohabitent avec la Grassette commune, plante carnivore aux feuilles jaunes luisantes qui attirent les petits insectes. La Grassette commune peut ainsi pallier le manque d'éléments nutritifs disponibles dans les sols tourbeux. La périphérie du "haut-marais" est occupée au nord par des "bas-marais" (marais tout ou partie alimentés par la nappe phréatique) alcalins, et des prairies à Molinie bleue. La Swertie vivace, d'affinité alcaline, est présente en grand nombre dans ce milieu. Elle fait apparaître ses fleurs pourpres en forme d'étoile durant une grande partie de l'été, entre juillet et août. Ailleurs des prairies humides (cariçaie : formation végétale dominée par les laîches, formations à Reine des prés, à Scirpe des bois ou à Canche cespiteuse forment la couverture végétale, dans les secteurs qui ne sont fortement humides que durant une partie de l'année. Ce milieu est ponctué d'un petit nombre de bosquets de saules dans lesquels se réfugient les pies-grièches écorcheur. Cet oiseau trouve, sur les buissons de saules isolés, un perchoir idéal pour guetter les gros insectes qui constituent l'essentiel de sa nourriture en été.