ZNIEFF 820030878
REVERMONT ET GORGES DE L’AIN

(n° régional : 0104)

Commentaires généraux
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Commentaires sur la délimitation

Le Revermont qualifie couramment dans l’Ain le triangle délimité par la plaine bressane, la Franche-Comté et la vallée de l’Ain (en Franche-Comté, le même vocable qualifie plutôt la première ligne de côtes viticoles –ou « Bon Pays »- frangeant la plaine.

Ce vaste ensemble naturel délimite un secteur jurassien d’altitude modeste (il n’atteint pas 800 m), mais fortement plissé et faillé. Un système karstique étendu s’y développe.

Hormis dans l’ample vallée du Suran, le paysage est marqué par une forte déprise agricole lié à l’abandon de la vigne et à la régression du pâturage. Ceci explique la réduction rapide des espaces de pelouses ouvertes au profit de « garides » (au sein desquelles le Buis est omniprésent), puis de formations forestières sèches.

La flore de ces milieux secs sur calcaires ou sur marnes est caractéristique (l’Aster amelle, ou « Marguerite de la Saint-Michel », est ainsi particulièrement bien représentée localement, de même que beaucoup d’orchidées ou la Pulsatille commune), et comporte des traits parfois déjà méridionaux (la Carline à feuille d’acanthe était autrefois citée). Elle côtoie bien souvent des espèces montagnardes, présentes jusqu’à basse altitude dans quelques stations dites « abyssales » (Aconit anthora, Drave faux aïzon, Daphné camélée…). La richesse de certains boisements ou prairies en plantes bulbeuses à floraison vernale (Nivéole du printemps, Erythrone dent de chien, Narcisse jaune…) est également remarquable.

Ces espaces sont en outre propices à une avifaune diversifiée (Engoulevent d’Europe, Milan royal, Circaète Jean-le-Blanc…), et la grande faune ainsi que les prédateurs y sont bien représentés. Il s’agit par exemple d’un bastion important pour le Lynx d’Europe ou le Chat sauvage, et le Chamois y est localement présent jusqu’en bordure même de la plaine bressane

Les gorges de l’Ain, avec le grand développement des falaises et éboulis, sont quant à elles adaptées aux espèces rupicoles, notamment parmi les oiseaux. Elles comportent également de zones humides intéressantes, dont le fonctionnement est lié à celui des retenues de barrages successifs sur la rivière.

Enfin, le secteur abrite un karst de type jurassien. Ce type de karst se développe sur un substrat tabulaire ou plissé ; il est caractérisé par l’abondance des dolines, l’existence de vastes « poljé » dans les synclinaux, la formation de cluses, et le développement de vastes réseaux spéléologiques subhorizontaux.

Le peuplement faunistique du karst jurassien est relativement bien connu, et le Revermont tout particulièrement, puisqu’il est concerné par plusieurs sites de recherche (grotte de Hautecourt…).

Il apparaît néanmoins moins riche que celui du Vercors en espèces terrestres troglobies (c’est à dire vivant exclusivement dans les cavités souterraines). On y connaît ainsi actuellement trois espèces de coléoptères et sept de collemboles. Certaines espèces (par exemple un coléoptère tréchiné) sont des endémiques dont la répartition est circonscrite au massif jurassien.

La faune pariétale est également intéressante. Elle fréquente la zone d'entrée des cavernes ; cette faune peut être permanente, estivante ou hivernante : son habitat présente ainsi des caractères intermédiaires entre le monde extérieur et le monde souterrain. On observe ainsi localement le papillon Triphosa sabaudiata.

Les chauve-souris sont bien représentées avec des cavités telles que la Grotte de Courtouphle (présentant un intérêt de niveau national pour celles-ci, avec l'observation d'effectifs importants appartenant à trois espèces différentes, notamment le Minioptère de Schreibers), mais aussi celles de Corveissiat, d'Hautecourt...

La délimitation retenue ici pour le zonage de type II souligne l’importance des interactions biologiques existant entre ces milieux naturels variés, qui constituent ainsi un vaste complexe écologique.

Les secteurs les plus remarquables en terme faunistique et floristique y sont identifiés par de très nombreuses ZNIEFF de type I, identifiant notamment le réseau de pelouses sèches, les grottes et les falaises.

En terme de fonctionnalités naturelles, le Revermont constitue une zone de passages et d’échanges pour la faune (oiseaux, chauve-souris, ongulés, grands prédateurs…) à la charnière du Jura et des plaines, ainsi qu’une zone adaptée à la biologie d’espèces remarquables à grands territoires (Lynx d’Europe).

La rivière d’Ain et ses retenues constitue une étape migratoire pour l’avifaune, tandis que falaises et réseaux karstiques constituent autant de zones particulières d’alimentation ou liée à la reproduction pour une faune spécifique.

Le Revermont inclut le bassin versant d’un système karstique abritant des espèces de la faune troglobie particulièrement remarquables et fragiles. La surfréquentation des grottes, le vandalisme des concrétions peuvent de plus rendre le milieu inapte à la vie des espèces souterraines. Les aquifères souterrains sont sensibles aux pollutions accidentelles ou découlant de l'industrialisation, de l'urbanisation et de l'agriculture intensive.

Enfin, il présente, là encore du fait de sa physionomie karstique, un grand intérêt géomorphologique (« Polje » de Drom-Ramasse…) et paysager (les gorges de l’Ain sont citées à ce titre comme exceptionnelles dans l’inventaire régional des paysages).