A l’est des stations de ski de Val Thorens et de Méribel-Mottaret, le vallon du Fruit descend du glacier de Gébroulaz et englobe les domaines d’altitude de l’Aiguille du Fruit et de celle des Corneillets. Dans un paysage essentiellement minéral, il regroupe à la fois des moraines glaciaires, des vires rocheuses, des alpages verdoyants, des lacs aux eaux d’un bleu profond, des torrents impétueux, des forêts de résineux et des formations végétales très rases. Sur les falaises et rochers, le vent, le gel, la végétation n’ont pas encore réussi à dompter le monde minéral ; à première vue, même, toute vie semble absente. Parmi la flore, deux plantes ont su s’adapter aux conditions extrêmes : grands écarts thermiques, sécheresse du milieu des éboulis. Elles se développent sur des dalles rocheuses, profitant des fissures dans la roche pour accrocher leurs racines. Ce sont des androsaces, qui adoptent une forme de coussinet plus ou moins dense pour s’adapter à la sécheresse et au vent ; les plantes serrées entre elles limitent ainsi l’évaporation de leurs feuilles. L’une épanouit ses fleurs blanches à gorge jaune, c’est l’Androsace de Suisse ; l’autre colore les éboulis de sa floraison rose pourpre, c’est l’Androsace des Alpes. Toutes deux sont très petites : elles ne dépassent pas six centimètres de hauteur. La Saxifrage fausse diapensie a pour sa part développé des poils sur la tige et les feuilles pour limiter l’évaporation et possède de solides racines pour s’accrocher au rocher. Les bords de ruisseau, les berges des lacs ou les suintements mousseux sont le royaume de ces fausses herbes coriaces dont la tige est de section triangulaire : les laîches. Ces plantes discrètes qui ne sont heureuses que les pieds dans l’eau froide sont souvent d’origine nordique : elles ont été repoussées loin dans le sud, au pied des Alpes, lors des glaciations quaternaires. Puis, les glaciers se retirant, ces plantes sont remontées dans le grand nord, laissant un contingent dans les hautes altitudes de nos montagnes où elles ont trouvé des conditions de vie similaires à celles de la toundra arctique. On retrouve en particulier la Laîche bicolore, la Laîche de Lachenal, la Laîche à petite arête ou la Laîche faux pied d’oiseau. Dans les lacs jusqu’à 2500 m d’altitude, le Triton alpestre est le plus bigarré de nos tritons. Le mâle en livrée nuptiale porte une crête à bord droit festonnée de points noirs ; ses flancs marqués de tâches noires sont ornés d’une bande latérale d’un bleu intense et son ventre est orange vermillon uni. Hivernant enfoui dans la terre ou sous des pierres, cet amphibien se nourrit d’invertébrés aquatiques et de têtards lorsqu’il est en phase aquatique et de vers en phase terrestre. La diversité de milieux et l’exposition ensoleillée permettent d’accueillir une population de Bouquetin des Alpes et de Chamois, ongulés funambules semblant se jouer du vide. Le Lagopède alpin, lui, niche à même le sol dans les landes à rhododendron ; on peut aussi observer la Perdrix bartavelle ou les belles parades nuptiales des mâles de Tétras lyre.