La vallée de l’Eau d’Olle, torrent affluent de la Romanche qui prend sa source aux abords du Col du Glandon, s’insinue entre les massifs des Grandes Rousses à l’est et la chaîne de Belledonne-Sept-Laux à l’ouest. Elle constitue la partie nord de l’Oisans, région établie dans les Grandes Alpes dauphinoises caractérisée par des reliefs abrupts et des vallées profondément encaissées. La vallée de l’Eau d’Olle se caractérise par des conditions climatiques relativement fraîches et humides, favorables à l’expansion de la forêt, par opposition à l’Oisans méridional et oriental plus sec et déboisé. Le site englobe les versants qui s’appuient contre le massif des Sept-Laux et sont situés en rive droite de la haute vallée de l’Eau d’Olle, entre le Col du Glandon et la combe du ruisseau des Sept-Laux. Le substrat géologique est essentiellement composé de roches cristallophylliennes, gneiss, granits et amphibolites. Ces roches dures peu sensibles à l’érosion ont engendré des reliefs austères composés d’arêtes déchiquetées et de ressauts rocheux. Elles sont localement recouvertes par des formations d’éboulis et des dépôts morainiques. Il se développe sur une amplitude altitudinale importante entre 1200 m et 2928 m au Rocher Blanc, sommet culminant. Il intéresse donc les étages de végétation montagnard subalpin et alpin. La diversité des habitats naturels est ici particulièrement importante. En dehors des formations végétales spécifiques aux escarpements rocheux, crêtes rocheuses et éboulis siliceux, qui occupent donc une place prépondérante sur le site, les habitats associent des boisements d’Epicéa et de Hêtre en pied de versant, des landes subalpines piquetées de Pin cembro (ou Arolle) ou de Pin à crochets, des prairies et pâturages subalpins, des formations herbacées hautes de mégaphorbiaies occupant les couloirs d’avalanche, des pelouses alpines et rocailles de haute altitude. Quelques “ bas-marais ” (marais tout ou partie alimentés par la nappe phréatique) acidophiles et petits lacs alpins, dont le Lac de l’Ane est le plus important, ajoutent une note de diversité complémentaire à ce site composite. Si la flore du site comprend essentiellement des espèces acidiphiles en relation avec la nature géologique du substrat, plusieurs espèces rares ou remarquables sont à signaler. Celles-ci sont représentatives des différents milieux rencontrés sur le site. Ainsi l’Aconit paniculé, la Campanule à feuilles larges, la Rhapontique scarieuse et le Chardon bleu (ou Reine des Alpes) sont-elles représentatives des mégaphorbiaies (groupement végétal à hautes herbes) et des prairies de couloirs d’avalanche. Le Chardon bleu, spectaculaire ombellifère aux bractées bleu violacé, possède ici deux petites populations résiduelles comportant une centaine de plantes chacune. Cette espèce endémique des Alpes (c'est à dire dont l’aire de répartition géographique est circonscrite à ce massif), rare et en voie de régression, mérite des efforts de préservation accrus. Les milieux prairiaux et les pelouses accueillent pour leur part plusieurs espèces remarquables comme l’Orchis pâle, l’Orchis grenouille, la Véronique d’Allioni ou encore le spectaculaire Lys orangé. Les landes subalpines hébergent en particulier la Camarine noire et le Lycopode sélagine. Quelques espèces végétales rares des milieux humides sont également à signaler comme le Rubanier à feuilles étroites. Sur le plan de la faune, ce site très préservé de l’impact des activités humaines et resté relativement sauvage héberge nombre d’espèces remarquables typiques des grands massifs alpins. Ce sont en particulier la Perdrix bartavelle (gallinacé typique des pentes sud sèches et ensoleillées des Alpes), le Lagopède alpin (relique glaciaire d’origine arctique, qui recherche les crêtes et reliefs déneigés et ventés d’altitude), le Tétras lyre (espèce emblématique de la faune alpine), l’Accenteur alpin ou encore le Chocard à bec jaune. Le site constitue également le territoire de chasse de l’Aigle royal. Les populations d’ongulés sauvages de montagne, bouquetins et chamois, sont particulièrement fournies. Le Bouquetin des Alpes a été réintroduit sur le site au moment de la construction du barrage de Grand Maison. L’essentiel des populations de cet ongulé sauvage se concentre sur le site. Ce mammifère emblématique de la faune alpine a cependant recolonisé l’ensemble du Massif de Belledonne.