Le massif de Belledonne forme une chaîne cristalline de près de quatre-vingt kilomètres de long. La ligne de crête, qui oscille entre 2300 et 3000 m d’altitude, domine le Grésivaudan. Il est relativement peu arrosé par rapport aux autres secteurs montagneux environnants. Ces conditions contribuent à la diversité des milieux naturels ainsi qu'à une grande richesse spécifique. C'est le cas du site de la Botte, très diversifié. Oscillant entre 1800 et 2500 m d’altitude, il associe landes montagnardes, alpages, rochers abrupts, tourbières et petits lacs, accueillant ainsi une grande diversité d’espèces, qu'il s'agisse de flore ou de faune. Dans les parois et fissures rocheuses, on trouve la Cardamine de Plumier, petite crucifère à pétales blancs et jaunes à la base. C'est une espèce rare présente uniquement en France dans ce massif. La Saussurée discolore se rencontre dans les landes et pelouses sommitales. C'est une espèce très rare en France, en limite de répartition dans les Alpes du Haut-Dauphiné. Présente également en Isère dans les massifs du Taillefer et de la Salette, l'espèce se maintient relativement bien dans celui de Belledonne. La richesse des tourbières montagnardes n’est plus à démontrer. Celles de la Botte accueillent le rare Lycopode des Alpes, la Linaigrette engainante ainsi que des laîches (plantes herbacées adaptées à la présence constante d’eau), comme la Laîche des bourbiers. La Grassette à éperon étroit est une plante carnivore : elle piège ses proies sur ses feuilles gluantes qui la digèrent ensuite par la libération de sucs digestifs. On rencontre aussi ici la Woodsie des Alpes, la Clématite des Alpes, l’Androsace de Vandelli et l’Ail victorial. Deux amphibiens profitent des zones en eau libre et des tourbières pour vivre et se reproduire. La Grenouille rousse est essentiellement nocturne et très active par temps de pluie. Au printemps, les adultes se regroupent dans des mares pour procréer. Ils regagnent, ensuite, les bois environnants pour poursuivre leur vie. C’est dans ces mêmes bois qu’ils vont hiberner. Résistant bien au froid, on peut la retrouver jusqu’à assez haute altitude. Présent dans les lacs jusqu’à 2500 m d’altitude, le Triton alpestre est le plus bigarré de nos tritons. Le mâle en livrée nuptiale porte une crête à bord droit festonnée de points noirs ; ses flancs marqués de tâches noires sont ornés d’une bande latérale d’un bleu intense et son ventre est orange vermillon uni. Hivernant enfoui dans la terre ou sous des pierres, cet amphibien se nourrit d’invertébrés aquatiques et de têtards lorsqu’il est en phase aquatique et de vers en phase terrestre. Les tourbières sont aussi le lieu de vie de deux libellules remarquables : la Cordulie métallique et le Leste dryade. Le Leste dryade fait partie des espèces les plus caractéristiques des marais temporaires. Les femelles pondent dans la partie sommitale des tiges des joncs en été. Les œufs sont ainsi à l'abri dans ces tiges pendant la période sèche. Cette période d’attente s’appelle la "diapause". Les larves sautent dans l'eau en avril de l'année suivante, et elles ont un développement très rapide d’environ trois mois. La présence d'eaux libres n’est donc nécessaire qu’entre mars et juillet. La réussite de la reproduction suppose évidemment que les scirpes et les joncs ne soient pas détruits pendant la saison sèche et que l'eau soit revenue à la fin de l'hiver pour permettre le développement larvaire. Les pontes sont certainement très nombreuses et certaines années favorables, on peut assister à de véritables invasions de lestes, permettant la conquête de nouveaux sites. Ces phénomènes démographiques spectaculaires provoquent de véritables mouvements migratoires et semblent concerner également les autres espèces à diapause (lestes et sympetrum notamment). Enfin, les oiseaux sont très présents, soit dans les forêts de résineux (comme le Cassenoix moucheté), soit dans les landes (comme le Sizerin flammé ou le Tétras lyre). La diversité animale et végétale est ainsi très importante, et procure à ce site un intérêt naturaliste majeur.