Etablie dans la partie sud-est du département de l’Isère, la haute vallée du Vénéon s’insère profondément à l’intérieur du Haut Oisans. Principal affluent de la Romanche, ce torrent prend sa source au niveau du Glacier de la Pilatte. Elle s’inscrit dans une ambiance paysagère très fortement minérale de haute montagne glaciaire et rocheuse, où prédominent les escarpements rocheux, les éboulis, les moraines et les appareils glaciaires qui donnent naissance à des torrents tumultueux charriant des eaux troubles cristallines. Protégée de toute part par des reliefs importants de hautes crêtes, le climat de la haute vallée est de type montagnard continental intra-alpin. Elle est par ailleurs ouverte sur les vallées occidentales des Alpes dauphinoises subissant les influences climatiques atlantiques. Elle constitue donc un îlot de continentalité relativement sec et froid, isolé à l’est par de hautes barrières et à l’ouest par ces influences humides. Le site correspond au Vallon du Lauvitel. Il est cerné à l’est, au sud et à l’ouest par de hautes crêtes rocheuses, dont les altitudes oscillent entre 2500 m et 3126 m au Pic du Clapier du Peyron. Son substrat géologique est relativement uniforme : il se compose essentiellement de gneiss et de granits. Localement ceux-ci sont recouverts d’éboulis et de placages glaciaires. Ces roches siliceuses dures ont engendré des sols relativement maigres et acides. La présence de deux lacs importants, le Lac du Lauvitel d’une part et celui du Plan Vianney sont également à mentionner. Le site est pour sa plus grande partie inclus dans la zone centrale du Parc national des Ecrins et, renferme la Réserve Intégrale du fond du Lauvitel qui occupe la partie haute du vallon en amont du lac du même nom. Il renferme une diversité assez importante d’habitats naturels comprenant des boisements de feuillus divers aux altitudes inférieures, des pessières acidophiles, des fourrés d’Aulne vert et de Saule pubescent, des prairies subalpines, des mégaphorbiaies (groupements végétaux à hautes herbes), des pelouses et rocailles alpines, ainsi que des associations végétales spécialisées d’éboulis et d’escarpements rocheux. Localement s’observent des associations végétales fontinales liées aux suintements, sources et bords de ruisseaux. La flore de ce site est relativement bien connue et recèle une importante diversité spécifique. Trente-six espèces végétales remarquables sont signalées. Elles sont représentatives des différents milieux présents sur le site. Ainsi la flore des milieux rocheux, escarpements et falaises comprend un certain nombre d’espèces végétales rares ou remarquables telles que le Céraiste laineux, l’Androsace pubescente, l’Ancolie des Alpes aux spectaculaires corolles bleu azur, le Genépi laineux ou encore la Woodsie des Alpes. Parmi les plantes des hautes crêtes d’altitude, il faut remarquer la Saxifrage à feuilles émoussées(dont il s’agit ici de l’une des deux seules stations connues dans le département de l’Isère), la Potentille des frimas ou le Genépi jaune. Les prairies fraîches et mégaphorbiaies hébergent en particulier l’Ail victoriale, le Pleurosperme d’Autriche, la Rhapontique scarieuse, l’Uvette à feuilles embrassantes, la Tozzie des Alpes et surtout une importante population de Chardon bleu (ou “ Reine des Alpes ”). Celui-ci fait partie des espèces végétales les plus menacées de France, et se trouve à ce titre inscrit au livre rouge national des plantes menacées. Endémique du massif alpin (c'est à dire dont l'aire de répartition est limitée à cette zone géographique), il compte moins de cinq stations dans le département de l’Isère. Les pelouses et prairies subalpines hébergent plusieurs plantes remarquables telles que le Dracocéphale de Ruysch, le Gnaphale de Norvège, la Potentille de Thuringe ou encore la Raiponce de Michel. Le Stipe penné et la Campanule en épi sont quant à eux représentatifs des pelouses sèches. Deux espèces de saules sont également à mentionner : le Saule soyeux est caractéristique des brousses à rhododendrons froides d’ubac ; quant au Saule pubescent, il croît le long des bordures de torrents et dans les aulnaies vertes établies sur alluvions torrentielles. La faune alpine possède ici plusieurs représentants typiques ou particulièrement remarquables : l’Aigle royal, le Tétras lyre, le Lagopède alpin, la Perdrix bartavelle, le Merle à plastron, l’Accenteur alpin, la Niverolle alpine, etc. Le Casse-noix moucheté est présent sur les parties inférieures boisées du site. Les ongulés sauvages de montagne ne sont pas en reste, puisqu’une importante population de Chamois est établie dans le vallon, et qu’une petite population de Bouquetin des Alpes séjourne régulièrement ici depuis sa réintroduction dans la partie ouest du Parc national des Ecrins.