ZNIEFF 820032014
Etangs des Bonnevaux

(n° regional: 38050002)

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Située dans le Nord-Isère, la forêt de Bonnevaux compte plus de deux cents étangs ; c'est le paradis des libellules, et elle accueille des milieux aquatiques rares et menacés. La plaine du Liers (une ancienne vallée glaciaire) abrite, elle aussi, des espèces remarquables. En fait, comme dans de nombreuses autres régions françaises (la Dombes en est une autre illustration régionale), l'origine de ces étangs est artificielle. Ce sont les moines cisterciens de l’abbaye de Bonnevaux, aujourd’hui disparue, qui les ont créés au Moyen Age dans un objectif de production piscicole pour leur consommation propre, mais aussi en vue de la vente sur les marchés de Lyon ou de Vienne. Le massif de Bonnevaux est très intéressant du fait des connexions biologiques qui mettent en relation ces étangs : connexions hydrologiques par le biais des ruisseaux, ou forestières. Les étangs, leurs "queues" tourbeuses, les marais, les prairies humides, les boisements et les ruisseaux qui les relient constituent des habitats naturels recherchés par un grand nombre d’espèces aujourd’hui menacées. Ainsi, de nombreuses espèces de libellules rares ou vulnérables sont présentes sur le massif. On dénombre ainsi plusieurs espèces de libellules de montagne, ici en station abyssale (c'est à dire à altitude exceptionnellement basse). Il s'agit vraisemblablement de reliques (témoins de périodes climatiques passées) postglaciaires, comme dans le cas du Sympétrum noir : de telles espèces ne s'observent en effet le plus souvent qu'au-delà de 1000 m d'altitude. L’Agrion de Mercure est menacé de disparition dans toute l’Europe et la Leucorrhine à gros thorax dans toute la France. Pour s'adapter aux périodes d’"assec", certaines libellules pondent dans la boue et la végétation des zones exondées en été. C’est le cas du Sympétrum jaune d'or dont les larves ne se développent qu’au cours du printemps suivant la ponde estivale. La Leste dryade fait partie des espèces les plus caractéristiques des marais temporaires. Les femelles pondent dans la partie sommitale des tiges des joncs en été. Les œufs sont ainsi à l'abri dans ces tiges pendant la période sèche. Cette période d’attente est baptisée diapause. Les larves sautent dans l'eau en avril de l'année suivante, puis connaissent un développement très rapide d’environ trois mois. La présence d'eaux libres ne leur est donc nécessaire qu’entre mars et juillet. La réussite de la reproduction suppose évidemment que les scirpes et les joncs ne soient pas détruits pendant la saison sèche et que l'eau soit revenue à la fin de l'hiver pour permettre le développement larvaire. Les pontes sont certainement très nombreuses et certaines années favorables, on peut assister à de véritables invasions de lestes, permettant la conquête de nouveaux sites. Ces phénomènes démographiques spectaculaires provoquent de véritables mouvements migratoires et semblent concerner également les autres espèces à diapause (lestes et sympetrum notamment). Une flore originale peut également être observée aux Bonnevaux : l'Utriculaire commune est une plante carnivore qui peuple plusieurs étangs ; quant à l’Epipactis rouge foncé, c'est une belle orchidée qui fréquente volontiers les bords de chemins. Plus commune dans d'autres districts naturels du département, dans des milieux chauds sur substrat calcaire, elle est peu fréquente dans le Nord-Isère. Citons aussi l’Isnardie des marais, rampant sur la vase ou sur l’eau, les Nénuphars jaune et blanc étalant leurs grosses fleurs à la surface de l’eau, ou la rare Châtaigne d’eau. On rencontre aussi l’Hydrocotyle ou "Ecuelle d’eau". Cette petite ombellifère arbore des feuilles entières et arrondies dont la forme rappelle en effet une écuelle. Protégée en région Rhône-Alpes, elle y reste assez bien représentée ; sa souplesse écologique lui permet, en effet, de s’adapter dans une certaine mesure à l’évolution des habitats. Enfin, les étangs, dont certains sont entourés de prairies, sont favorables à l’avifaune, en particulier lors des migrations, mais aussi pour la nidification : Aigrette garzette, Fuligules milouin et morillon, Grèbe huppé, Rousserolle turdoïde, Hérons cendré et pourpré, Blongios nain, Locustelle tachetée…L’intérêt naturaliste de cet ensemble est donc manifeste, et celui-ci mérite toute notre attention.

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