Signe non équivoque de la richesse de son patrimoine naturel, la Chartreuse est riche de quatre-vingt dix espèces botaniques protégées et la plupart des ongulés de France (à l’exception du Bouquetin des Alpes) hantent son territoire. Les hauts plateaux de Chartreuse se présentent comme un vaste synclinal perché au-dessus de la vallée du Grésivaudan, s’étendant sur vingt kilomètres de long de la Dent de Crolles au Granier. Véritable "île calcaire", la Chartreuse et en particulier les hauts plateaux apparaissent comme un important territoire refuge pour des plantes rares à aire de répartition morcelée par les glaciations. Ce site domine la vallée du Grésivaudan du haut de la ligne de crête la plus orientale du massif. Un fort ensoleillement et une pente importante ont contribué à l’installation d’une végétation rare et menacée, adepte des conditions xéro-thermophiles (c'est à dire sèches et chaudes) des milieux. On peut y admirer une graminée au fruit en plumet appelée "marabout", c’est la Stipe pennée, restée présente après le retrait des glaciers. L'Orpin de Nice stocke dans ses feuilles "grasses" l’eau indispensable à son développement ; il peut ainsi supporter de rudes conditions d’ensoleillement et de sécheresse. On rencontre aussi l’Ail des Ours avec son unique feuille très odorante et l’Artémise blanche. Les orchidées ont développé des trésors d’adaptation pour se reproduire. Elles attirent les insectes soit par leur nectar qui dégage une odeur plus ou moins forte soit par un leurre visuel. Dans ce cas, l’un de leur pétale, le labelle, ressemble à s’y méprendre à un insecte ou à une fleur nectarifère. C’est le cas de l’Ophrys araignée qui imite une araignée. On rencontre aussi une fougère, la Capillaire de Montpellier, dont l’épithète spécifique ("Cheveux de Vénus") fait allusion à la finesse et à la teinte noir-luisant du rachis. Cette plante a longtemps été utilisée en médecine contre les affections de la poitrine en particulier. Elle se rencontre surtout sous les rebords de bancs calcaires, au niveau de suintements, sur des falaises et dans les abris sous roches. Citons encore l’Artémise camphrée sur les rochers bien exposés, l’Asperge à feuilles étroites ou la Clypéole jonthlaspi sur les murs ensoleillés.