ZNIEFF 820032178
Gorges de la Loire amont

(n° régional : 42120002)

Commentaires généraux

Un profond sillon creusé dans les plateaux granitiques par le fleuve qui a donné son nom au département : ce sont les gorges amont de la Loire. Depuis la limite départementale, à la confluence de la Semène qui descend du Pilat, jusqu’au mur du barrage de Grangent, elles s’étendent sur une vingtaine de kilomètres. Dans ce secteur, la Loire reçoit quatre affluents, tous en rive droite, qui sont du nord au sud : la Semène, l’Ondaine, le Lizeron et le Grangent. Le fleuve a mis à nu la roche primaire, granite plus ou moins décomposé par l’érosion. Ces affleurements rocheux sont le domaine du Hibou Grand-duc qui avait trouvé ici un de ses derniers refuges quand les populations de l'espèce étaient au plus bas. Aujourd’hui elle tend a reconquérir progressivement ses anciens territoires, et les gorges de la Loire sont sans doute un des sites du département où le plus grand rapace nocturne d’Europe est le mieux représenté. C’est également sur certains de ces rochers bien exposés que l’on peut trouver de rares stations d'une plante remarquable : l'Asarine couchée. Le bord des plateaux peut atteindre une altitude de 750 m alors que le fleuve se situe à 420 m. Ce dénivelé crée des décrochements parfois très abrupts. Ces fortes pentes possèdent un microclimat très chaud quand elles sont exposées au sud et bien plus froid sur les versants nord. Un tel contraste crée des différences écologiques importantes qui conduisent à la présence d’une grande diversité de milieux. Globalement, le climat est cependant plus chaud que sur les plateaux environnants, ce qui, joint à la faiblesse des précipitations, procure un aspect quasi méditerranéen à ces gorges. La faune et la flore associées sont le reflet de cette situation particulière : l’Erable de Montpellier et l’Amélanchier à feuilles ovales trouvent là une de leur limite septentrionale, les fauvettes méditerranéennes (pitchou, orphée) sont observées certaines années. Le pâturage avait par le passé contribué à ouvrir une partie de ces paysages. La déprise agricole et le désintérêt pour les milieux les plus ingrats ont conduit à l’abandon de ces maigres pacages. Il en est d’abord résulté une extension des landes puis une reconquête par la forêt, phénomène qui se poursuit encore actuellement. Les espaces encore ouverts (landes à genêts purgatifs, prairies) son extrêmement appréciés par l’Engoulevent d’Europe et tout un cortège de passereaux en voie de raréfaction : Alouette lulu, Bruant proyer, Tarier des prés, Traquet motteux…La retenue de Grangent, mise en eau en 1957, a perturbé ce fragile équilibre local, en noyant le fond des gorges et en rendant plus humide (le brouillard est très fréquent en hiver) ce milieu par ailleurs si sec. Par contre la création du lac de barrage a créé un site d’escale très apprécié par les oiseaux d’eau en migration et particulièrement lors des vagues de froid hivernales qui prennent dans la glace les étangs de la plaine du Forez. C’est également à cette saison que le mur du barrage accueille un hôte désormais régulier, un oiseau discret mais néanmoins superbe : le Tichodrome échelette. Toutefois, une des principales caractéristiques faunistiques des gorges de la Loire est leur grande richesse en rapaces : Milans noir et royal, Faucon hobereau, Circaète Jean le Blanc, Autour des palombes… pour ne citer que les plus prestigieux. Au total, ce sont ainsi une douzaine d’espèces de rapaces diurnes et cinq espèces de rapaces nocturnes qui se reproduisent chaque année sur ou à proximité du site. Il est intéressant de noter que pendant très longtemps les gorges de la Loire ont été le seul site de reproduction du Milan royal pour toute la région Rhône-Alpes. Si l’on a pu compter jusqu’à une quinzaine de couples reproducteurs et une soixantaine d’individus en hivernage, ce rapace qui connaît un déclin très alarmant dans toute l’Europe n’est plus aujourd’hui représenté que par deux ou trois couplesN’oublions pas non plus les espèces observées en migration : Balbuzard pêcheur, Aigle botté ou encore le Faucon pèlerin. C’est d’ailleurs sur les rochers de St Paul en Cornillon qu’a niché le dernier couple du département en 1976. Les naturalistes locaux attendent avec impatience le retour de cette espèce prestigieuse qui, à l'instar du Grand-duc, tend également à reconquérir d'anciens territoiresL’entomofaune est également tout à fait remarquable et d’une grande diversité (439 espèces de lépidoptères, 139 de coléoptères). L’hôte le plus prestigieux est sans aucun doute le Carabe hispanus avec ses élytres de couleur cuivre à reflets verts et rouges. Ce site représente la localité la plus septentrionale pour l’espèce, qui n’existe que dans le sud des Cévennes et du Massif Central. Une sous-espèce endémique (c'est à dire propre à une zone géographique restreinte) des gorges de la Loire a même été découverte il y a quelques années. Parmi les autres espèces remarquables ou protégées on peut également citer le Petit et le Grand Mars changeants pour les lépidoptères (papillons), le spectaculaire Lucane cerf-volant pour les coléoptères ou encore le Gomphe à pinces et l’Agrion à pattes larges pour les libellules. Diverses protections légales contribueront certainement à protéger la considérable richesse écologique de ce site qui est soumis à une forte pression immobilière. Le fort attrait touristique des gorges en font un site extrêmement fréquenté, et peuvent conduire parfois à la dégradation de certains lieux. C’est sans aucun doute (avec la fermeture progressive des milieux naturels) une des menaces principales qui pèsent aujourd’hui sur les gorges de la Loire.

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