Au nord du département de la Loire, s’étend la seconde plaine du département : celle du Roannais. Bordée à l’ouest par les monts de la Madeleine, à l’est par le Beaujolais et au sud par le seuil de Neulise, elle se prolonge au nord par la Sologne bourbonnaise. A l’instar de la plaine du Forez, elle est issue de l’effondrement du plateau cristallin lors de la formation du massif alpin. La Loire la traverse du sud au nord. La forêt de Lespinasse est située au nord-ouest du Roannais. A une altitude moyenne de 350 m, cette grande chênaie-charmaie de plaine est unique dans le département. Sur un substrat argileux, elle est semblable aux grandes forêts bourbonnaises de l’Allier et de la Saône-et-Loire plus au nord. Cette forêt présente une certaine diversité de milieux naturels, dont l'un remarquable : l’aulnaie-frênaie, dans les vallons humides. Les petits cours d’eau intermittents y sont parfois barrés pour former des petits étangs, utilisés pour une pêche de loisir. Ils sont par ailleurs favorables à la faune et la flore. C’est d'ailleurs dans les zones humides de la forêt que poussent la Petite scutellaire protégée en région Rhône-Alpes, et la petite plante carnivore qu’est l’Utriculaire commune, cette dernière en pleine eau. En ce qui concerne la faune, de nombreuses espèces appartenant à plusieurs groupes méritent d'être citées. Prionus coriarius est un insecte rare. Il appartient à la famille des coléoptères. Parmi les oiseaux, c’est le Pic mar qui est le plus caractéristique de ce type de boisement. La forêt de Lespinasse est pour ce petit pic noir et blanc avec le dessus de la tête rouge, le seul site de reproduction connu du département de la Loire. C’est aussi un milieu très favorable à l’Aigle botté, dont un couple a essayé de s’installer dans le massif forestier, mais sans succès de reproduction. S'agissant des mammifères, les représentant les plus intéressants en sont sans doute les chauves-souris, avec quatre espèces dénombrées, dont le rare Vespertilion de Bechstein et le plus commun Vespertilion de Daubenton. Ce dernier est bien présent partout en Europe centrale, et au nord jusqu’au 63ème parallèle environ. C’est aussi le cas en France et en région Rhône-Alpes, où il s'agit de l’une des espèces les plus fréquemment rencontrées par les chiroptérologues. Les amphibiens sont bien représentés en forêt de Lespinasse, où une très importante population de Crapaud commun se reproduit chaque fin d’hiver dans les étangs. La Salamandre tachetée est omniprésente, et on peut voir ses larves dans la plupart des trous d’eau une grande partie de l’année. Une importante population de Grenouilles rousses vit aussi dans cette forêt de plaine, phénomène plutôt rare pour l’espèce que l’on rencontre plus souvent en altitude. Le rare Sonneur à ventre jaune a été observé ici. Ce petit crapaud profite des ornières et mares temporaires pour pondre ses œufs durant l’été. Enfin, trois espèces de tritons se partagent les mares et fossés. C’est dans les plus profondes, dans les prairies en lisière de la forêt, qu’habite le Triton crêté. Pouvant mesurer plus de quinze centimètres de long, ce triton est le plus grand de France. Le mâle arbore une grande crête dorsale en période nuptiale où il rejoint l'eau pour s'y reproduire. Le reste de l'année, il vit caché dans les bois environnants, sous des souches, des mousses ou tout autre abri. On considère que le Triton crêté peut s'éloigner d'un kilomètre de son lieu de reproduction. Sa protection est considérée comme un enjeu européen en matière de conservation des espèces, en raison de la régression de ses populations.