L'étang de l'Estagnol est situé sur la commune de Villeneuve-lès-Maguelone et est classé en réserve naturelle nationale, gérée par l'OFB. Il est inséré entre les étangs littoraux palavasiens et les contreforts calcaires de la montagne de la Gardiole dont les premiers contreforts se situent à proximité à l'ouest. Ce site identifié en ZNIEFF est une zone humide intérieure de 74 hectares occupant une ancienne dépression fermée installée dans les calcaires de la Gardiole, et dont le fond est composé d'alluvions anciennes et récentes du Quaternaire.
Par rapport aux étangs littoraux proches, cette zone humide a la particularité d'être alimentée par de l'eau douce. Son fonctionnement hydraulique est cependant complexe. Il dépend des échanges avec le système karstique du massif de la Gardiole, des apports du bassin versant, des apports des nappes souterraines surtout en période hivernale et des précipitations. Ces dernières constituent la plus grande partie des apports de l'étang. Les eaux de ruissellement du bassin versant n'alimenteraient que le canal de ceinture. La partie nord de l'étang comporte des résurgences de la Mosson, localisées dans la roubine de ceinture qui alimenteraient ponctuellement l'étang. La salinité de ce site influencée par la proximité de l'aquifère salé des lagunes proches, est faible et dépasse rarement les 5 g/l d'eau.
Le site se présente sous la forme d'un étang peu profond aux eaux plutôt douces avec tapis de Charophytes, en mosaïque avec des phragmitaies inondées, qui occupent plus de 80 % de l'espace (environ 60 hectares). Cet ensemble est ceinturé et quadrillé de digues et de canaux. En périphérie y sont associés des prés salés, des prairies humides et une ripisylve à frêne (Fraxinus angustifolia) et Peuplier blanc (Populus alba).
L'étendue de la phragmitaie, en très bon état de conservation, est d'une grande attractivité pour la reproduction des oiseaux d'eau et des milieux palustres au regard de la taille de la zone humide. Elle accueille ainsi différents cortèges :
- des passereaux paludicoles : la Rousserolle turdoïde (acrocephalus arundinaceus), la Lusciniole à moustache (Acrocephalus melanopogon), le Panure à moustache (Panurus biarmicus), la Locustelle luscinoïde (Locustella luscinioides), ou le Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus) ;
- divers hérons dont : la Grande Aigrette (Ardea alba), le Héron pourpré (Ardea purpurea), le Crabier chevelu (Ardeola ralloides), le Butor étoilé (Botaurus stellaris), et le Blongios nain (Ixobrychus minutus) ;
- des oiseaux de surface : la Talève sultane (Porphyrio porphyrio) qui fréquente les roselières inondées et leurs clairs où elle se nourrit de végétaux, notamment de la "moelle" des roseaux et des joncs ; la Nette rousse (Netta rufina).
L'étang est aussi un site de halte migratoire de première importance étant donné sa situation géographique à proximité d'un important réseau d'étangs et de lagunes.
Concernant les insectes, une espèce de papillon patrimonial, la Diane (Zerynthia polyxena), fréquente les bordures nord et ouest de la réserve sur les bords de chemins, les lisières et les zones herbacées, principaux milieux où se développe la plante hôte, l'Aristoloche à feuilles rondes (Aristolochia rotunda), dont se nourrit sa chenille. Dans ces formations et au contact des vasières, plusieurs orthoptères déterminants sont aussi notés : la très rare Courtilière provençale (Gryllotalpa septemdecimchromosomica) ; le Tétrix des vasières (Tetrix ceperoi), espèce fréquentant les abords des eaux libres et les vasières ; le Caloptène occitan (Calliptamus wattenwylianus) ; le Criquet tricolore (Paracinema tricolor) ; la Decticelle des sables (Platycleis sabulosa). Les surfaces en eau de l'étang et les canaux sont propices aux odonates avec des espèces patrimoniales comme l'Aeschne isocèle (Aeshna isoceles), l'Aeschne printanière (Brachytron pratense), la Naïade aux yeux rouges (Erythromma najas), le Leste sauvage (Lestes barbarus) et le Leste verdoyant (Lestes virens).
Dans les mêmes habitats de reproduction des odonates, des amphibiens déterminants sont présents : la Grenouille de Pérez (Pelophylax perezi), la Grenouille de Graf (Pelophylax kl. grafi) et le Triton marbré (Triturus marmoratus).
Les habitats de prés salés méditerranéens, la ripisylve méditerranéenne et les mares temporaires abritent également diverses plantes patrimoniales parmi lesquelles : le Marisque (Cladium mariscus) ; le Crypside piquant (Crypsis aculeata) et le Crypside faux-choin (Crypsis schoenoides) ; la Nivéole d'été (Leucojum aestivum), protégée au niveau national ; le Pigamon de Méditerranée (Thalictrum lucidum), espèce très rare strictement inféodée au littoral méditerranéen...
La ZNIEFF épouse à quelques détail près le contour de la réserve. Elle est délimitée par un canal de ceinture et inclut le canal exutoire au sud (Vallat de la Bouffie). Les limites retenues correspondent à la transition des zones de marais avec les zones urbanisées ou de cultures.