La ZNIEFF du "Marais du Boulas et salins de Villeneuve" se situent au sein des zones humides périphériques des étangs palavasiens, au sud de l'agglomération de Villeneuve-lès-Maguelone. C'est une zone humide de 330 hectares, entourée au nord et à l'est par une plaine agricole, à l'ouest par le massif de la Gardiole et au sud par l'étang de Vic. Le substrat géologique dominant est composé d'alluvions récentes du Quaternaire qui recouvre des calcaires lacustres du Pliocène.
La zone se compose d'une mosaïque de milieux halophiles sur sa plus grande partie, avec un ancien marais salants dans sa moitié est, et des sansouires au sud. A l'ouest, les milieux sont moins salés, avec une étendue d'eau accueillant des tapis de charophytes et des roselières sur sa partie nord et ouest. Sur toute la périphérie ouest et nord, des prés salés et des prairies humides douceâtres sont également présents. Ce caractère moins salé en périphérie de la ZNIEFF est lié aux apports d'eau douce par des résurgences karstiques de la Gardiole à l'ouest, et des ruissellements du bassin versant à l'est. Lors des fortes entrées maritimes, l'eau salée pénètre en bordure de la zone humide via l'étang de Vic. La circulation hydraulique est peu fonctionnelle du fait du mauvais état du réseau de canaux et de roubines. Cette absence de gestion hydraulique ne paraît cependant pas affecter la zone humide, au vu de l'état de conservation satisfaisant des milieux et des espèces qui les fréquentent.
Les prés humides en périphérie de la ZNIEFF se rattachent pour partie aux formations méditerranéennes à grandes herbes du Molinio-Holoschoenion, habitat d’intérêt communautaire. Au contact des influences d’eau douces et saumâtres, s’y développe une végétation diversifiée abritant des plantes patrimoniale : Scorsonère à petites fleurs (Scorzonera parviflora), plante méditerranéenne très rare ; Troscart maritime (Triglochin maritimum) ; Linaire grecque (Kickxia commutata) ; Laîche hispide (Carex hispida). Des cladiaies riveraines, habitat d’intérêt communautaire, sont aussi notées. Elles apparaissent à la faveur des résurgences d'eau douce karstiques et sont dominées par le Marisque (Cladium mariscus), plante déterminante en régression en France.
Ces prés sont fréquentés par la Diane (Zerynthia polyxena), papillon protégé qui affectionne les lisières et zones herbacées, principaux milieux où se développe l'Aristoloche à feuilles rondes (Aristolochia rotunda), plante hôte de sa chenille. Plusieurs orthoptères déterminants sont aussi notés : Courtilière commune (Gryllotalpa gryllotalpa), en forte régression en France ; Courtilière provençale (Gryllotalpa septemdecimchromosomica) ; Tétrix des vasières (Tetrix ceperoi), espèce fréquentant plutôt les abords des eaux libres et les vasières ; Oedipode occitan (Oedipoda charpentieri), espèce peu commune du nord-ouest de la Méditerranée ; Criquet tricolore (Paracinema tricolor) ; Decticelle à serpe (Platycleis falx subsp. laticauda). Les résurgences et canaux d'eau douce sont propices aux odonates avec des espèces patrimoniales comme l'Aeschne isocèle (Aeshna isoceles), l'Aeschne printanière (Brachytron pratense), le Leste sauvage (Lestes barbarus) et le Leste verdoyant (Lestes virens).
Les étendues de roselière constituent un habitat d'espèce important pour des oiseaux nicheurs paludicoles : Butor étoilé (Botaurus stellaris) ; Blongios nain (Ixobrychus minutus), Héron pourpré (Ardea purpurea) ; Lusciniole à moustaches (Acrocephalus melanopogon) ; Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus) ; Panure à moustaches (Panurus biarmicus) ; Talève sultane (Porphyrio porphyrio)...
Les marais salants sont composés de formations végétales à salicorne d’intérêt communautaire, avec des fourrés halophiles méditerranéens, très largement représentés, et des tapis de Salicornia perennis, plus localisés. Ils hébergent plusieurs espèces d'oiseaux nicheurs patrimoniaux, notamment des laro-limicoles : Chevalier gambette (Tringa totanus), nicheur rare sur le site ; Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus) ; Sterne naine (Sternula albifrons) ; Mouette mélanocéphale (Ichthyaetus melanocephalus) ; Huîtrier pie (Haematopus ostralegus). Des canards nicheurs peu fréquents sont également signalés, la Nette rousse (Netta rufina) et le Canard souchet (Spatula clypeata). Les lagunes peu profondes et susceptibles d’assèchement en été se distinguent par une flore certes pauvre, mais spécifique et de grand intérêt patrimonial avec : l'Althénie filiforme (Althenia filiformis), plante considérée comme endémique du nord-ouest de la Méditerranée ; Riella helicophylla, bryophyte aquatique très rare et protégée au niveau européen ; des charophytes halophiles avec Tolypella salina, Lamprothamnium papulosum, Chara baltica…
La situation géographique à proximité d'un important réseau d'étangs et de lagunes confère par ailleurs à la ZNIEFF un intérêt comme halte migratoire pour l’avifaune.
La ZNIEFF englobe toutes les zones humides bordant l'étang de Vic au nord. Elle comprend l'ancien salin de Villeneuve, le marais du lieu-dit "le Boulas" et s'étend vers le sud-ouest jusqu'à la pointe "le Maupas". Le Mas des Quinze et son domaine agricole forment une enclave exclue du périmètre.
La limite est marquée par :
- à l'est et au nord-est, le passage entre les alluvions récentes quaternaires et les calcaires lacustres dit de Frontignan, ce qui se traduit en matière d'occupation des sols, par la transition entre les prés salés et l'ancien marais salant d'une part, et des emprises plus anthropiques faites de cultures, friches sèches abandonnées et habitations dispersées ;
- au sud, la transition plus ou moins nette entre les berges et la zone d'eau de l'étang de Vic ;
- à l'ouest et au nord-ouest, le passage des prés salés à des parcelles cultivées, en friches, urbanisées ou encore au bord de la D116.