ZNIEFF 910007390
Tourbière des Sagnes et du Peschio

(n° régional : 48164102)

Commentaires généraux

La ZNIEFF de la "Tourbière des Sagnes et du Peschio" est située dans la zone centrale du Parc National des Cévennes, sur le versant nord du Mont Lozère, au coeur du département de la Lozère. Elle englobe une grande zone humide au pied du Serre des Countrasts. Elle occupe une superficie de près de 135 hectares avec une altitude variant entre 1371 et 1400 mètres.

Le nom de Peschio fait référence à un ancien étang à poissons aménagé il y a quelques siècles et dont on distingue encore la digue à l'aval. Abandonné de longue date, l'étang a été entièrement colonisé par une végétation de tourbière dont l'entrelacs de racines, rhizomes et stolons forment un véritable matelas recouvrant toute sa surface. Cette tourbière se compose de divers habitats tourbeux dont l'agencement résulte du degré d’hygromorphie du sol. Sa partie centrale est formée de bas-marais, de bourbiers, et de tremblants et tourbières de transition. Vers les marges, un complexe tourbeux associant des tourbières hautes actives, des dépressions sur substrat tourbeux humides, des nardaies humides et des jonçaies prend place, alors qu'en périphérie, les versants piquetés de Pin sylvestre se couvrent de landes et de pelouses.

Les tourbières constituent un patrimoine écologique irremplaçable sur notre territoire. Ces milieux, dont la présence atteste de conditions écologiques particulières (climat froid et humidité à bilan hydrique positif), sont étroitement liées à la présence de sources et petites nappes. Issus des dernières glaciations, ils sont fragiles et sensibles à toute perturbation de leur fonctionnement hydrologique. La tourbière des Sagnes et du Peschio est le fleuron des tourbières du Mont-Lozère par sa surface (plus de 80 ha) et la diversité de ses habitats naturels. Elle compte de nombreux habitats tourbeux d'intérêt communautaire : tourbières hautes actives ; buttes de Sphagnum rubellum ; tourbières de transition ; radeaux à Menyanthes trifoliata et Potentilla palustris ; tourbières tremblantes acidiclines à Carex rostrata ; formations à Carex limosa et mousses brunes ; sources d'eaux douces à Bryophytes. D’autres habitats moins rares mais essentiels au fonctionnement de la tourbière complètent la complexité du site avec des bas-marais acides à diverses Laîches ou à Linaigrette à feuilles étroites, de nombreuses sources, des ruisseaux, des prairies et des pelouses humides (atlantiques et subatlantiques, à Jonc acutiflore, à Jonc rude ou à Nard). Les pentes au voisinage de la tourbière se distinguent par des végétations plus sèches au sein desquelles des habitats d'intérêt communautaire sont également notés avec des landes à Callune et Genêt pileux, et des pelouses montagnardes acidiphiles à Nard raide.

Ces milieux naturels oligotrophes abritent une faune particulièrement riche avec de nombreuses espèces d'insectes déterminantes. Plusieurs espèces de libellule y sont ainsi notées : l’Aeschne des joncs (Aeshna juncea), qui côtoie les eaux stagnantes acides ou pas, et qui est assez peu commune limitée aux zones d''altitude ; le Leste dryade (Lestes dryas), qui se rencontre dans les eaux stagnantes oligotrophes à mésotrophes végétalisées comme les tourbières (ou les lavognes, mares ou étangs forestiers présents dans les secteurs ensoleillés) ; le Sympétrum jaune d'or (Sympetrum flaveolum) qui apprécie les eaux stagnantes acides, souvent envahies par les végétaux ; le Sympétrum noir (Sympetrum danae) ; la Cordulie arctique (Somatochlora arctica) ; la Leucorrhine douteuse (Leucorrhinia dubia)... Le cortège des papillons est également très bien représenté avec par exemple : le Nacré porphyrin (Boloria titania) ; le nacré de la sanguisorbe (Brenthis ino) ; le Moiré blanc-fascié (Erebia ligea) ; le Moiré ottoman (Erebia ottomana) ; le Cuivré écarlate (Lycaena hippothoe)... Parmi le groupe des criquets et des sauterelles est à signaler la présence du rare Criquet palustre (Pseudochorthippus montanus), ainsi que du Dectique des brandes (Gampsocleis glabra) et de la Decticelle des bruyères (Metrioptera brachyptera).

Parmi le cortège floristique, plusieurs plantes patrimoniales caractéristiques des tourbières sont recensées : la Laîche filiforme (Carex lasiocarpa), espèce préférant les tremblants tourbeux primaires ; la Laîche des bourbiers (Carex limosa), espèce protégée au niveau national, en limite d’aire, que l’on trouve sur les tremblants tourbeux, à la base des buttes ou sur les tapis de Sphaignes vertes ; la Laîche pauciflore (Carex pauciflora), plante se développant dans les tourbières hautes ; le Lycopode inondé (Lycopodiella inundata), fougère protégée au niveau national, pionnière des substrat tourbeux acides ; l’Airelle à petit fruit (Vaccinium microcarpum), espèce préférant les buttes de Sphaignes...

De très nombreuses espèces de mousses peu communes à très rares sont à ajouter à la diversité biologique du site avec notamment Hamatocaulis vernicosus, espèce visée par la  Directive Habitats et inféodée aux milieux tourbeux.

 

Commentaires sur la délimitation

La délimitation de la tourbière est calée sur les élements suivants :

- au sud et au sud-ouest, la coubre de niveau des 1400 m ;

- à l'ouest et au nord-ouest, la limite entre les bois de pins et la tourbière au niveau de la tourbière de la Nassette ;

- au nord et à l'est, des chemins et sentiers.