La ZNIEFF « Prairies de Rieutort d'Aubrac » est localisée au nord-ouest du département de la Lozère, sur le plateau de l'Aubrac, entre les villages de Rieutord-d'Aubrac et Marchastel. Elle est constituée par un ensemble de prairies situées dans la vallée du Bès et de son affluent rive droite, le ruisseau de la Jaline. Elle occupe une superficie d'environ 100 hectares au pied du Puech del Pont. L'altitude varie peu, autour de 1150 mètres.
Le fond de vallée qui caractérise ce territoire se compose de prairies pâturées ou fauchées, de quelques pelouses sur les bordures ou à la faveur de bombements rocheux, et de plantations de conifères faisant office de brise-vents. Il est plat et constitué de dépôts alluvionnaires récents. Les cours d'eau y forment des méandres, et la présence de bras morts ou d'anciens méandres témoignent de leurs tracés antérieurs. Une grande partie des prairies qui couvrent ces bas-fond sont humides et inondables. Des drains y ont été aménagés par endroit pour limiter leur engorgement et augmenter les surfaces fourragères. Une grande partie du linéaire des ruisseaux affluents de la Bès, en particulier le ruisseau de la Janine, a subi par le passé des travaux de recalibrage.
Le périmètre est concerné par quelques infrastructures humaines. Il est longé et traversé par la petite route qui relie la D900 au sud à Rieutort-d'Aubrac au nord. Il inclut la ferme de Bouquincan. Et au nord, il est à noter la proximité d'une sablière qui exploite des alluvions glaciaires en bordure du lit majeur de la Bès.
Les prairies humides de la ZNIEFF sont soumise à des influences atlantiques atténuées. Ce sont des formations mésophiles à mésohygrophiles d'affinité montagnarde. Elles hébergent quelques plantes rares comme la Raipon de France (Phyteuma gallicum), le Téphroséride hélénitis (Tephroseris helenitis var. helenitis) et le Sélin à feuilles de carvi (Selinum carvifolium) dont le plateau d'Aubrac accueille les seules stations régionales connes à ce jour. C'est dans ce secteur que la Colchique des Alpes (Colchicum alpinum) a été observée en 2000. Il s’agit là de l’unique station connue du Massif central, totalement isolée des populations alpines. L'espèce y est à rechercher. Ces prairies constituent par ailleurs un ensemble d'habitats favorables pour plusieurs espèces d'oiseaux déterminants, tels le Traquet motteux (Oenanthe oenanthe), le Pipit farlouse (Anthus pratensis) ou la Pie-grièche grise (Lanius excubitor). Le Vanneau huppé (Vanellus vanellus) est un nicheur localisé en Aubrac mais régulièrement observé durant l'hiver.
A la faveur des cours d'eau, deux autres espèces déterminantes sont à signaler. Tout d'abord une characée, Nitella flexilis, qui est présence dans les eaux courantes de la Bès, ensuite un insecte odonate, le Sympétrum jaune-d'or (Sympetrum flaveolum), qui trouve ici les eaux stagnantes bien exposées et plutôt oligotrophes, riches en végétaux qu'il affectionne.
Le périmètre de la ZNIEFF englobe les praires les plus humides de cette partie de la vallée de la Bès et du ruisseau de la Janine. Mais le passage de ces formations qui reposent sur les alluvions du fond de la vallée aux pelouses adjacentes sur granite n'est toujours marqué dans le paysage.
Ainsi en rive gauche de la Bès, la limite retenue est située majoritairement en haut de talus, à une quinzaine de mètres en retrait du cours d'eau. Deux méandres à berge concave font exception. A leur niveau, la limite proposée est plus distante de la rive, elle s'appuie dans un cas sur le talus marquant le passage au lit majeur, et dans l'autre sur le linéaire d'un muret.
En rive droite de la Bès, au sud la limite longe la route depuis la D900 jusqu'au nord du Puech del Pont, et au nord près de la sablière, elle suit un muret ainsi qu'un haut de talus du lit majeur.
Dans la partie de la vallée correspondant au ruisseau de la Janine, les limites sont matérialisées par des limites de parcelles nettes soulignées par des haies et des murets.