ZNIEFF 930012342
LE VIEUX RHÔNE DE L'ÎLE VIEILLE ET DES CASIERS DE LAMIAT

(n° régional : 84112143)

Commentaires généraux

Description de la zone

Entre l’embouchure du Lauzon au nord et le débouché méridional du canal de dérivation de Donzère/Mondragon, à hauteur de l’île des Faisans au sud, le Rhône s’exprime dans deux sites complémentaires et bien individualisés, les casiers de Lamiat, et l’Île Vieille.

Les casiers de Lamiat qui jouxtent le Rhône sont une alternance de lônes, parfois artificialisées par des enrochements lorsqu’elles sont en contact direct avec le fleuve, et de ripisylves âgées, très denses et souvent difficilement pénétrables avec chêne pédonculé, aulne glutineux et frêne oxyphylle. Les lônes, lorsqu’elles ne sont pas trop dégradées par les enrochements ou par la présence parfois importante de lentilles d’eau, offrent de belles formations à hydrophytes et à hélophytes. L’Île Vieille est un marais dont la partie centrale est occupée par un étang bordé par une roselière. La ripisylve qui l’entoure forme une étroite bande boisée qui s’élargit parfois et devient très fournie. C’est souvent une ripisylve pionnière à peupliers.

Bien que situés sur les marges septentrionales du climat méditerranéen, ces sites sont déjà soumis à des influences tempérées. Certaines espèces médio-européennes ou eurasiatiques arrivent à s’y maintenir à la faveur de la présence de milieux qui restent frais et très humides, même en période estivale. Aussi, on y observe une grande partie des formations des grands fleuves médio-européens à l’exception notoire des prairies naturelles qui ont dû être détruites par l’extension de l’agriculture intensive.

Flore et habitats naturels
Le faible niveau d’artificialisation du site est à l’origine du maintien d’un bel ensemble naturel qui offre encore une grande diversité d’espèces dont certaines sont en limite méridionale de leur aire de répartition. Dans les lônes, Cyperus michelianus (souchet de Michel) et Hydrocharis morsus ranae (morène) existent toujours. Les formations à hélophytes présentent une diversité encore plus grande avec tout un cortège d’espèces médio européennes : Carex pseudocyperus (laîche faux souchet), Leersia oryzoides (leersie faux riz), Stachys palustris (épiaire des marais), Rorippa amphibia (rorippe des marais), Gnaphalium uliginosum (gnaphale des lieux humides).
Dans les sous bois les plus ombragés et frais des ripisylves médio européennes âgées, existe encore Circaea lutetiana (circée de Paris) en compagnie d’autres espèces considérées comme totalement étrangères à la flore de la région méditerranéenne.

Faune
Ce secteur présente un intérêt faunistique assez élevé avec la présence de 17 espèces animales patrimoniales, dont 5 espèces déterminantes.
Les mammifères sont localement représentés par le Castor d’Europe et par la présence avérée de la Loutre

Chez les reptiles citons la présence de deux espèces remarquables, la Cistude d’Europe (dernière donnée datant de 2005, CROP), espèce ayant une répartition lacunaire en Europe, inféodée aux zones humides et localisée en PACA et la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectione les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.

L’avifaune nicheuse locale comprend plusieurs espèces plutôt rares et localisées dans le département du Vaucluse et en Provence : le Héron pourpré (1 couple reproducteur en 2010 à l’Île Vieille), la Rousserole turdoïde (l’effectif nicheur est estimé entre 5 et 15 couples en 2010 dans la lône de Lamait), le Bihoreau gris (reproductions isolées probables), la Bondrée apivore, le Martin pêcheur d’Europe, le Guêpier d’Europe, le Pic épeichette. Le Blongios nain, le Petit duc scops et la Chevêche d’Athéna y sont données nicheurs potentiels. Nombre d’autres espèces d’oiseaux remarquables y sont régulièrement observées, utilisant le site comme lieu de repos ou de nourrissage (non nicheuse) : Aigrette garzette, Canard souchet, Nette rousse, Busard des roseaux.

L’ichtyofaune compte quant à elle plusieurs espèces intéressantes comme la Bouvière et le Toxostome.

Du côté des insectes, citons la présence du silphide Silpha puncticollis, espèce déterminante de méditerranée occidentale fréquentant les zones humides des bords de cours d'eaux et du littoral, rarement observée en France où les milieux qu'elle fréquente sont fortement menacés par l'urbanisation.

Commentaires sur la délimitation

Dans l’intérêt de conserver le continuum de l’hydrosystème, la ZNIEFF intègre l’ensemble de l’écosystème rivulaire : fleuve sensu stricto, lônes, ripisylves (y compris lorsqu’elle en était réduite à un linéaire).

Les limites extérieures de la ZNIEFF correspondent à une anthropisation forte de l’espace (agriculture, urbanisation).

Les zones d’extraction de granulats (sud de l’Île Vieille) ont été exclues. Il en est de même du site du TGV Méditerranée.