ZNIEFF 930012349
OCRES DE GARGAS

(n° régional : 84124100)

Commentaires généraux

Description de la zone

Au nord-ouest de la ville d’Apt, une croupe aux formes peu définies et à l’altitude modeste (250-350 m) se déroule de la Gardette jusqu’au piémont de Perréal où elle vient heurter une zone gypso-marneuse.

Ce site appartient au grand ensemble des ocres de Provence occidentale. Ces gisements ne sont pas réguliers mais se présentent sous forme de lentilles plus ou moins continues allant du bassin d’Apt (secteur de Gignac/Roussillon) au sud-est, au petit massif de Bollène/Uchaux au nord-ouest en passant par l’ensemble Bédoin/Mormoiron. Ce paysage insolite étonne par le contraste entre les couleurs chaudes de la terre, avec toutes les nuances possibles, allant du rouge foncé au jaune d'or, et les verts de la végétation naturelle (pinèdes et chênaies) ainsi que des cultures (vergers et vignes). Il exprime la mémoire de l'exploitation de ces gisements, par l'homme, intensive durant tout le XIXe siècle et au début du XXe siècle. Plus de 40 km de galeries souterraines aujourd'hui exploitées en champignonnières sillonnent cette colline. On y trouve, à proximité, la dernière exploitation encore en activité du bassin d’Apt.

Ce sont des sédiments d'origine marine, sables déposés au Crétacé, qui, par lessivage et altération et sous un climat de type tropical, ont donné naissance à ces ocres. Silice (quartz), kaolinite (argile) et goethite (oxyde de fer), constituent le socle géologique. Cette composante siliceuse induit une végétation et une flore qui contrastent, par leur originalité, avec celles des terrains calcaires avoisinants.

Cet ensemble, bien que proche de celui de Roussillon, s'en distingue par la disparition progressive de certaines espèces méditerranéennes thermophiles et l’apparition d’une flore plus tempérée. On se trouve sur un carrefour biogéographique et, indépendamment de l’altitude, on passe peu à peu de l’étage mésoméditerranéen à l’étage supraméditerranéen.

On rencontre ici, principalement, des formations forestières à base de pin d'Alep, de pin maritime protégeant des sous-bois composés pour l'essentiel d’une lande à bruyère à balai et à callune, qu'accompagne occasionnellement sur les sols les plus régulièrement humides, le sarothamne, qui, en terrain découvert, devient envahissant.

Flore et habitats naturels

La nature du substrat contribue à l’originalité de cette zone. Si, en dehors des formations forestières, c’est la lande à bruyères et à cistes avec en particulier Cistus laurifolius (ciste à feuilles de laurier) qui prédomine, c’est bien dans les micropelouses que les espèces expriment toute leur biodiversité. Installées sur des sols très filtrants, celles-ci ont nécessairement un cycle végétatif adapté, souvent très court afin de coïncider au mieux avec la période printanière souvent réduite au cours de laquelle l'eau est présente dans les couches superficielles du sol. Les années séchardes particulièrement défavorables, certaines d'entre elles peuvent même ne pas apparaître. Il y a quelques années encore, Ononis alopecuroides (bugrane faux-vulpin) s’y rencontrait même, mais elle n’a pas été confirmée depuis. Cette espèce, très rare en France a toujours été considérée comme fugace dans notre pays.

Faune

Les ocres de Gargas recèlent un peuplement faunistique d’un intérêt patrimonial assez élevé. Dix sept espèces animales patrimoniales (dont trois déterminantes) fréquentent ce site.

Les Mammifères comprennent trois chauves souris (Petit Rhinolophe, Grand Rhinolophe, Petit Murin ) et un rongeur (le Rat des moissons, plutôt rare et localisé en Provence).

En ce qui concerne l’avifaune, mentionnons la présence de plusieurs espèces nicheuses : Bondrée apivore, Circaète Jean le blanc (1 couple reproducteur), Faucon hobereau, Chevêche d’Athéna ou Chouette Chevêche, Petit duc scops, Guêpier d’Europe, Huppe fasciée, Pic épeichette, Cochevis huppé, Caille des blés, Alouette lulu. Les Amphibiens locaux sont représentés par le Pélobate cultripède et le Pélodyte ponctué. Les inventaires sont à actualiser et compléter sur ce site.

Commentaires sur la délimitation

Répartition et agencement des habitats : les formations rupestres et boisées, le maquis et les pelouses occupent la totalité de cette zone, permettant ainsi de mieux définir les limites de cette ZNIEFF.

Cette démarche se justifie par le fonctionnement et les relations existant entre ces différents écosystèmes.

La climatologie ainsi que le contexte géologique confortent la définition du contour de la zone.

Les secteurs anthropisés ainsi que les agrosystèmes et l’unique exploitation d’ocres ont été exclus de la zone