ZNIEFF 930012357
MARNES ET GYPSES DU BASSIN D'APT

(n° régional : 84100142)

Commentaires généraux

Description de la zone


Dans le bassin d’Apt, entre les ocres de Roussillon/Rustrel et les monts de Vaucluse, des paysages présentent une grande originalité car ils s’expriment sur un substrat de roches sédimentaires où les marnes tiennent une grande place. C’est particulièrement le cas à la Gardi (Goult), à Clavaillan (Roussillon), à Perréal (Saint Saturnin lès Apt/Gargas) et au Marquis (Apt). Ces formations qui correspondent aux marges du synclinal d’Apt, datent principalement du Crétacé inférieur (Aptien supérieur ou Gargasien) et de l’Oligocène. Ce sont des collines peu élevées (de 200 à 500 m environ) qui se présentent sous forme de dômes de marnes gris bleu ou noirâtres (les « bad lands ») ravinés par l’eau en grands sillons ou d’escarpements gypseux qui s’érodent assez facilement, notamment lorsqu’ils sont gorgés d’eau après les pluies.
Dans cet ensemble, la colline de Perréal, composée de lits de calcaires blancs alternant avec des argiles et marnes vertes ou jaunes, ainsi que du gypse, offre une structure particulière. C’est un fossé d’effondrement situé entre deux failles qui, sous les effets de l’érosion, se retrouve en inversion de relief et s’est transformé en « butte témoin », véritable promontoire au centre du bassin d’Apt dont le sommet abrite une petite chapelle romane, Sainte Radegonde, ainsi que des vestiges d’occupation préromaine.
La végétation qui relève de l’étage mésoméditerranéen et de la base de l’étage supraméditerranéen est formée d’un taillis de chêne vert, parfois de chêne pubescent en versant nord, de pin d’Alep et de quelques pelouses sèches.

Flore et habitats naturels


Sur ces milieux où la couverture végétale est souvent très réduite, des espèces ont néanmoins réussi à s’adapter aux contraintes édaphiques à la faveur de leur système racinaire très long qui arrive à se fixer dans ces terrains plastiques. Dans cet espace pourtant peu favorable à la manifestation d’activités biologiques, mais très spécialisé, certaines d’entre elles y présentent même un très grand intérêt patrimonial. Tel est le cas de l’une des deux seules localités françaises de Brassica elongata subsp. integrifolia (chou allongé, à feuilles entières) qui ne se maintient que dans les escarpements gypseux de Perréal. En exposition nord, les piémonts frais de Perréal et du Marquis hébergent Euphorbia graminifolia (euphorbe à feuilles de graminée) endémique provenço dauphinoise. Les pelouses installées sur les pentes les moins fortes sont colonisées par Ophrys bertolonii subsp. saratoi (ophrys de la Drôme), endémique provenço dauphinoise (Perréal), Convolvulus lineatus (liseron rayé) et Hedysarum boveanum subsp. europaeum (sainfoin bas) à Clavaillan et Perréal. En outre, à Clavaillan, on peut rencontrer Ophrys provincialis (ophrys de Provence), endémique provençale, alors que Perréal abrite aussi Globularia vulgaris (globulaire vulgaire). Enfin, en piémont nord de Marquis, près des Trécassats, le long d’un thalweg et sur des calcaires argileux, Anacamptis laxiflora (orchis à fleurs lâches), orchidée des prairies très humides s’est installée.


Faune

Cette zone accueille douze espèces d’intérêt patrimonial, dont une est déterminante.
Un mammifère remarquable est présent dans cette zone, le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile et assez rare en montagne.
Les reptiles sont représentés par trois espèces remarquables, la Couleuvre à échelons (Zamenis scalaris), espèce à distribution franco-ibérique, typique du cortège provençal et affectionnant les milieux secs et broussailleux, et le Seps strié (Chalcides striatus) et le Lézard ocellé dont la présence serait à actualiser.
Les oiseaux nicheurs comprennent quant à eux des espèces telles que la Bondrée apivore, le Circaète Jean-le-Blanc, le Guêpier d’Europe, l’Autour des palombes, le Bruant fou, l’Alouette lulu et la Chevêche d’Athéna.
Une seule espèce d’insecte a été inventorié. Il s’agit du Sablé de la luzerne (Polyommatus dolus), papillon de jour dont la sous-espèce dolus est endémique de Provence et peuple les chênaies claires, lisières et pelouses où croissent ses plante hôtes des sainfoins (Onobrychis ssp).
Des inventaires complémentaires seraient à mener pour ce groupe.

Commentaires sur la délimitation

Répartition et agencement des habitats : les taillis de chêne vert et de chêne pubescent, les pinèdes de pin d’Alep ainsi que les pelouses occupent la totalité de cette zone permettant de définir les contours de la ZNIEFF.

Cette démarche se justifie par le fonctionnement et les relations qui existent entre ces différents écosystèmes. Il existe une complémentarité entre les milieux ouverts, terrain de chasse privilégié pour l'avifaune nichant dans les milieux boisés.

Les contraintes du milieu géologique confortent la définition du pourtour de la zone : celle-ci ne prend en considération que les milieux gypso-marneux du bassin d’Apt.

En revanche, les agrosystèmes en ont été exclus, ainsi que les sites trop artificialisés (mitage de l’espace, etc.).