ZNIEFF 930012367
VERSANT NORD-EST DU MASSIF DU LUBERON - FORÊTS DOMANIALES DE PÉLISSIER ET DE MONTFURON - COLLINES DE MONTJUSTIN

(n° régional : 04161100)

Commentaires généraux

 

Description

Localisé dans la partie sud ouest du département des Alpes de Haute Provence, le site est établi sur les communes de Céreste, Dauphin, Manosque, Montfuron, Montjustin, Pierrevert, Saint Maime, Saint Martin les Eaux, Villemus et Volx. Ce vaste site couvre toute la chaîne de petites montagnes qui s’étend du sommet des collines de Pimayon – au nord de Manosque à la crête du Montjustin.

De nature principalement sédimentaire, le substrat géologique du site est composé de calcaires, de marnes, de grès de molasses et de gypses appartenant au Miocène, à l’Oligocène et au Crétacé. Des épandages locaux de colluvions et des dépôts d’alluvions fluviatiles recouvrent localement ces formations, dans les fonds de vallées et bas de versants.

Bénéficiant d’un climat de type principalement supra-méditerranéen et étendu entre 330 m et 790 m d'altitude, le site s'inscrit dans les étages de végétation méso-méditerranéens, supra-méditerranéens et localement montagnards inférieurs.

La végétation est principalement forestière : chênaie pubescente, chênaie verte, hêtraie relique très localisée, pinèdes de Pin d’Alep (Pinus halepensis) et de Pin sylvestre (Pinus sylvestris). Sur les versants de forte pente, entrecoupés de petits thalwegs et d’exposition générale nord, les chênaies pubescentes supra méditerranéennes sont majoritaires. Sur les versants exposés au sud, de pente plus douce, des chênaies vertes sont bien présentes, accompagnées également de chênaies pubescentes méditerranéennes et de pinèdes sylvestres.

Sur les croupes sommitales, se développent localement des pelouses sèches rocailleuses, des garrigues et des landes à Genêt cendré (Genista cinerea). Des falaises et éboulis calcaires sont également présents.

Des parcelles agricoles (prairies extensives) ponctuent localement le massif.

 

Milieux patrimoniaux

Le site possède plusieurs habitats rocheux remarquables : les formations végétales des rochers et falaises calcaires ibéro méditerranéennes [asso. phyto. Phagnalo sordidi Asplenietum petrarchae (62.111)] et des rochers et falaises calcaires alpiennes et supra méditerranéennes [asso. phyto. Potentillo caulescentis Hieracietum humilis (62.151) et Sileno saxifragae Asplenietum fontani (62.152)], associés aux éboulis thermophiles à Calamagrostis argenté (Achnatherum calamagrostis) [all. phyto. Stipion calamagrostis (61.3)], habitat représentatif.

Plusieurs autres habitats d’intérêt patrimonial, typiques ou représentatifs sont également présents. Ce sont : les pelouses xérophiles écorchées supra  et oro méditerranéennes à Bugrane striée (Ononis striata) [all. phyto. Ononidion striatae (34.71)], les garrigues supra méditerranéennes à Thym (Thymus vulgaris) [all. phyto. Helianthemo italici Aphyllanthion monspeliensis (32.63)], les landes supra méditerranéennes et oro méditerranéennes à Genêt cendré (Genista cinerea) et Lavande à feuilles étroites (Lavandula angustifolia) [all. phyto. Lavandulo angustifoliae Genistion cinereae (32.61 et 32.62)], les boisements thermophiles et supra méditerranéens de Chêne pubescent (Quercus humilis) [all. phyto. Quercion pubescenti sessiliflorae (41.711)], les pinèdes méditerranéennes Pin d’Alep (Pinus halepensis) (42.84) et les boisements méso et supra méditerranéens de Chêne vert ou Yeuse (Quercus ilex) [all. phyto Quercion ilicis (45.31 & 45.32)].

Des pratiques culturales, encore peu intensives, ont permis jusqu’à présent le maintien d’écosystèmes agraires particulièrement riches en plantes messicoles, liées aux moissons et champs cultivés [all. phyto. Caucalion lappulae (82.3)], sur certaines parcelles.

 

Flore

Le site comprend une flore remarquable incluant onze espèces végétales déterminantes, dont trois sont protégées au niveau national : la Nigelle de France (Nigella gallica), très rare renonculacée messicole qui serait à rechercher sur le site, le Rosier de France (Rosa gallica), très bel églantier sauvage, qui représente l’un des ancêtres des rosiers horticoles, et l’Euphorbe à feuilles de graminée (Euphorbia graminifolia), et trois sont protégées en région Provence-Alpes-Côte d’Azur : le Sainfoin bas d'Europe (Hedysarum boveanum subsp. europaeum), le Tabouret précoce (Noccaea praecox), petite crucifère connue seulement de quelques massifs supra-méditerranéens du sud est de la France, et l’Ophioglosse des marais (Ophioglossum vulgatum), petite fougère discrète des prairies humides. On peut également noter la présence d’espèces déterminantes comme le Bifora testiculé (Bifora testiculata), rare ombellifère messicole, la Globulaire commune (Globularia vulgaris), la Fléole rude (Phleum paniculatum), la Clématite droite (Clematis recta), rare renonculacée d’affinité orientale liée aux lisières et bois clairs des plaines alluviales, et le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster x intermedius).

Par ailleurs, ce site abrite neuf espèces remarquables dont quatre sont protégées au niveau national : la Gagée de Bohème (Gagea bohemica), la Gagée des prés (Gagea pratensis), rare liliacée des pelouses sèches, la Gagée des champs (Gagea villosa), l'Ophrys de la Drôme (Ophrys bertolonii subsp. saratoi), et une protégée en Provence Alpes Côte d’Azur : l'Ophrys de Provence (Ophrys provincialis). Le Sélin à feuilles de silaus (Katapsuxis silaifolia), le Narcisse à feuilles de jonc (Narcissus assoanus), l'Ibéris droit (Iberis linifolia subsp. stricta), l'Aristoloche pâle (Aristolochia pallida) sont les autres espèces remarquables connues de ce site.

 

Faune

Ce site possède un patrimoine faunistique riche et diversifié d’un intérêt biologique élevé, avec la présence de trente-trois espèces animales patrimoniales, dont dix-sept sont déterminantes.

Parmi les chiroptères, citons en particulier le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) et le Grand Murin (Myotis myotis), espèces déterminantes assez communes mais localement en régression, le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros) et la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèces remarquables, et enfin le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), espèce remarquable d’affinité méditerranéenne. La Genette (Genetta genetta) est également présente sur ce site.

L’avifaune nicheuse comporte plusieurs espèces intéressantes comme le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), espèce déterminante, ainsi que le Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), le Monticole bleu (Monticola solitarius) et la Fauvette orphée (Sylvia hortensis).

L‘herpétofaune locale est représentée par le Lézard ocellé (Timon lepidus), reptile déterminant d’affinité méditerranéenne des milieux ouverts, rocailleux et ensoleillés.

Le périmètre comporte un très fort intérêt entomologique, abritant vingt-trois espèces patrimoniales liées aux boisements et aux milieux ouverts.

Dans les peuplements de vieux chênes, notons la présence du Chlorophore à antennes rousses (Chlorophorus ruficornis), espèce déterminante de coléoptère endémique franco ibérique, liée aux branches mortes de chêne déjà attaquées par d’autres coléoptères. Il est accompagné par trois espèces remarquables de coléoptères saproxyliques, le Purpuricène globuleux (Purpuricenus globullicollis), le Capricorne velouté (Cerambyx welensii) et la Lepture de Fontenay (Scictoleptura fontenayi). 

Les milieux ouverts et secs sont peuplés par de nombreuses espèces patrimoniales de lépidoptères méditerranéens. Citons quatre espèces déterminantes : le Marbré de Lusitanie (Iberochloe tagis), espèce très localisée représentée par la sous-espèce bellezina, endémique du sud de la France et de l’extrême nord-ouest de l’Italie, inféodée aux milieux ouverts où croît sa plante nourricière Iberis pinnata, l’Alexanor (Papilio alexanor), protégé au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodé aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga, le Sablé de la luzerne (Polyommatus dolus dolus), dont la sous-espèce dolus est endémique de Provence et peuple les chênaies claires, lisières et pelouses où croissent ses plante hôtes des sainfoins (Onobrychis ssp), et le Moiré de Provence (Erebia epistygne), d’affinité méditerranéo-montagnarde dont l’aire de répartition ibéro-provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea). Ces papillons sont accompagnés de , deux espèces remarquables  : la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), espèce d’affinité ouest-méditerranéenne, protégée en France, liée aux friches, garrigues et boisements clairs où croît la principale plante nourricière de sa chenille, la Badasse (Dorycnium pentaphyllum) et la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce d’affinité ouest-méditerranéenne protégée en France, dont la chenille vit sur l’Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia) dans les forêts claires et sur les coteaux pierreux, chauds et ensoleillés jusqu’à 1100 m d’altitude. Un criquet déterminant accompagne ce cortège : le Sténobothre cliqueteur (Stenobothrus grammicus), espèce ibéro-provençale, d'affinité méditerranéeo-montagnarde, typique des milieux secs, arides et pierreux.

D’autres insectes d’intérêt patrimonial peuplent le site. Citons la Laineuse du Prunellier (Eriogaster catax), lépidoptère remarquable, protégé au niveau européen, fréquentant les forêts abritées de feuillus, et les fruticées où sa chenille se nourrit de feuilles de chêne, prunellier et aubépine; le Sphinx de l’Argousier (Hyles hippophaes), espèce déterminante crépusculaire et nocturne de lépidoptère, rare partout, extrêmement localisée et protégée au niveau européen, strictement inféodée aux ravines et bords des cours d’eau où croissent des argousiers, plante nourricière de sa chenille; la Réduve (Coranus pericarti), espèce déterminante d’Hémiptère Réduviidae, la punaise Anoplocerus elevatus, espèce déterminante de Coreidae, l’Agriote (Agriotes brevis), espèce déterminante de Coléoptères Elatéridae (Taupins), d’affinité méridionale, inféodée aux milieux ouverts et très sensible aux pesticides et à la colonisation des prairies par les ligneux, le coléoptères Pseudomasoreus canigoulensis, espèce déterminante de Carabidae, l’Athous frigide (Athous frigidus), espèce déterminante d’Elatéridae (Taupins), endémique franco-italienne ici en limite d’aire, liée aux prairies sèches de montagne et souffrant de la colonisation de ses biotopes ouverts de prédilection par les ligneux et enfin l’Otiorrhynque (Otiorhynchus putoni), espèce déterminante de Curculionidés, endémique des pâturages secs, ensoleillés et caillouteux situés entre 800 et 2000 m d’altitude, des départements du Vaucluse, des Hautes Alpes et des Alpes de Haute Provence.

 

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 2 englobe les deux ZNIEFF de type 1 suivantes : « Collines de Saint Martin, les Ubacs, Sarzen, la Garde, les Margaridétes, Pissautier et Montaigu » & « Collines et coteaux de la Grande Gardette, la Rovère, Sainte Marguerite, Piganaud et Châteauneuf ».

 

Commentaires sur la délimitation

Le site concerne la partie Alpes-de-Haute-Provence du massif du Luberon et se prolonge à un système de collines et petits plateaux forestiers qui s’y rattache au nord-est. Si les motivations de la délimitation de cette ZNIEFF sont avant tout d’ordre fonctionnel, de façon à inclure des habitats et populations d’espèces à forte valeur patrimoniale, le positionnement de ses limites est établi au mieux sur des repères visuels marqués et sur des éléments topographiques ou géographiques importants : ruptures de pentes, talwegs, crêtes secondaires, réseau routier local, dessertes, lisières, etc.