ZNIEFF 930012381
MONT VENTOUX

(n° régional : 84102100)

Commentaires généraux

Description de la zone

Culminant à 1 912 m d’altitude, le mont Ventoux qui constitue l’avancée la plus occidentale des Alpes françaises méridionales s’étire d’ouest en est sur environ 24 km, d’Aurel à Malaucène et sur 15 km du nord au sud. Au nord il tombe en un ubac très abrupt sur le torrent du Toulourenc, alors qu’à l’est et au sud, des pentes moins fortes et des altitudes progressives le conduisent vers le bassin de Monieux/Sault, les gorges de la Nesque, et les derniers reliefs du bassin de Carpentras. À l’ouest en revanche, ses limites sont moins franches mais correspondent pour l’essentiel au bassin de Malaucène.

Le mont Ventoux domine largement les contrées environnantes, ce qui explique que l’on jouisse au sommet du massif d’une vue d’une ampleur remarquable qui s’étend depuis le Canigou jusqu’au mont Blanc en passant par le Puy de Dôme. Ce massif, par son caractère isolé, exprime une identité visuelle très forte qui en fait, dans l’histoire de la Provence, une montagne quasiment mythique. Sur les traces du grand poète italien Pétrarque qui en a effectué la première ascension au début du XIVe siècle, des générations de naturalistes, parfois célèbres, ont parcouru ce massif : De Jussieu au XVIIe, Gouan au XVIIIe, Requien, Flahault et Fabre au XIXe.

Le massif du mont Ventoux appartient entièrement au domaine de la Provence préalpine. C’est un pli orienté est ouest, et qui a été soumis à une série de failles. Il a été ébauché lors des phases provençales, puis largement affecté par la tectogénèse alpine oligocène et ultérieurement par les rejeux post miocènes. Ses traits structuraux majeurs ont été acquis lors des phases tardives de la tectogénèse alpine. Toutes les formations géologiques sont sédimentaires et, mis à part des dépôts récents (éboulis, etc.), toutes datent du secondaire et du tertiaire. Et la roche qui impose sa marque au relief est le calcaire, qu’il soit résistant et compact (calcaires subrécifaux du Bédoulien à 900/1 000 m, calcaire à faciès urgonien du Barrémien dans les parties supérieures du massif), en plaquettes ou marneux et donc plus friable (calcaires du Bédoulien en versant sud jusqu'à 600 800 m et en versant nord-ouest, et calcaires du Barrémien, à l’est du col de la Frache). Cela se traduit dans le paysage par la présence d’un modelé karstique avec développement principal d’un lapiaz et d’un important réseau hydrographique fossile formé d’un ensemble de combes séparées par des croupes, les chevrons. En effet, il n’y a jamais de cours d’eau permanent et les sources, surtout en versant sud, sont peu nombreuses et rarement pérennes. Ces combes demeurent souvent à sec, même en temps d’orage, car les eaux s’infiltrent en quasi-totalité dans les calcaires fissurés. En revanche, il est probable qu’il existe un réseau hydrographique souterrain dont les deux exutoires seraient la Fontaine de Vaucluse et la source du Groseau près de Malaucène.

Le mont Ventoux est soumis à des influences climatiques méditerranéennes et préalpines qui induisent des contrastes saisissants en raison de l’exposition et de l’altitude : températures basses au sommet (3,2 °C en moyenne annuelle), précipitations qui augmentent de façon notoire de la base au sommet avec un maximum en versant nord au Mont Serein (3 000 mm/an environ) et qui, à partir de 1 500 m d’altitude, peuvent être neigeuses une partie de l’année, nébulosité importante (200 j/an au sommet), vents qui sont l’élément le plus marquant de la climatologie du massif (plus de 220 j/an au sommet).

Étant donné sa localisation et à la faveur de son altitude, le mont Ventoux constitue une entité biogéographique très originale, véritable carrefour des influences médio européennes et alpines sur son versant nord et en altitude, des influences méditerranéennes et plus particulièrement ouest méditerranéennes sur son versant sud. Il présente probablement le plus bel exemple d’étagement de la végétation que l’on puisse trouver en région méditerranéenne française et peut être considéré comme la montagne la plus représentative des Préalpes calcaires du sud. En effet la grande particularité de ce massif tient à la succession altitudinale de la plupart des écosystèmes méditerranéens, depuis la brousse mésoméditerranéenne à chêne kermès jusqu’aux pinèdes oroméditerranéennes à pin à crochets et aux pelouses d’altitude. L’étagement de la végétation qui se structure à partir des écosystèmes forestiers qui y sont très diversifiés, tant par le nombre d’essences qui les organisent que par la biodiversité spécifique des strates arborescentes et arbustives qui y participent comporte :
- un étage mésoméditerranéen représenté par la série méditerranéenne du chêne vert et celle du chêne pubescent dans sa variante xérophile et mésophile. Cet étage est presque exclusivement représenté dans la partie occidentale du massif. La partie orientale, davantage soumise aux influences climatiques tempérées, offre des températures plus basses et des précipitations plus importantes qui excluent le chêne vert des peuplements sylvatiques. En adret, la chênaie verte est très largement représentée sur la commune de Bédoin où elle atteint 900 m. Dans la région de Malaucène, la chênaie verte se cantonne aux sites les plus ensoleillés. En versant nord, il est très bien représenté à la base du sommet de la Plate, mais côté vallée du Toulourenc, il devient résiduel, se localisant aux stations les plus ensoleillées et les plus sèches. Dans cet étage, le chêne pubescent se substitue au chêne vert, là où les sols sont profonds et offrent un important pouvoir de rétention hydrique. Le pin d’Alep est l’essence la plus thermophile de cet étage, et il se localise à la base du massif où il ne dépasse pas 500 m ;
- un étage supraméditerranéen qui correspond à la chênaie à chêne pubescent et à chêne sessile dans un contexte climatique plus humide et plus frais que l’étage mésoméditerranéen. Elle couvre des surfaces importantes dans ce massif, entre 900 et 1 300 1 400 m dans la partie sud occidentale. En versant sud, la limite s’abaisse de l’ouest à l’est (1 000 m à Aurel pour la limite supérieure et 600 m à Flassan pour la limite inférieure). Sur le versant nord, plus froid, la limite supérieure de la chênaie est plus basse (900 m à peine dans la partie la plus orientale), alors que sous le Mont Serein, on l’observe encore à 1 000 1 100 m ;
- un étage montagnard méditerranéen qui correspond à la série supérieure du pin sylvestre (autour du Mont Serein principalement) et à la série subméditerranéenne du hêtre et du sapin. Cette dernière se rencontre en versant nord dans les fonds de vallons sous le Mont Serein et en versant sud, elle occupe toute la hêtraie sèche. Le hêtre peut même descendre à des altitudes très basses lorsqu’il se retrouve en situation abyssale (dans la combe de la Canaud, à 800 m, il côtoie même le chêne vert) ;
- un étage oroméditerranéen avec la série méridionale du pin à crochets. Vers 1 500 1 600 m, en versant sud, l’étage montagnard cède la place à l’étage oroméditerranéen qui s’exprime jusque sous la partie sommitale (vers 1 750 m), entre le col de la Frache et la Terre à François ;
- un étage montagnard avec la série mésophile du hêtre et la série de la hêtraie sapinière. Cet étage correspond à un climat froid et humide. C’est à son niveau que les précipitations sont les plus abondantes du massif ; il en est de même du brouillard et de la nébulosité. La hêtraie sapinière se développe du Mont Serein aux Serres Gros. Dans la partie orientale du massif, l’augmentation des précipitations favorise l’extension du hêtre. Il existe du chalet Reynard à Aurel, sur toute la crête est, à partir de 1 000 m en adret et de 900 m en ubac ;
- un étage subalpin avec la série préalpine du pin à crochets. Il correspond au versant nord à partir de 1 600 1 700 m d’altitude et à toute la partie sommitale (à partir de 1 750 m en versant sud).

Lieu de prédilection du naturaliste, le mont Ventoux présente une flore exceptionnelle qui est un résumé de celle de la région méditerranéenne française. Il fonctionne comme un isolat et se caractérise par l’existence d’un foyer d’endémisme dans sa partie sommitale et par la présence d’espèces alpines ou boréo alpines qui y sont souvent banales du fait d’une moindre pression interspécifique que dans leurs milieux d’origine. Mais la localisation des espèces dans les écosystèmes est si variable qu’elle traduit les perturbations subies par ce massif au cours des siècles. Perturbations provenant des feux pastoraux, des déboisements séculaires, mais aussi des très importants programmes de reboisements engagés dès le milieu du XIXe siècle avec des essences soit indigènes (chêne, hêtre, pin sylvestre, pin à crochets, etc.), soit introduites (mélèze, pin noir d’Autriche, cèdre, etc.). Aujourd’hui, la plus grande biodiversité s’exprime dans des structures d’écosystèmes stables : hêtraies sapinères du versant nord, forêts orophiles sud occidentales de pin à crochets, chênaies pubescentes d’altitude, pelouses orophiles à recouvrement continu. En revanche, les structures issues de reboisements ou celles entièrement reconstituées sont assez pauvres et présentent une biodiversité bien moindre que celle des écosystèmes précédents. C’est là un signe important que dans ce massif, l’exploitation séculaire des ressources a conduit au délabrement des sols, à la dispersion et à la disparition progressive des espèces Au mont Ventoux, la remontée biologique au sein des écosystèmes issus de reboisements à partir d’essences autochtones est extrêmement lente.

Flore et habitats naturels

Le remarquable étagement de la végétation induit, dans le massif du mont Ventoux, une très grande biodiversité des habitats, car en dehors des formations climaciques et de leurs stades de dégradation, on y observe également un très large éventail de formations édaphiques. La flore, avec son cortège d’espèces endémiques, en limite d’aire ou très rares atteste de la localisation du massif sur un carrefour biogéographique. Dans les étages méso et supraméditerranéen, l’expression de la biodiversité se manifeste principalement dans les milieux ouverts situés au sein du taillis de chênes avec Acis fabrei (nivéole de Fabre), une des deux seules espèces endémiques du Vaucluse qui se rencontre entre la Gabelle et les gorges de la Nesque, et Legousia falcata subsp. castellana (spéculaire scabre) qui a pratiquement disparu du territoire national et qui se maintient, très difficilement, surtout aux Landerots, avec des populations toujours très réduites. On peut également y rencontrer Lathraea squamaria (clandestine écailleuse) à la Combe de la Canaud, Aristolochia pallida (aristoloche pâle) à la Fontaine de la Canaud et au ravin de Megnève, Gagea pratensis (gagée des prés) et Gagea villosa (gagée velue) au Jas Forest, Ophrys  saratoi (ophrys de la Drôme) à la base du massif (entrée de la combe de la Canaud et combe de Brès), Crepis suffreniana (crépis de Suffren) au Ventouret, Cynoglossum pustulatum (cynoglosse à pustules), Salvia aethiopis (sauge d’Éthiopie) aux Abeilles. En revanche, dès que l’on se trouve sur les croupes ventées de la partie occidentale du massif, c’est la formation à Genista pulchella (genêt de Villars) qui, bien que dégradée, occupe l’espace. Elle est surtout bien représentée aux Ramayettes, à la Tête de l’Emine et aux environs du Collet Rouge. Dans les pelouses méditerranéo montagnardes, du Sommet de la Plate, des Ramayettes et de la Tête de l’Emine, on rencontre encore Bupleurum ranunculoides subsp. telonense (buplèvre de Toulon). Dans ces deux étages de végétation, les groupements édaphiques prennent une très grande importance, sur les deux versants, mais principalement en versant sud à la faveur de la présence d’un ensemble de combes très rupestres. C’est ainsi que la formation à Potentilla caulescens (potentille caulescente) rencontre des conditions particulièrement favorables à la base du versant nord, au niveau des Rochers du Groseau, dont les éboulis situés en piémont hébergent également Minuartia capillacea (sabline capillaire). En versant sud, certaines combes abritent Poa flaccidula (pâturin mou) et Alyssum serpillyfolium (passerage à feuilles de serpolet). Aux étages montagnard-méditerranéen et montagnard les hêtraies sèches et hêtraies sapinères mésophiles, bien qu’appauvries au niveau de la biodiversité, offrent tout de même un faciès à if (combes du Pétard et des Orties, à l’est du col du Comte en versant nord et en dessus de la combe Sourne) et quelques espèces caractéristiques comme Androsace chaixii (androsace de Chaix) endémique provenço dauphinoise aux Serres Gros et à l’est de la Peguière.

À partir de 1 500 m environ, et en versant sud, l’étage oroméditerranéen avec la pinède de pin à crochets indigène se développe dans le contexte très sévère d’un karst dont toute la biodiversité se manifeste dans les fissures du lapiaz avec Potentilla nivalis (potentille des neiges) et Aquilegia reuteri (ancolie de Bertoloni). Actuellement, on peut considérer que cette pinède climacique est, en dehors des quelques sapins candélabres du versant nord, l’ultime représentante de boisements de résineux qui ont dû occuper une partie de l’espace du mont Ventoux pendant des siècles. À partir de 1 600 m environ, la lande à genévrier nain occupe une place importante, surtout en versant sud (mais aussi à l’ouest de la bergerie de l’Avocat en versant nord) sur des éboulis grossiers ou des pelouses. À la même altitude, mais en versant nord, c’est l’étage subalpin qui prend le relais de l’étage montagnard. Il se prolonge sur toute la partie sommitale du mont Ventoux par des groupements asylvatiques climaciques ou par des groupements édaphiques qui sont sans doute les plus caractéristiques du mont Ventoux par leur composition floristique. Alors que les sites rupestres de la combe de Fonfiole hébergent la formation à Potentilla caulescens (potentille caulescente), les éboulis offrent un riche cortège d’espèces endémiques des Alpes sud occidentales : Iberis nana (ibéris nain), Heracleum pumilum (berce naine), Galium saxosum (gaillet des rochers), Biscutella brevicaulis (lunetière à tige courte). Elles côtoient des espèces tout aussi originales comme l’emblématique et célèbre Papaver aurantiacum (pavot des Alpes rhétiques) plus connue sous le nom de « pavot velu du Groënland » ou encore les très rares Alyssum flexicaule (passerage à feuilles en coin) ou Euphorbia seguieriana var. minor (euphorbe de Loiseleur). Quelques autres groupements, parfois très réduits en surface viennent s’y intercaler. Tel est le cas des pelouses écorchées à Eryngium spinalba (panicaut épine blanche), endémique provenço dauphinoise et Paronychia kapela subsp. serpyllifolia (paronyque imbriquée, de Provence), ou des pelouses de crête où s’observe Silene petrarchae (silène de Pétrarque), silene endémique de la partie sommitale du mont Ventoux et de la montagne de Chabre. Parmi les autres formations qui existent dans les milieux ouverts, on peut citer les prés suspendus du versant nord qui occupent souvent quelques dizaines de mètres carrés au plus, ou encore les combes à neige (bergerie de l’Avocat ; près de la Grave) où l’on rencontre Gagea pratensis (gagée des prés) qui se retrouve également à la Frache sur des pelouses mésophiles.

Faune

Le mont Ventoux possède un patrimoine faunistique d’un intérêt exceptionnel avec plus de 90 espèces patrimoniales dont 32 sont déterminantes.

Les oiseaux nicheurs comptent principalement des représentants de la faune forestière « froide » d’affinité médio européenne et nordique, mais aussi quelques espèces de milieux ouverts, incluant certains éléments plus méridionaux, voire méditerranéens.
Parmi les rapaces nicheurs, citons notamment, parmi les diurnes, l’Aigle royal (un couple reproducteur), la Bondrée apivore (un couple nicheur), le Circaète Jean-le-Blanc (plusieurs couples reproducteurs), le Busard cendré, l’Autour des palombes, le Faucon pèlerin, le Faucon hobereau (au moins deux couples reproducteurs), et, parmi les nocturnes, la Chouette de Tengmalm, la Chevêche d’Athéna ou Chouette Chevêche, le Petit duc scops et le Grand-duc d’Europe. Les autres oiseaux nicheurs comprennent la Gélinotte des bois, le Pigeon colombin, la Huppe fasciée, le Torcol fourmilier, le Pic épeichette, Pic noir, le Monticole de roche, le Monticole bleu, la Fauvette orphée, la Fauvette grisette, la Pie grièche écorcheur, la Pie grièche méridionale, l’Alouette lulu, le Pipit rousseline, le Moineau soulcie, le Traquet oreillard, le Venturon montagnard, le Tarin des aulnes,le Bruant fou, le Bruant ortolan et le Bruant proyer.

Parmi les mammifères, plusieurs espèces déterminantes de chauves-souris fréquentent le site en hibernation en estivage et/ou en transit : le Minioptère de Schreibers, espèce typiquement méditerranéenne et strictement cavernicole présente dans les régions aux paysages karstiques riches en grottes, le Murin à oreilles échancrées, espèce glaneuse capturant les mouches et araignées, souvent liée aux milieux rivulaires et très stratifiés, utilisant des gîtes variés en reproduction, le Grand Murin, espèce plutôt commune mais localement en régression, le Petit Murin espèce thermophile occupant des cavités souterraines ou bâtis en reproduction et chassant en milieux ouverts et le Grand Rhinolophe espèce menacée, en déclin dans la région, plutôt thermophile mais présent jusqu’à au moins 2 200 m d’altitude, chassant dans les bocages et les paysages karstiques riches en broussailles, pelouses, pâtures et prairies, souvent proches de l’eau courante ou stagnante, de grottes et d’habitations. Des espèces remarquables sont aussi observées : le Petit Rhinolophe, la Noctule de Leisler ainsi que le Vespère de Savi. D'autres espèces sont également présentes telles que la Genette commune et le Cerf élaphe.

Les reptiles sont représentés par une espèce déterminante, la Vipère d’Orsini (Vipera ursinii), présente ici dans la seule station vauclusienne de cette espèce des pelouses rocailleuses à genévriers, aujourd’hui rare, très localisée et menacée d’extinction en France. Elle est accompagnée de quatre espèces remarquables de milieux chauds plus ou moins rocailleux et ouverts, le Lézard ocellé (Timon lepidus), le Seps strié (Chalcides striatus), la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus) et la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus).

Les peuplements d’arthropodes du mont Ventoux sont exceptionnels :
- parmi les nombreux coléoptères patrimoniaux, signalons la présence de trois longicornes déterminants : la Rhagie ermite (Rhamnusium bicolor), espèce vivant dans le bois mort des cavités d'arbres vivants, répandue en Europe mais à distribution discontinue et devenue très rare suite à la fragmentation de son habitat, Ropalopus ungaricus gallicus, inféodé aux érables, plus rarement aux aulnes et aux frênes, présent en France presque exclusivement en PACA et Drymochares truquii, endémique franco-italienne limité en France aux trois départements sud-alpins, dans les aulnaies, les ostryaies et les forêts riches en noisetiers. Le cortège exceptionnel de charançons ; marqué par un fort taux d’endémisme est composé de huit espèces déterminantes. Deux espèces sont endémiques du Mont-Ventoux : Trachyphloeus meregallii et Dichotrachelus venturiensis qui se rencontre entre 1 200 et 1 800 m d’altitude. Otiotynchus fagniezi est endémique de la Montagne de Lure et du mont Ventoux où elle est commune entre 1 600 et 2 000 m d’altitude. Otiorhynchus putoni lié aux pâturages secs, ensoleillés et caillouteux entre 800 et 2 000 m et Otiorhynchus chobauti sont endémiques du Vaucluse, des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence. Trois espèces endémiques provençales ne sont présentes dans le Vaucluse que sur le mont-Ventoux, il s’agit de Microplontus falcozi liée à la Composée Leucanthemum corymbosum et de Melanobaris erysimi phytophage et liée à certaines Crucifères, deux espèces d’affinité méditerranéo-montagnardes ainsi que de Polydrusus griseomaculatus, restreinte en dehors du Vaucluse aux Alpes-de-Haute Provence et aux Alpes-Maritimes.
Autres coléoptères endémiques, Carabus solieri, protégée en France qui n’est connu que des Préalpes occidentales et de Ligurie. Il fréquente les pelouses subalpines et lisières forestières aux étages montagnards et subalpins, et plus localement à plus basse altitude dans des pinèdes humides dans les collines azuréennes. Enfin Athous frigidus endémique franco-italien lié aux prairies sèches de montagne est ici en limite d’aire ;

- les hémiptères sont représentés par deux espèces déterminantes : la Punaise Aradus obtectus en limite d’aire, vivant sous les écorces et dans les fentes des arbres et la Réduve Coranus pericarti ;

- les lépidoptères sont représentés par six espèces déterminantes dont le Moiré de Provence, espèce ibéro provençale inféodée aux pelouses sèches à fétuques, l’Alexanor (Papilio alexanor) et le Marbré de Lusitanie. La donnée de Zygène de la Vésubie est unique dans le Vaucluse, cette espèce serait à rechercher ;

- du côté des orthoptères notons la présence de Stenobothrus grammicus, espèce d'affinité méditerranéo montagnarde typique des milieux secs, arides et pierreux.

A ce cortège s’ajoute de nombreuses espèces remarquables dont le Moiré des pierriers, l'Arcyptère provençale, le Grand Fourmilion, le Scorpion languedocien ainsi que deux cloportes : Porcellio spinipennis et Haplophthalmus bonadonai.

Citons également deux mollusques patrimoniaux : la Fausse-veloutée du Ventoux (Urticicola isaricus ventouxianus), sous-espèce micro-endémique déterminante, présente uniquement sur le Mont Ventoux où elle habite les pelouses et les éboulis calcaires, souvent cachées sous les pierres en zone de crête, et la Loche de Provence (Deroceras chevallieri), espèce remarquable de limace endémique provençale.

 

Commentaires sur la délimitation

La climatologie ainsi que les contraintes du milieu physique (géologique et géomorphologique) du massif confortent la définition du pourtour de la zone. Celle-ci s’arrête en piémont, dès que l’anthropisation devient trop forte (pression de l’agriculture et mitage de l’espace) et dès que l’on quitte les sites rupestres.