Description de la zone
Cet ensemble situé entre l’Ardoise et le village de Caderousse comprend l’île de la Piboulette à l’exclusion de sa partie centrale, la totalité de l’île des Broteaux, la partie boisée de la Grangette ainsi que le bras mort du Revestidou. L’île de la Piboulette, localisée entre le Rhône et l’Aygues possède des berges presque entièrement endiguées peu propices à la présence de formations à hélophytes. En revanche tout le secteur des Broteaux et du Revestidou conserve un aspect naturel plus prononcé. On y rencontre encore des plages formées d’éléments fins (limons) favorables à des activités biologiques. Comme sur le cours amont du Rhône vauclusien, certaines espèces médio européennes ou eurasiatiques arrivent à s’y maintenir, surtout à la faveur de la présence de milieux qui restent frais, même en période estivale. On y observe encore une bonne partie des formations des grands fleuves médio européens à l’exception notoire des prairies naturelles, probablement détruites par l’anthropisation de l’espace :
- les groupements herbacés à hydrophytes (potamots, renoncules aquatiques, etc.) qui se maintiennent très bien dans les lônes,
- les groupements à hélophytes,
- les ripisylves qui occupent le lit majeur et sont constituées de forêts pionnières à bois tendre avec saules et peupliers (la Piboulette surtout), et de forêts plus matures de bois dur avec chêne pédonculé, aulne glutineux, frêne oxyphylle, tilleul (les Broteaux),
- les mégaphorbiaies.
Flore et habitats naturels
Malgré un niveau certain d’artificialisation, cette zone maintient un bel espace naturel qui offre une diversité d’espèces et d’habitats. C’est ainsi que des hydrophytes existent toujours, comme Sagittaria sagittifolia (flèche d’eau) au Revestidou et Vallisneria spiralis (Valisnérie en spirale) aux Broteaux et à la Piboulette (dans le Rhône). Les formations à hélophytes présentent une biodiversité encore importante avec tout un cortège d’espèces médio européennes dont Carex pseudocyperus (laîche faux souchet) à la Piboulette et Leersia oryzoides (leersie faux riz) à la Piboulette et aux Broteaux. Des ripisylves médio européennes âgées existent sur l’ensemble des bras morts. Elles sont particulièrement bien représentées aux Broteaux où, en sous bois, on rencontre Circaea lutetiana (circée de Paris).
Faune
Ce tronçon du Vieux Rhône dispose d’un patrimoine faunistique d’un intérêt biologique relativement élevé avec 22 espèces d’intérêt patrimoniales dont 6 sont déterminantes.
Les mammifères sont représentés par le Castor d’Europe et la Loutre (récemment observée).
Concernant les oiseaux, plusieurs espèces rares et localisées dans le Vaucluse, sont présentes localement au moment de leur nidification: le Grèbe huppé, le Blongios nain, le Faucon hobereau, le Petit Gravelot, la Sterne pierregarin, le Petit duc scops, le Martin-pêcheur d’Europe, le Guêpier d’Europe, la Huppe fasciée, le Pic épeichette, le Gobemouche gris, la Bondrée apivore et l’Alouette lulu.
Les amphibiens, sont représentés par la Grenouille verte hybride (Pelophylax kl. esculentus), klepton (issu d'un processus d'hybridogenèse) déterminant surtout présent dans la moitié nord de l'Europe mais rare et localisé en PACA, le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus), espèce remarquable ouest-européenne d'affinité méridionale historiquement connu de la zone.
L’entomofaune est représentée par une espèce déterminante d’odonate le Gomphe de Graslin (Gomphus graslinii). Cette espèce endémique franco-ibérique et en limite d’aire est très rare au niveau régional, elle affectionne les bords d'eaux calmes, claires et bien oxygénées. En effet, les secteurs sablonneux et limoneux des parties calmes des cours d'eau conviennent bien au développement de l'espèce.
Dans l’intérêt de conserver le continuum de l’hydrosystème, la ZNIEFF intègre l’ensemble de l’écosystème rivulaire à l’exception du fleuve sensu stricto (lônes, ripisylves, y compris lorsqu’elles sont réduites à un linéaire).
Les limites extérieures de la ZNIEFF correspondent à une anthropisation forte de l’espace (agriculture, urbanisation). C’est ainsi que la partie centrale de la Piboulette, ainsi qu’une grande partie du site de la Grangette ont été exclues de la zone en raison de leur mise en culture. De même ont été exclues les zones urbanisées situées entre le Revestidou et la D237.
En revanche, le haut de la digue située entre le Rhône et le Revestidou a été retenu en raison de la progression de la ripisylve à ce niveau-là.