ZNIEFF 930012393
LA BASSE DURANCE, DES ROCHERS ROUGES AU PONT DE MIRABEAU

(n° régional : 13150141)

Commentaires généraux

Description de la zone
Ce secteur s’étire des Rochers Rouges, dominés par le massif de Saint Eucher en amont, au pont de Mirabeau en aval. Jonction entre la basse et la moyenne Durance, il subit encore des influences climatiques alpines marquées (au niveau de la forêt riveraine en particulier), alors que les éléments méditerranéens y sont toujours très présents (sur pratiquement tous les milieux ouverts). La Durance y possède un tracé nord sud qui lui permet de maintenir un climat plus frais, plus froid et plus humide (importante nébulosité) qu’à partir du défilé de Mirabeau où les influences méditerranéennes se font nettement sentir et où son tracé s’infléchit pour s’écouler d’est en ouest pratiquement jusqu’à sa confluence avec le Rhône.
Ici la Durance conserve encore un aspect naturel important. Les groupements préforestiers et forestiers y côtoient les groupements colonisateurs de berges à galets et à limon. Immédiatement en amont du pont Mirabeau, persiste une ripisylve méditerranéenne luxuriante et mature, à la faveur de la présence d’une nappe phréatique bien alimentée en eau. Les peupliers blancs s’associent aux peupliers noirs et aux saules blancs. Les bords des petits chenaux asséchés en été sont riches en aulnes et en laîches. À la limite avec les champs cultivés, la forêt riveraine évolue vers un ourlet de chênaie ormaie. Sur la terrasse durancienne, à partir du moment où la nappe phréatique est moins élevée, la ripisylve à peuplier noir se maintient plus difficilement et devient beaucoup plus clairsemée, ce qui permet à la dune fluviatile fossile de s’exprimer pleinement avec son cortège d’espèces thermophiles et psammophiles.

Flore et habitats naturels
Localisé sur un important carrefour biogéographique, ce site présente une biodiversité élevée. Si celle de la forêt riveraine est assez réduite, il n’en est pas de même de celle des formations qui se développent sur les milieux ouverts. C’est ainsi que sur les grèves sableuses, on rencontre, çà et là, Corispermum gallicum (corisperme à fruits ailés). Cette espèce, endémique française, a fortement régressé ces dernières décennies, ayant notamment totalement disparue du système rhodanien. En arrière des grèves, dans les clairières de la ripisylve, la dune fluviatile fossile est le domaine de la formation à Erianthus ravennae (canne de Ravenne), l’Imperato Erianthion, installée sur les iscles les plus xérothermophiles et qui héberge Ophrys fuciflora subsp. elatior (ophrys frelon, élevé) ou encore Phleum paniculatum (phléole en panicule). Mais les influences alpines s’y font encore bien sentir, puisqu’on y rencontre toujours quelques individus très isolés de Clematis recta (clématite dressée), beaucoup plus fréquente sur la moyenne vallée de la Durance.

Faune
Ce secteur présente un intérêt faunistique assez marqué sur le plan patrimonial. Il abrite 21 espèces animales patrimoniales dont sept déterminantes.
Le Castor d’Europe (Castor fiber), espèce déterminante, est un hôte habituel de ce tronçon de Durance.
Chez les oiseaux citons la Sterne Pierregarin (Sterna hirundo) espèce déterminante nichant sur les iscles de la Durance et de nombreuses autres espèces remarquables : le Petit gravelot (Charadrius dubius), le Faucon hobereau (Falco subbuteo), le Guêpier d’Europe (Merops apiaster), le Cochevis huppé (Galerida cristata), l’Hirondelle de rivage (Riparia riparia), la Huppe fasciée (Upupa epops), le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), le Martin pêcheur (Alcedo Atthis) et le Monticole bleu (Monticola solitarius).
Un reptile remarquable a également été observé, la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.
Les poissons d’eau douce sont représentés par trois espèces remarquables : le Blageon (Telestes souffia), le Toxostome (Parachondrostoma toxostoma) et le Barbeau méridional (Barbus meridionalis).
Les insectes patrimoniaux sont représentés par un cortège d’espèces liées à la dynamique alluviale : le Sphinx de l'argousier (Hyles hippophaes), espèce déterminante d’activité crépusculaire et nocturne, protégée en Europe, inféodée aux ravines sèches ou berges de cours d'eau peuplées d'argousiers, rare et probablement en régression, dont le bassin de la Durance représente un bastion en France, le Tridactyle panaché (Xya variegata), espèce déterminante d'orthoptères rare et en régression, liée aux plages sablonneuses ou limoneuses dans le lit ou sur les rives des cours d'eau en tresses, la Cicindèle des rivières (Cylindera arenaria), espèce déterminante de coléoptère Carabidés, rare et en régression, strictement liée aux plages humides de gravier, limon ou sable dans le lit mineur des rivières en tresses, la Punaise (Erianotus lanosus), espèce déterminante d’Hémiptères Leptopodidés, rare et strictement liée aux terrasses alluviales sèches des bordures des cours d'eau dynamiques, la Diane (Zerynthia polyxena), espèce remarquable de papillon de jour, d’affinité méditerranéo asiatique, protégée au niveau européen, localement inféodée aux zones humides et lisières de ripisylve de la Durance où croît la plante nourricière de sa chenille l’Aristoloche à feuilles rondes (Aristolochia rotunda). Une autre espèce déterminante a été vue autour des années 1990, l'Acidalie roussillonnaise (Idaea sardoniata), espèce très localisée en France sur le pourtour méditerranéen ou elle s’observe dans les milieux xériques. A notre connaissance, il n’y a pas d’observation de la chenille dans la nature. Elle doit, comme la plupart des Idaea, se nourrir sur les parties sèches de diverses plantes basses.
Plusieurs autres espèces remarquables sont présentes dans les coteaux proches et peuvent être observées en passage dans le lit de la Durance. Il s’agit notamment de la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce remarquable de papillon de jour, d’affinité ouest méditerranéenne, protégée en France, dont la chenille vit sur l’Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia) dans les forêts claires, garrigues et sur les coteaux pierreux, chauds et ensoleillés.

Commentaires sur la délimitation

Dans le but de maintenir le continuum de l’hydrosystème, la ZNIEFF intègre l’ensemble des lits mineur et majeur de la Durance.

La limite de cette ZNIEFF s’appuie sur la formation à canne de Ravenne, vers l’amont (Rochers Rouges) et sur la ripisylve méditerranéenne à l’aval (pont de Mirabeau).

La bordure suit le tracé des champs cultivés à partir du Niguier et celle de la route nationale 96 aux Rochers Rouges.