ZNIEFF 930012397
LA BASSE DURANCE, DES ISCLES DU TEMPLE AUX ISCLES DU LOUP

(n° régional : 13150162)

Commentaires généraux

Description de la zone
Entre l’Équarissage en amont (au sud ouest de Cavaillon) et les Iscles du Loup à l’aval, la Durance est longée par la ligne TGV Méditerranée qui traverse des vergers abandonnés et quelques lambeaux de ripisylves. Contrairement au cours aval, les berges du lit de la Durance n’ont pas été endiguées. La ripisylve hétérogène est bien préservée (hors zone d’impact des travaux TGV), notamment au débouché du Calavon, à la Petite Tapy et à l’aval des Iscles du Loup. À hauteur de la confluence avec le Calavon, elle forme de beaux peuplements, souvent larges (200 mètres au moins). Si le peuplier blanc y domine, des stades plus matures existent néanmoins avec frêne oxyphylle, orme champêtre et chêne pubescent. À l’aval des Iscles du Loup, elle est moins dense et de plus en plus marquée par les influences du climat méditerranéen (avec présence du tamarix de France). Les rejets de saules et de peupliers noirs se partagent une terrasse alluviale à sol sec occupée en partie par de petites dunes fluviatiles fossiles colonisées surtout par des graminées. Vers l’amont (Iscles du Temple), la présence locale de lônes permet le développement de formations à hélophytes thermophiles. Les divagations de la Durance laissent place à de longues plages de galets au centre du lit et en contrebas de la ripisylve sur lesquelles s’expriment des formations herbacées.

Flore et habitats naturels
Dans cet espace, la Durance, qui se rapproche de sa confluence avec le Rhône, devient de plus en plus méditerranéenne. En période estivale, en dehors du chenal d’écoulement, elle arrive mal à maintenir les formations à hydrophytes, les lônes s’exondant régulièrement. Il en est de même des chenaux secondaires issus du cours principal. C’est sur les grèves humides de ce site qu’avait été observée au Grand Isclon, il y a une trentaine d’année, Corispermum gallicum (corisperme à fruits ailés). Cette espèce sporadique, toujours très rare en France, n’a pas été retrouvée dans cette localité. En revanche, elle se maintient toujours très bien ailleurs sur le cours de la Durance, où elle reste toutefois exceptionnelle. Aux Iscles du Loup, les formations à hélophytes hébergent Carex hispida (laîche hispide), espèce surtout littorale et qui ne remonte guère au nord de la Durance. En se rapprochant de Caumont sur Durance, la ripisylve fait une large place aux dunes fluviatiles fossiles, espaces ouverts colonisés par Erianthus ravennae (canne de Ravenne), Imperata cylindrica (impérate cylindrique) et Ophrys fuciflora subsp. elatior (ophrys frelon, élevé).

Faune
Cette zone présente un intérêt faunistique assez élevé. Les inventaires mettent en évidence la présence de 31 espèces animales patrimoniales dont 11 sont déterminantes.
Le Castor (Castor fiber) ainsi que la Loutre (Lutra lutra) sont présents dans ce secteur.
L’avifaune nicheuse comporte des espèces déterminantes comme la Sterne pierregarin et le Butor blongios mais aussi de nombreuses espèces remarquables comme le Grèbe huppé, le Blongios nain, la Bondrée apivore, le Faucon hobereau, le Martin pêcheur d’Europe, le Cochevis huppé, l’Hirondelle de rivage (une colonie de 400 couples reproducteurs), le Bihoreau gris, l’Aigrette garzette, le Guêpier d’Europe, le Petit gravelot, le Gobemouche gris, la Rousserole turdoïde, le Pic épeichette, le Chevalier guignette et le Héron pourpré.
Chez les amphibiens, notons la présence du Triton palmé, du Pélobate cultripède, espèce historiquement connue du site qu’il faudrait activement recherché et de la Grenouille verte hybride (Pelophylax kl. esculentus), klepton (issu d'un processus d'hybridogenèse) déterminant surtout présent dans la moitié nord de l'Europe mais rare et localisé en PACA.
Chez les reptiles, la Cistude d’Europe (Emys orbicularis) a également été signalée (probablement seulement quelques individus), ainsi que la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce remarquable du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.
Concernant l’entomofaune, notons la présence du Sphinx de l'argousier (Hyles hippophaes), espèce déterminante de lépidoptère, protégée en Europe, inféodée aux ravines sèches, berges de cours d'eau peuplées d'Argousiers, rare et probablement en régression, dont le bassin de la Durance représente un bastion en France et du Tridactyle panaché (Xya variegata), espèce déterminante d'orthoptère rare et en régression, strictement liée en région PACA aux rives des cours d'eau dynamique.
Notons également la présence du Sympétrum déprimé (Sympetrum depressiusculum) que l’on retrouve dans des eaux peu profondes riches en végétation, bien exposées et susceptibles de s’assécher en fin d’été jusqu’en hiver et de la Punaise Erianotus lanosus, espèce déterminante d’Hémiptères Leptopodidés, rare et strictement liée aux terrasses alluviales sèches des bordures des cours d'eau dynamiques a été signalée récemment sur ce secteur.

Commentaires sur la délimitation

Dans le but de maintenir le continuum de l’hydrosystème, la ZNIEFF intègre l’ensemble de l’espace durancien.

Les contours de cette zone suivent les ripisylves réparties le long du lit non perturbé par les travaux de la ligne du TGV et par l’exploitation des vergers en bordure de ces formations riveraines.

Les sites trop dégradés n’ont pas été retenus.

L’artificialisation en amont du secteur de l’Équarrissage (passage de la route desservant Cavaillon) et la présence de l’ancienne décharge de Cavaillon explique son exclusion du site.